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EAN : 9782913395169
200 pages
Presses Universitaires de France (23/04/2003)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Le risque de voir se concrétiser le terrorisme nucléaire est-il bien réel ? Certains sont tentés de penser que oui et, par là même, adoptent une position souvent alarmiste quant à l’existence de ce risque. Pourtant, le détournement d’un avion sur une centrale nucléaire, la fabrication d’une arme nucléaire, d’une arme radiologique, ou le vol d’éléments permettant de concev... >Voir plus
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Le terrorisme nucléaire est devenu à la mode depuis le 11 septembre 2001. La menace brandie par George W. Bush, dramatisée par les médias, a justifié aussi bien la traque d'Al-Qaïda, la guerre en Iraq, que la construction d'une défense anti-missile. Elle est d'autant plus mobilisatrice qu'elle reste floue. Les prophètes de l'apocalypse qui la dénoncent sont doublement coupables : d'entretenir l'imprécision autour de ce risque bien réel à condition d'être calmement analysé, de ne proposer aucune mesure pour le conjurer.
le moindre mérite du court ouvrage de Georges le Guelte, auquel on doit une remarquable « Histoire de la menace nucléaire » (Hachette, 1997), n'est pas de présenter avec une grande clarté les trois types d'agressions qu'on amalgame sous cette expression journalistique, et de proposer les moyens de s'en prévenir.

La chute d'un avion sur une installation nucléaire est une possibilité à laquelle les attentats contre les tours du World Trade Center ont donné une inquiétante actualité. Si un avion détruisait le système de refroidissement d'un réacteur nucléaire, son « coeur » risquerait de fondre et de libérer les produits radioactifs qu'il contient. Ce risque toutefois ne saurait être surestimé. Les centrales sont en effet construites selon des règles de sécurité très strictes ; elles sont entourées d'une enceinte en béton censée les protéger de la chute d'un aéronef. Une centrale est en outre une cible difficile à atteindre car peu élevée et de petite dimension. Et quand bien même sa destruction s'avèrerait meurtrière, elle ne constitue pas pour une organisation terroriste, un symbole aussi marquant que les Twin Towers ou le Pentagone.
La fabrication d'une « bombe sale » constitue une deuxième hypothèse. Il s'agit d'un explosif conventionnel autour duquel seraient disposés des produits radioactifs. le principal danger vient de ce que de tels produits utilisés pour des applications médicales ou industrielles sont aisément disponibles. La prévention passe par une gestion rigoureuse de ces déchets radioactifs dont la dissémination peut provoquer la contagion d'une ville entière comme ce fut le cas à Goiânia au Brésil en septembre 1987.
Ces deux types d'attentat ne sont pas anodins. Même si le nombre des victimes n'est pas très élevé (sauf à supposer la destruction d'un gros porteur gorgé de kérosène sur une centrale qui aurait tardé à s'équiper avec le matériel adéquat de lutte contre l'incendie), de telles explosions auraient des conséquences psychologiques et sociales importantes. Mais cela serait sans commune mesure avec l'explosion d'une arme nucléaire.
C'est logiquement à elle que Georges le Guelte consacre les plus longs développements en distinguant plusieurs hypothèses. La construction d'une arme nucléaire par un groupe terroriste, d'abord, est une opération quasi impossible. Ce ne sont pas tant les connaissances fondamentales qu'il est difficile d'acquérir que les matières fissiles (uranium enrichi, plutonium) produites par un procédé lent et coûteux à partir de l'uranium naturel. En revanche une organisation terroriste pourrait fabriquer une bombe si elle parvenait à se procurer ces matières fissiles. On a fait des gorges chaudes de l'arrestation de quelques trafiquants en provenance de l'ex-URSS. C'est de l'éclatement de l'ancienne puissance communiste que viennent les plus graves risques de détournement. le démantèlement des armes nucléaires y a mis sur le marché un volume mal comptabilisé et mal surveillé de matières fissiles. Pour pallier ce risque, il faudrait neutraliser ces matières fissiles : diluer l'uranium enrichi (un contrat sur 500 tonnes a été conclu en 1993 avec les Etats-Unis, mais sa réalisation a pris du retard), vitrifier le plutonium ou le brûler dans des combustibles MOX.

Quelle que soit la forme qu'il revêtirait, le terrorisme nucléaire n'est donc pas à la portée d'un groupuscule. La secte Aum Shinrikyo au Japon s'y était essayée avant de se rabattre sur le gaz sarin qu'elle a utilisé le 20 mars 1995 à Tokyo. Al-Qaïda a aussi eu quelques velléités avant de se borner à utiliser « un cutter » et « quelques billets d'avion » (p. 10). le terrorisme nucléaire ne peut en définitive prospérer qu'avec la complicité d'un Etat, soit qu'il mette à sa disposition ses installations (c'est l'Afghanistan des talibans) soit que certains des ses ressortissants collaborent, à l'insu de leur gouvernement, avec des organisations terroristes (c'est le Pakistan miné par l'intégrisme ou le complexe militaro-industriel chinois).
Poussant le raisonnement à son terme, Georges le Guelte montre que le principal danger réside dans les ambitions nucléaires d'un Etat hors-la-loi. Il examine tour à tour la situation de la Corée du Nord, de l'Iraq et de l'Iran et montre qu'aucun de ces trois pays n'a la capacité de se doter à brève échéance d'armes nucléaires. le risque est pourtant réel. Et Georges le Guelte esquisse, trop brièvement, les moyens de l'exorciser. Il montre les limites des frappes préemptives et plaide pour un renforcement de la politique de non-prolifération que l'administration Bush a eu la tentation de remiser. Il conclut sur l'urgence d'éradiquer les causes du terrorisme en soutenant les idéaux démocratiques, en encouragent le dialogue entre les civilisations, en finançant le développement. Toutes choses que ni l'administration Bush, ni même l'administration Obama, plus attachées à mater les symptômes qu'à soigner les causes, n'ont guère fait mine d'entreprendre.
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