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Citations sur Correspondance 1935-1950 : André Gide / Jean Malaquais (7)

Jean Malaquais à André Gide- Mexico , le 14 juillet 1943

(...) et , oui , nous sommes devenus amis, nous nous sommes peu à peu liés d'une vraie et belle amitié, laquelle, pour moi du moins, compte dans les plus belles expériences de ma vie. Catholiques et pratiquants, les de Mesnil m'ont pour la première fois éclairé sur ce que pourraient être des âmes chrétiennes dans un monde qui ne sonnerait pas faux. Ce qui a permis la naissance de notre amitié réciproque , c'est l'exceptionnelle qualité de cœur de ces deux êtres; ce qui l'a raffermie, c'est qu'aucun de nous ne se sentait tenu à des concessions d'ordre intellectuel ou moral. (p. 168)


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Jean Malaquais à André Gide- 11 janvier 1937

(...) comprends-tu maintenant tout ce qu'est ton amitié pour moi ? Elle est ma fierté, mon orgueil. Je me sens meilleur sous son souffle, elle m'embellit intérieurement, elle me paie de toutes les haines ! elle est devenue un des attributs de ma vie, une conquête positive, impérissable de ma vie. Nul ne saura l'arracher de mon cœur ! Il fallait que je te dise cela... Je me devais de te dire tout ce dont je te suis redevable... Sache que chaque mot de toi, que chaque minute passée en ta présence, que de te savoir ami- me procure courage et joie, assez de courage et assez de joie pour toute mon existence
.
V. Malacki (p.50)
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11 janvier 1937. Jean Malaquais à André Gide

(...) Telle est la psychologie du pauvre (pauvre, ici, au sens figuré), que plus on le comble, et plus il se sent miséreux. C'est cela, ou certainement quelque chose dans ce goût-là. (...)

Si je me sens (et c'est comme une obsession) indigne de ton amitié, ce n'est point par sentiment chrétien, ni par humilité: c'est que j'y attache un prix à aucun autre comparable: c'est qu'elle pèse sur moi qui donne un sens plus vaste, plus riche, au contenu de ma vie. (p.48)

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Jean Malaquais-

Mon salut fut Sainte-Geneviève, j'entends la bibliothèque du même nom, la seule ouverte jusqu'à dix heures du soir. Je m'y réfugiais tous les après-midi, me gorgeant de chaleur et de livres, de paix et de présence humaine. Si j'avais osé, je m'y serais laissé enfermer: je n'aurais pas détesté cela, être fantôme de bibliothèque. je lisais et scribouillais pour dix et, lorsque je levais les yeux de mon texte, c'était pour percevoir cent jeunes têtes pas tellement dissemblables de la mienne. Comme j'appréhendais alors l'heure de la fermeture, la nuit froide, la corvée aux halles ! (p. 25)

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Jean Malaquais à André Gide- paris, le 22 décembre 1935

(...) je suis un simple, un humble. Le peu que je sais, je l'ai appris moi-même, sans maître, sans école. Depuis toujours, le pain m'avait été amer, les jours passés dans les usines, les mines, les bureaux, les nuits à lire. Il y a quelques années, je suis tombé d'inanition en pleine rue et plusieurs mois je restai dans entre la vie et la mort. Le suicide me hantait de son haleine empoisonnée, m'obsédait comme un cauchemar. L'existence était sans espoir, sans possibilité de fuite.
Puis, vous, Barbusse, Malraux. Plus de jérémiades, plus de lamentations. Une vision de ce qui vient et de ce qui sera, une certitude en la "fraternité virile", la conscience de ce que le drame personnel s'absorbe dans le drame social. (p.32)
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Jean Malaquais à André Gide- 17 février 1937

(...) J'ai essayé. Je me suis exercé à me détacher spirituellement de mon travail, c'est-à-dire à penser-pendant que mes mains travaillent- à toute autre chose que ce travail-là. Impossible de m'arracher à cette sorte d'obsession qu'est l'usine, au rythme des machines, à l'abrutissement de la fabrique (...)- d'où il s'ensuit cette éclipse de pensée qui me laisse littéralement insensible aux impressions et aux idées. (p.53)
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Jean Malaquais à Gide - 4 novembre 1939

(...) Cette période est véritablement prodigieuse. Je ne regrette pas de la vivre. Je voudrais mourir le plus tard possible, vivre le plus possible. Je songe avec tristesse à cette espèce d'ataraxie dont nous sommes frappés, à notre inconcevable manque d'imagination. L'érudit à venir, celui qui naîtra dans trente ans, je le vois- dans sept ou huit décades- penché, frémissant, sur notre époque si extraordinaire; je vois le poète qui nous chantera, nous, acteurs aveugles et constipés. Quelles étonnantes œuvres d'art nous leur inspirerons ! Comme, tout de même, l'histoire psychologique des individus est stationnaire ! Nous sommes pareils à tous ceux qui firent l'humanité sans s'en douter le moins du monde, comme les esclaves des pharaons, comme ceux qui prirent la bastille: nous n'imaginons rien. (p. 108)
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