Oksana a une vie bien rangée. Un train-train quotidien, des amis aimants. Les apparences vont en ce sens. Jusqu'à ce qu'elle croise Max, perché sur la terrasse du carré VIP d'un bar. C'est l'explosion, le feu d'artifices. le premier coup à l'âme. Mais cet homme au physique parfait, au regard clair et hypnotique, n'est pas facile à saisir. Pire encore, si pour Oksana, l'attraction est fulgurante et instantanée, lui, refuse de s'ouvrir. L'alchimie est immédiate, mais les barrières sont cimentées. Oksana risquent de s'y heurter encore et encore… Mais quels secrets Max cherche-t-il à cacher à tout prix, et qui le tourmentent au point de verrouiller tout accès à son coeur ?
L'histoire prend demeure à notre époque, aux États-Unis, à New-York sauf erreur de notre part. Une grande ville, donc, mais nous retrouvons assez vite les mêmes lieux. Ces derniers deviennent rapidement nos repères et ceux des personnages.
On oscille entre différentes ambiances, qui se prêtent aux différentes scènes, discussions ou altercations. Les situations virent en noir percé de néons fluorescents, en environnement plus tamisé, coloré, lumineux. Comme quoi, nous réussissons très bien à visualiser l'intrigue, les descriptions étant efficaces, pertinentes et utiles quand il le faut.
Le monde du mannequinat du point de vue masculin est abordé, même s'il est plutôt question d'une facette des coulisses. On peut retrouver un petit peu ce côté boys band dans les dramas coréens par exemple, avec un groupe de jeunes hommes absolument magnifiques, tous différents, qui vivent en collocation et font tourner l'oeil des femmes – ou ce que l'on retrouve régulièrement dans la « culture » shôjo. Au milieu d'eux, une jeune héroïne qui bouleverse leur quotidien et les impacte d'une manière ou d'une autre.
Oksana est une jeune femme qui paraît accomplie, bien dans ses chaussures, et confiante. Sa personnalité est à l'image de son petit appartement : originale, colorée, affectueuse et drôle. Rien de mieux pour décanter une situation que de balancer une blague affreusement nulle, si nulle qu'elle en est drôle. Mais derrière ce coeur qui aime et rit, se cache une âme plus tourmentée qu'il n'y paraît.
Max, lui, est un homme ambigu et ses tendances cyniques, bourrues, laissent sous-entendre que nous n'aurions pas la même patience qu'Oksana dans la vraie vie. Il cherche à se protéger, à couver ses secrets, même si pour cela, il doit se montrer imbuvable. Ses propos heurtent, blessent, avortent très souvent les espoirs de la jeune femme. Mais ils sont un peu comme le jour et la nuit, mais peut-être ne sont-ils pas si opposés que cela. Parce qu'en soi, ils peuvent être lune et soleil, ils sont tous les deux dans le même ciel. Nous vous laissons découvrir pourquoi.
D'autres personnages secondaires entourent les deux héros. En romance, ça manquerait s'il n'y en avait pas. Mais les hommes ont la part belle, puisqu'ils sont plus nombreux et présents que les intervenantes. Les compagnons de Max sont un peu plus sur le devant de la scène, leur charisme aide beaucoup, ainsi que leurs caractères bien spécifiques. L'un peut s'avérer amusant (mais ferait voir très rouge les plus féministes d'entre nous) quand un autre est plus ténébreux, aussi tourmenté que semble l'être Max. Nous faisons aussi la rencontre de jumeaux, et des deux meilleurs amis d'Oksana (contrairement à d'autres romances, la meilleure amie est moins omniprésente. Plus discrète, et n'apparaît pas toujours au parfait moment pour remonter les bretelles de l'héroïne.)
La famille tient aussi une place importante, et pas toujours la meilleure. le traitement qu'
Océane Ghanem en fait est quelque peu déroutant, puisqu'il s'éloigne du portrait parfait que l'on peut s'en faire. Mais là encore, nous n'en disons pas davantage.
L'intrigue tourne essentiellement autour d'Oksana et de Max, ce qui est logique. le prologue nous plonge dans une ambiance chagrine, un peu sombre, et nous pouvons en venir à nous demander « Mais que s'est-il passé entre ces deux-là ? ». Rétrospective lancée au chapitre un. C'est un deuxième bain dans lequel nous plongeons d'office, directement dans la tête d'Oksana. L'intrigue donc se développe sur un axe principal : le duo de nos héros, puis d'autres embranchements s'invitent, plusieurs liés au passé, d'autre au présent. Les introspections sont très nombreuses, parfois entrecoupées par des tensions, des mésaventures concrètes et parfois dangereuses. Les scènes érotiques sont plutôt présentes, l'histoire les justifie.
Il est difficile de qualifier L'Âme bleue comme étant originale, puisque l'on retrouve tout de même plusieurs ingrédients réguliers dans le genre romance contemporaine. En revanche, la psychologie des personnages est bien traitée, cohérente, et le parti de « l'alchimie » qui enchaîne en dépit des altercations rudes tient la route. Oksana est une héroïne intéressante, à laquelle il est peut être aisé de s'identifier assez rapidement. Max est un héro volontairement antipathique, et tout comme « Sana », on attend de gratter sa carapace pour comprendre ce qu'il dissimule en-dessous.
L'énorme point fort de ce roman, c'est la plume d'
Océane Ghanem. On retrouve sa patte avec plaisir, même si l'Âme bleue n'est pas le même genre que Blue Belle. L'autrice sait manier les mots pour en soutirer les meilleures émotions possibles. Elle articule les introspections au bon moment, et réussit à créer de la poésie dans le choix de ses rythmes, de ses métaphores. Elle nous happe dans la tête de ses personnages, nous conduit avec aisance sur les sentiers de la sensualité, de la romance, ou sur ceux des conflits.
L'Âme bleue met en place une romance qui risque de nous secouer, de nous émouvoir encore. La fin n'est pas si frustrante, de quoi amorcer l'attente en douceur.
[Lien vers la chronique :http://marmiteauxplumes.com/t-1-la-saga-des-ames-lame-bleue-doceane-ghanem/]