Ce tome fait suite à Quarantine (épisodes 530 à 534) ; il contient les épisodes 534.1, et 535 à 539, parus en 2011.
Épisode 534.1 (scénario de
Kieron Gillen, dessins de
Carlos Pacheco) - le principe des épisodes étiquetés ".1" de Marvel est de fournir un point d'entrée accessible à de nouveau lecteur. Ici
Kieron Gillen propose au lecteur de (re)faire connaissance avec Erik Lehnsherr. À l'occasion du retour en grâce des mutants, Kate Kildare (la chargée de relations publiques des X-Men) propose à un journaliste une interview de Magneto à Utopia (l'île servant de territoire à la nation des mutants). Kate Kildare finit par devoir expliquer à Magneto qu'il doit modifier son image publique (sans le froisser bien sûr). le scénario n'est pas trop manichéen, et Gillen s'attaque au problème de fond de la crédibilité de l'acceptation de Magneto par les X-Men. Si le lecteur pourra ne pas être convaincu par les arguments, Gillen ne s'en sort pas trop mal. Les illustrations de Pacheco se situent entre le style de
Greg Land et celui de Terry &
Rachel Dodson, pour un résultat agréable à l'oeil. 3 étoiles.
Épisodes 535 à 538 (scénario de
Kieron Gillen, illustrations de Terry &
Rachel Dodson) - Kitty et Piotr sont enfin réunis et ont droit à un instant de calme (un piquenique romantique à regarder l'océan), sauf que Kitty est toujours intangible. Magneto joue avec le métal qui composait la balle géante où se trouvait Kitty. Abigail Brand requiert l'aide d'une équipe de X-Men (Cyclops, Wolverine, Emma Frost, Magneto, Colossus et Kitty Pride) car Kruun a fait son apparition dans notre système solaire, à la tête d'une troupe de rescapés de Breakworld.
Les illustrations des époux
Dodson continuent d'être un régal. Il est évident (rien qu'avec la couverture) que Kitty Pride est un personnage qu'ils apprécient. L'interprétation graphique qu'ils en donnent est très réussie tout du long. Kitty est une jeune femme avec un caractère bien trempé et de la ressource face à l'adversité. Ils savent la rendre séduisante sans recourir à des attributs sexuels hypertrophiés. Abigail Brand dégage à la fois une aura d'agressivité et de compétence. Les visages sont travaillés au millimètre pour des expressions parlantes, avec un petit coté rond très agréable. Les scènes de combats sont brutales, sans être gore ou voyeuriste. Dans les scènes de foule, chaque individu est facilement distinguable. En fait les dessins sont tellement jolis que même l'absence de décors s'oublie grâce à la fluidité des illustrations. Justin Ponsor réalise une mise en couleurs qui masque l'absence de décors tout en évitant de détourner l'attention du lecteur par trop d'effets spéciaux.
Kieron Gillen utilise la même recette que ses prédécesseurs sur le titre : aller piocher quelques éléments dans un épisode précédent et saupoudrer d'interactions sentimentales. Il va récupérer Kruun dans Unstoppable, le tome 4 des Astonishing X-Men de
Whedon et
Cassaday. Courageusement, à la limite de l'inconscience, il repart du régime politique débile de Breakworld et de la résurrection de Colossus pour introduire une rafale d'explications rapides et cohérentes, une insertion impossible de ces extraterrestres chez les humains, et des dilemmes moraux et affectifs prenants. le récit est construit comme une aventure dont le personnage principal est Kitty Pride, avec une distribution importante de seconds rôles. Gillen marie un souffle épique (le sort d'une race), avec un conflit de système de valeurs, et des enjeux très personnels (Colossus doit également assumer les conséquences de ses actes). Tout au long, les illustrations vivaces des époux
Dodson évitent aux conflits de sombrer dans un pathos de pacotille.
Épisode 539 (scénario de
Kieron Gillen, illustrations d'
Ibraim Roberson) - Hope est enlevé en pleine séance de shopping par Frank Bohannan (Crimson Commando). Wolverine se lance à la rescousse.
Après son arrivée en fanfare dans Second Coming, Gillen s'est occupé de Hope et de la nouvelle génération de mutants (les 5 lumières) dans Generation Hope, leur propre série. Avec cet épisode, il confirme qu'il dispose d'une remarquable maîtrise de l'historique des X-Men en ressortant le Crimson Commando (apparu la première fois dans Uncanny X-Men 215, en mars 1987). Au-delà de cette savoureuse réminiscence, Gillen met sur la table une problématique de fond pour les X-Men : Hope est une rouquine qui a déjà été nimbée une fois d'un halo de feu en forme d'oiseau. Gillen propose une confrontation plausible et chargée en émotions ambivalentes entre Hope et Logan. Les illustrations d'
Ibraim Roberson sont très travaillées avec une mise en couleurs de
Jim Charalampidis qui comprend des lavis discrets.
Pour
Kieron Gillen, ce tome correspond à la première sortie dans le grand bain des scénaristes des X-Men. le résultat est très convaincant, astucieux et classique. Il atteint un équilibre harmonieux entre les péripéties, les moments dédiés aux individus et l'utilisation de la continuité. Les illustrations allient une sensation de fraîcheur et de joie de vivre à un sens percutant de l'action, tout en portant la marque des comics où la rapidité de fabrication rejette souvent les décors dans les éléments trop chronophages. Pour mériter une cinquième étoile, il aurait fallu que Gillen pioche dans un autre récit que celui de Breakworld et ait un regard plus pénétrant sur la psychologie des personnages.