Que nous disent les personnages de romans sur la vie sociale, les grandes questions morales ou métaphysiques ? En accordant son attention qu'à quatre auteurs significatifs :
Cervantès,
Stendhal,
Dostoïevski et
Proust,
René Girard trouve matière à conforter sa thèse sur le désir mimétique et le triangle du désir. Si les 350 pages de son essai se lisent avec attention, il n'en demeure pas moins que le lecteur rencontre fréquemment des redites. L'auteur évite la lassitude en passant au crible de sa sagacité de nombreux personnages. de ce point de vue, la lecture de son essai demeure passionnante. J'avoue que, sans cet éclairage, je n'aurais rien compris aux personnages créés par
Marcel Proust. En revanche, pour
Dostoïevski j'ai l'impression que Girard enfonce des portes ouvertes tant le Russe trace le contour de ses personnages avec des traits dignes de Rouault. (Je vous laisse le soin de noter le lien religieux qui unit le peintre à l'écrivain).
René Girard, par ailleurs, délaisse
Molière,
Marivaux et surtout
Balzac et
Tchekhov.
Balzac est brièvement cité. Un psychologue me disait : « si vous voulez apprendre la psychologie, lisez
Balzac ! » Les trois autres sont, certes, des auteurs de
théâtre et non des romanciers. Cela interdit-il de les rattacher à la thèse du désir mimétique ? Les auteurs qui analysent plus la psychologie des personnages qu'ils n'évoquent leur destin face à la mort semblent moins se prêter à la thèse de Girard.
Un livre à lire pour qui veut approfondir non seulement l'étude des personnages des romanciers cités mais aussi la signification profonde des liens qu'ils tissent entre eux.
Commenter  J’apprécie         30