Ego, qu'est-ce que c'est ?
Ego fait partie de ces entreprises dont on ne sait pas bien ce qu'elles font, si ce n'est que cela a à voir avec le numérique et le data. C'est à dire "comprendre l'humain par les mathématiques", donc le parfait outil de manipulation, à laquelle chacun consent librement dès qu'il entre dans le cybermonde.
Ce pouvoir qu'il détient suscite des convoitises et entraîne des luttes de pouvoir, et donc des meurtres, voilà le "coeur" (artificiel) du roman. Précisons le, le roman est à l'image de la société qu'il décrit : bourré d'anglicismes (on est dans un monde où on uploade comme on respire), où l'on se déplace en Uber, se nourrit grâce à Deliveroo et communique par tweets. Un technopolar froid et malheureusement désincarné.
Des personnages font pourtant beaucoup d'efforts pour nous attacher au récit mais hélas cela n'a pas pris sur nous. Il démarrait pourtant bien avec ce papy qui joue les "mules" pour offrir des restaurants chics à sa petite-fille. Ces paquets contenant des bouts de cadavre, alléchant pour tout amateur de polar. Dès le deuxième chapitre, les personnages d'Olga et Ariane, CSP +++ parisiennes qui évoluent dans un microcosme de start-up hyperconnecté et créent le monde de demain dans des tours de verre ont fait retomber l'intérêt. Impossible d'avoir un tant soit peu d'empathie - et de trouver une quelconque connexion, c'est tout de même embêtant.
Les chapitres suivants, dans lesquels on voit d'autres personnages raconter tour à tour leur morceau de l'histoire, nous ont aussi rebuté : les très nombreuses références au roman précédent (que nous n'avons pas lu) ont failli nous faire lâcher. Difficile de s'intéresser à ce stade aux lourds traumas des enquêteurs, sur lesquels l'auteur insiste beaucoup, reléguant quasiment l'intrigue au second plan et éloignant encore un peu plus le lecteur.
Ce n'était pas un roman pour nous. Trop techno, trop excluant, trop froid. (Mais les amateurs de cyber-intrigues disruptives aimeront, ne les en privons pas.)
#NetGalley