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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une rencontre qui réveille et ravive le souvenir des morts et de l'enfance détruite s'oubliant petit à petit.
L'écriture dans le cadre d'un exercice scolaire fait résonner des reviviscences enfouies ou jusque là indicibles.
Lorsque la mort n'est pas signifiée , comment appréhender le deuil?
Cette rencontre, c'est celle d'Arsène, orphelin rwandais arrivé en France et adopté par une famille bienveillante mais impuissante face au syndrome post-traumatique d'un génocide, et celle de sa professeur ,Suzanne animant un atelier d'écriture et à qui Arsène présente une valise préparé par sa grand-mère avec laquelle il a fuit son village seul.
Cette valise est l'âme de sa famille, comment s'en détacher " quitter c'est accepter d'oublier"?

Où comment la résilience peut passer par l'écrit du récit traumatique.

"Le lendemain, au moment où le soleil était au zénith, ton village ne comptait plus aucun habitant tutsi. pas un seul sauf toi..."

Un roman fort et qui retourne.
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Yasmine Ghata confirme son grand talent dans ce cinquième roman qu'elle mène avec beaucoup d'originalité, un style qui touche beaucoup son lecteur tout en évitant longueurs et surcharges. J'ai longtemps eu peur de la nuit permet de comprendre au plus près ce que vivent les déracinés ayant vécu au plus près les violences les plus extrêmes.

Suzanne mène un atelier d'écriture dans le collège où elle a été elle-même élève. Elle demande aux élèves de 3ème qui sont en face d'elle, de parler d'un objet familier présent depuis longtemps dans la famille. Un adolescent noir a fini le premier et fixe Suzanne.
C'est Arsène et le récit va alterner entre récit classique et texte écrit à la deuxième personne du singulier. L'objet qu'il a choisi est une valise, cette valise qui l'a accompagné et sauvé durant sa fuite du génocide rwandais : « Tu te rappelles la faim, la soif, les nuages au loin qui barraient la route à tout espoir… Pour toi, elle loge un cadavre ; celui de ton enfance pillée, en lambeaux. »
Grâce à la confiance de Suzanne qui retrouve aussi des souvenirs douloureux, Arsène parle de Willy, Flora et Trésor, ses frères et soeurs. Il avait 8 ans et, grâce à sa grand-mère, il a pu fuir à temps, avec cette valise : « vous étiez deux sur ce chemin. Seul, tu n'aurais pas survécu. » Encore près de chez lui, il a entendu les rafales, les cris, les hurlements et vu « des silhouettes familières traînant les corps, récupérant le bétail. »
Suzanne est patiente mais se comporte avec rigueur, bienveillance, exigence et familiarité. Arsène continue : « Inséparable de ta valise, tu as dormi sept nuits dedans, le lit neuf te terrorisait. Une parcelle du Rwanda respirait encore à travers les lambeaux de cuir. » le rapport de l'enfant avec sa valise est étonnant mais se comprend très bien : « Ta survie ne dépendait plus que d'elle, elle était ton toit, tes murs et ton plancher. »

Si Yasmine Ghata a choisi cette façon de raconter à la seconde personne du singulier, c'est parce qu'Arsène n'arrive pas à écrire son histoire. Il raconte à Suzanne qui rencontre le couple d'enseignants qui l'a adopté après beaucoup de temps et de précautions. Il le fallait car Arsène, dans le camp de réfugiés où il a enfin pu être recueilli, n'arrive pas à dormir : « Leurs cris, leurs pleurs, hantaient la nuit. » C'est pourquoi, il a longtemps eu peur de la nuit. Heureusement, dormir dans sa valise tenait les morts à distance…


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En italique, nous suivons le récit d'une narratrice qui, à l'aide de la deuxième personne du singulier raconte une histoire en prenant à témoin un petit garçon à qui le "tu" s'adresse.
Puis, en alternance nous découvrons ; sous la plume d'un narrateur extérieur, Suzanne animatrice d'atelier d'écriture au collège. Autour d'elle, une trentaine d'adolescents, à qui elle consacre une heure hebdomadaire. Par le biais d'un banal premier exercice, Suzanne découvre un adolescent noir, Arsène qui au fil de l'année va lui faire des confidences intimes et bouleversantes. Suzanne recueille et reformule le passé d'Arsène.

J'ai longtemps eu peu de la nuit, traite d'une façon originale et très sensible de la douleur de l'exil et du déracinement d'un enfant victime de la folie et de la cruauté des adultes. Mais parce que chacun se nourrit de l'autre, et se répare avec l'autre, Suzanne se confronte) son propre passé, et à ses propres douleurs d'enfance qui lui reviennent à mesure qu'Arsène accepte le travail d'écriture pour surmonter ses peurs d'enfant meurtri.

Ce court et riche roman se lit en apnée, la gorge et le ventre serrés tant il nous étreint, bouleverse, et nous illumine.

Je retrouve dans la plume de Yasmine Ghata la sensibilité littéraire de celle de sa mère Vénus Khoury-Ghata.

J'ai le souvenir, il a quelques années, d'avoir éprouvé un grand plaisir à lire le târ de mon père, une histoire pleine de sensibilité, servie par une écriture sensuelle et élégante. le hasard m'a remis sur le chemin de Yasmine Ghata, histoire de me rappeler qu'elle avait écrit d'autres ouvrages….
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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"Tu n'es plus désormais qu'un orphelin qui vagabonde, sans savoir où aller avec pour seul compagnon une valise vide qui t'escorte comme un fidèle parent"

Suzanne anime un atelier d'écriture et demande à ses élèves d'apporter une objet de famille qui pourrait illustrer leur vie personnelle.
#Arsene , orphelin rwandais et réfugié en #france ne peut rien apporter d'autre qu'une #valise dans laquelle il s'est réfugié durant sa fuite.

Il livrera petit à petit son histoire bouleversante et attachante à Suzanne, avec laquelle il a le point commun de la perte et de la souffrance.

#yasmineghata nous propose un #récit très poignant en évoquant notamment le #genocide #rwandais à travers le regard d'un enfant
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Superbe livre sur le génocide rwandais...Aussi beau que "Petit Pays" de Gaël Faye.
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