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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu ce livre en une soirée. Je n'ai pas pu le lâcher. le récit commence sur la préparation d'un atelier d'écriture au sein d'une classe de lycéens. La consigne est simple : chacun des ados participants devra amener pour la prochaine séance, un objet ancien, ancré dans l'histoire familiale et auquel il est attaché…

Une demande simple et pleine de promesse d'écriture, qui va se révéler difficile pour Arsène, jeune orphelin rwandais qui a échappé aux massacres. Il aurait pu laisser tomber la consigne et broder une histoire avec n'importe quel objet sorti d'un placard. Mais non. Arsène apporte au lycée la seule chose matérielle qui le rattache à son pays d'origine, son histoire : une vieille valise en cuir.

« J'ai choisi cette valise car c'est la seule chose qui me reste de ma famille biologique et de mon pays natal, le Rwanda. Elle m'a sauvée la vie. »

Yasmine Ghata nous livre là une histoire poignante, sans user de procédés éculés pour amener l'émotion à tout prix. le récit navigue entre deux histoires parallèles de perte et de souffrance, incomparables : celle de Suzanne, animatrice de l'atelier, qui se remémore sa vie après la disparition de son père…

« Suzanne devint muette ce jour-là, la colère et la frustration étaient trop fortes. Aucun son ne pouvait plus sortir de sa bouche. Les mots étaient une forme de légèreté qu'elle semblait avoir perdue à jamais. »

… et celle d'Arsène dans sa fuite en avant, son errance sans but, gamin affamé et terrorisé devant les cadavres et les massacres, avec en tête une seule obsession, celle de respecter la volonté de sa grand-mère : fuir pour rester en vie !

"Plus rien ne peut te faire peur, toi qui as erré si petit dans ce paysage hostile. Si, une chose te fait peur, te terrorise même, c'est de raconter. Ces événements enfouis dans ta mémoire pourraient ne jamais avoir existé, tu te dis parfois que c'est une légende qui court sur ton enfance."

Ce qui les relie : les mots. Cette fantastique possibilité de se reconstruire par l'écriture...

« Les paroles pour l'un, l'écriture pour l'autre les conduisent à la recherche de soi. »

Doucement, tout doucement. L'un raconte et l'autre prend la plume, suspendue à son histoire maintenue si longtemps enfouie, pour ne pas avoir mal. Pour pouvoir continuer, avancer. Petit à petit, le récit prend forme et la douleur qui n'avait jamais été exprimée, se dissipe peu à peu pour laisser place à une formidable envie de vivre !
Lien : https://page39web.wordpress...
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Dans la valise d'Arséne, il y a toute la tragique histoire de son enfance arrachée au Rwanda, tous les visages de sa famille décimée par la haine et les massacres entre ethnies, mais aussi tout l'amour qui l'a porté jusqu'ici. Grâce à Suzanne, une femme qui elle aussi a besoin de cicatriser un départ trop rapide, Arsène va mettre des mots sur sa fuite, sur ses peurs et sur les protections accordées...
Un très joli roman, fort, attachant et émouvant sur l'exil, sur la perte de repères et la force qu'ont certains êtres face à la barbarie. A des degrés bien différents, les deux personnages de ce roman nous poussent à croire qu'on peut guérir et surmonter la souffrance de la perte... Et que même si les plaies ne se referment pas tout à fait, avancer ne veut pas dire oublier...
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Suzanne anime un atelier d'écriture dans une classe de 3e. Son objectif est de faire découvrir la langue française en parlant d'objet ancien possédé par chacun d'entre nous. Elle propose donc à chacun de ses élèves de revenir la semaine suivante avec un objet ayant une histoire familiale pour eux. Seulement, dans cette classe, Arsène lui n'a pas de bel objet ancien à montrer, il n'a même plus de famille biologique puisque la sienne a été décimée pendant les génocides rwandais. La seule chose qui lui reste de cette époque est une simple valise tout abîmée qui l'a suivi dans sa fuite de son village jusqu'à son arrivée dans sa famille d'adoption française. Aidé de Suzanne, Arsène qui n'avait jamais parlé de tout cela décide de se remémorer ce périple qui est également le moyen pour lui de faire le deuil, de cicatriser les plaies restées vives si longtemps. Étrangement, cet échange avec Arsène est aussi pour Suzanne le moyen de faire enfin le deuil de son père disparu alors qu'elle n'était qu'une enfant.


Un roman court et d'une sensibilité merveilleuse ou s'entrecroise deux histoires, deux êtres blessés à un degré différent par un moment tragique de leur enfance. L'histoire d'Arsène est racontée non pas sur le ton du tragique mais comme une sorte d'histoire où la volonté de vivre de cet enfant de 8 ans est plus forte que toutes les atrocités commises. le lecteur suit l'épopée de cet enfant qui n'a pour seule amie que cette valise lui servant à la fois de refuge, de parent, de compagnon de voyage. Aucune haine n'apparaît dans le récit de cet enfant face aux exactions ; au contraire, il ne comprend pas cette horreur notamment lorsqu'il rencontre Assia, une petite Hutu qui le cache et le nourrit quelques jours. Ce récit d'Arsène permet également à Suzanne de faire un retour dans ses souvenirs avec la perte de son père, une perte rendue encore plus tragique par l'attitude des adultes à ne pas clairement dire les choses.


Un roman touchant et humaniste permettant de revenir sur l'un des plus grands génocides perpétré à la fin du XXe siècle sans haine, sans rancoeur.
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Première lecture de Yasmine Ghata et belle impression pour ce roman de la rentrée 2016 paru chez Robert Lafont.
Arsène est un petit garçon d'origine rwandaise qui a vu et vécu ce qu'aucun humain ne devrait voir. Sauvé par une OMG, Arsène est recueillit par un couple à Paris. Face au traumatisme, Arsène raconte son histoire à Suzanne animatrice d'un atelier d'écriture. Les mots et le temps peuvent' ils cicatriser les plaies, atténuer le vide affectif ?
D'une écriture sensible, Yasmine Ghata revient sur l'une des horreurs du vingtième siècle, le génocide rwandais. A travers ce petit garçon et d'une valise, seul objet emporté dans sa fuite, l'auteur décrit l'horreur sous la bienveillance ou le silence occidental. Ce petit bonhomme, on a envie de le prendre dans nos bras pour le protéger de la folie des hommes. le roman ne sombre jamais dans la sensiblerie mais décrit avec justesse l'envie de vivre d'Arsène, au nom des siens disparus. Un seul bémol, l'histoire de Suzanne paraît bien fade par rapport au drame d'Arsène.
Moi qui vient Nathacha Appanah, je trouve une similitude dans l'écriture.
Un livre sur l'exil, le deuil, la reconstruction (est-elle vraiment possible?), un texte sensible et une jolie plume.
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Je suis un petit roman. Une poignée d'heures est suffisante pour me découvrir mais je reste de nombreux jours à vous occuper l'esprit.
Je raconte Arsène alors qu'il termine sa scolarité de collégien. Pour qu'il expulse son passé de Rwandais, bien enfoui depuis huit ans, il a suffi d'une intervenante, Suzanne, qui est venue proposer un atelier d'écriture. Suzanne aime faire parler les objets anciens, ces objets témoins de vies de familles et qui traversent parfois plusieurs générations.
Arsène ne possède qu'un seul objet avec lequel il a fui sa famille condamnée, sa maison, son village, son pays.
Il exhume la valise en cuir dissimulée derrière un drap blanc, remisée tout en haut d'un placard. Cette vieille valise, toute défraîchie, fut l'habitacle pour sa survie. Ses doigts crispés sur sa poignée, Arsène s'est cramponné à elle.
En ouvrant la valise, c'est une parcelle du Rwanda et toute la douloureuse histoire d'Arsène qui s'en exhale. C'est la peur, la faim et la soif de ce petit bonhomme de huit ans, ce petit être tutsi qui, sur les recommandations de sa grand-mère, a dû fuir les abominables massacres de son peuple.

Je raconte aussi les souvenirs de Suzanne liés à un appartement quitté depuis trente ans et qui abritait son enfance jusqu'au décès de son père.

Mon écriture posée, délicate, donne, à travers les objets, toute leur lumière aux souvenirs douloureux. Ils sont là, parce qu'ils se sont déroulés, tels quels, suivant les événements qui jalonnent le temps et les pays. Par des passages sensibles, je restitue les habitations brûlées qui ne sont plus qu'habitées par des cadavres. Sur le chemin d'Arsène, seules les bêtes sauvages, les oiseaux et les insectes reflètent encore la vie.
Je vous chuchote aussi toute la délicatesse et la patience des parents adoptifs qui ont recueilli Arsène et l'ont aidé à surmonter son traumatisme.

Je suis ce petit roman, qui vous raconte la fuite vers la vie d'un tout jeune Rwandais, pour que vous sachiez que cet affreux génocide a existé, loin de chez vous, loin des siens et loin de chez lui désormais.
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Les objets ont une force insoupçonnée en eux. Il suffit de les sortir de leur tiroir ou que nous sachions qu'ils sont là pour qu'une horde de souvenirs nous assaillent : ce sont nos racines qui nous parlent et nous font découvrir ce que nous sommes...
Suzanne anime des ateliers d'écriture à l'école où elle a été elle-même élève. Elle demande à chacun des élèves d'apporter un objet de famille car elle veut que les enfants s'expriment sur leur vie personnelle et sur leur vécu familial.

Ce qu'elle ne sait pas en proposant cet atelier d'expression, c'est qu'elle met dans l'embarras Arsène, un jeune garçon tutsi, originaire du Rwanda qui a été sauvé par une ONG et adopté en France par un couple d'enseignants.
Seul rescapé de son village, il ne possède qu'un seul objet pouvant attester de ses origines, une valise en cuir qui a appartenu à son grand-père et que sa grand-mère lui a mise dans les mains, avant de l'obliger à se sauver...juste avant le massacre des habitants du village.
Sa grand-mère lui a sauvé la vie, la valise aussi. Elle lui a servi d'abri et de lit pendant sa longue fuite.
Alors que l'enfant ne se sent pas d'écrire, Suzanne accepte de l'écouter...
Les mots peuvent -ils aider à exorciser le passé et à cicatriser des plaies ?
L'auteur revient avec une plume légère, mais sensible, sur le génocide rwandais, décidément exploré à cette rentrée littéraire.
Le récit de la fuite d'Arsène est émouvant et le lecteur ressent la force de ce petit garçon, son instinct de survie, son courage aussi et les blessures profondes que lui a infligé la vie.

Le roman alterne le récit de l'errance du petit garçon (à la deuxième personne du singulier) transportant toujours sa valise avec lui, valise qui le sauvera des hommes et de leur cruauté mais aussi des bêtes sauvages, avec le récit de l'enfance de Suzanne qui a, elle aussi, des plaies à panser, même si ses souffrances paraissent dérisoires à côté de celles d'Arsène. Elle a perdu son père alors qu'elle était toute petite et jamais personne ne lui a dit qu'il n'avait pas "disparu" mais qu'il était mort.
Deux visions de la mort différentes mais qui occasionnent toutes deux des traumatismes irréparables...
L'auteur nous livre ici une histoire poignante mais toute en délicatesse.
La façon dont les deux personnages se rapprochent, la patience et la pudeur avec lesquelles Suzanne aide le jeune garçon à se livrer et à parler pour la première fois de ce qu'il a vécu, est tout à fait intéressante.
C'est un roman court et très facile à lire qui pourra être mis dans les mains de lecteurs adolescents dès 14-15 ans. Il n'offre aucune difficulté de lecture et peut être considéré comme une première approche de ce drame contemporain.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Un magnifique roman qui alterne deux récits. Celui de Suzanne intervenante au collège, elle anime un atelier d'écriture, son objectif faire raconter à travers un objet familier la vie intime des élèves. Arsène, jeune collégien rescapé des massacres des Tutsis fait partie de ce groupe et racontera son passé à travers sa valise.
Un roman poignant sur l'exil mais aussi le déracinement, la perte et la reconstruction d'une vie.
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3.5/5 : J'ai longtemps eu peur de la nuit est un titre des plus intrigants qui laisse déjà paraître toute l'émotion qui va se dégager de ce récit. C'est ainsi que je découvre la plume et l'univers de Yasmine Ghata...

L'auteure nous livre un roman court et poignant, un roman qui va à l'essentiel et nous décrit la rencontre entre une écrivaine -Suzanne- animant un atelier d'écriture et un jeune rescapé tutsi -Arsène- qui vit à présent dans une famille d'accueil en France. J'ai trouvé l'idée vraiment intéressante : celle de permettre à cet être de s'exprimer, d'exprimer son histoire par les mots au travers d'un objet qui l'aura accompagné durant son périple : une valise en cuir.

Son histoire est très touchante, émouvante, déchirante. Personne ne pourrait sortir indemne d'un tel drame, d'un massacre, de la perte de tous les membres de sa famille et la fuite en avant pour survivre. Sur une route remplie de dangers, jonchée de cadavres, Arsène continue à avancer. Il est à la fois dans cette salle de classe et encore dans son pays d'origine. J'ai trouvé l'écriture de Yasmine Ghata absolument magnifique : elle est d'une poésie sublime, d'une douceur infinie, d'une fluidité parfaite. A mes yeux le couple formé par le récit d'Arsène et le style de l'auteure est le gros point fort de l'histoire.

Après le livre étant assez court il y a un point qui m'a légèrement déstabilisée. En effet, à mes yeux Suzanne est celle qui aide, qui soigne par la catharsis mais le fait que Yasmine Ghata amène une mise en parallèle -voulue ou non- entre la perte d'un père qui hante toujours l'héroïne et un génocide national semble inopportun. Les passages qui se voulaient tristes sur ce père disparu perdent délibérément de la profondeur car il y a une comparaison avec le sort d'Arsène. Ce personnage féminin aurait pu être approfondi via son passé mais pour moi ce livre est l'histoire d'Arsène et non celle de Suzanne.

En définitive, une lecture poignante dans l'émotion et magnifique dans le style avec un petit bémol pour le mélange de deux drames qui n'avait pas lieu d'être.

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Voici deux récits en parallèle, celui de Suzanne qui propose un atelier d'écriture portant sur un objet et celui d'Arsène qui a choisi la valise de son grand-père, une valise pleine d'histoire.

L'enfance des deux personnages est présente comme une plaie ouverte et l'on comprend vite que c'est à cela qu'ils doivent leur complicité. Arsène est tutsi et c'est sa grand-maman qui le sauvera du massacre rwandais. S'ensuit une longue fuite vers une vie plus heureuse. Suzanne, pour sa part, apprend à dire adieu à des moments heureux. On ne peut qu'être touché par le courage de l'enfant de huit ans et par l'intimité que Suzanne a créée avec la maison de sa jeunesse.

L'oeuvre est brève, le style haletant, retenu, poétique parfois, même dans l'horreur. La valise, objet-fétiche, renferme à elle seule beaucoup de l'émotion qu'engendre le roman. J'ai beaucoup aimé accompagner ces deux personnages dans leur histoire.
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Il y a des livres dont on attend rien ou pas grand chose parce qu'ils se retrouvent entre vos mains un peu par hasard et qui finissent par vous hanter. Qui vous font du mal, qui vous mettent un coup de poing dans le ventre.
"J'ai longtemps eu peur de la nuit", c'est Suzanne, blessée par l'absence et le deuil qui anime des ateliers d'écriture avec des adolescents. Et c'est Arsène, un orphelin rwandais. Il est le seul de sa famille à avoir survécu aux massacres qui ont détruit son pays et son enfance. Réfugié en France, il est adopté par un couple de parents aimants. Il a amené avec lui une vieille valise, tout ce qui lui reste de sa vie d'avant. Souvent, la nuit, l'enfant se réfugie à l'intérieur pour dormir, attendre le jour surtout.
C'est à partir de cette valise que Suzanne va pousser puis aider Arsène à raconter son histoire et à s'en guérir.
Ce roman trop peu connu est une oeuvre bouleversante et d'une grande sensibilité sur l'exil, les racines, la résilience. L'amour aussi.
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