On croit lutter contre des géants, on va les vaincre, et il se trouve qu'on lutte contre quelque chose d'inflexible, qui est un reflet sur la rétine d'une femme.
HECTOR
Ton fils peut être lâche. C'est une sauvegarde.
ANDROMAQUE
Il ne sera pas lâche. Mais je lui aurai coupé l'index de la main droite.
HECTOR
Si toutes les mères coupent l'index droit de leur fils, les armées de l'univers se feront la guerre sans index... Et si elles lui coupent la jambe droite, les armées seront unijambistes... Et si elles lui crèvent les yeux, les armées seront aveugles, mais il y aura des armées, et dans la mêlée elles se chercheront le défaut de l'aine, ou la gorge, à tâtons...
ANDROMAQUE
Je le tuerai plutôt.
HECTOR
Voilà la vraie solution maternelle des guerres.
Ceux qui ne voient que l'amour dans le monde sont aussi bête que ceux qui ne le voient pas.
"Je n'aime pas beaucoup connaître les sentiments des autres. Rien ne gêne comme cela. C'est comme au jeu quand on voit le jeu de l'adversaire. On est sur de perdre."
BUSIRIS
Mon avis, princes, après constat de visu et enquête subséquente, est que les Grecs se sont rendus vis-à-vis de Troie coupables de trois manquements aux règles internationales. Leur permettre de débarquer serait vous retirer cette qualité d'offensés qui vous vaudra, dans le conflit, la sympathie universelle.
HECTOR
Explique-toi.
BUSIRIS
Premièrement, ils ont hissé leur pavillon au ramat et non à l'écoutière. Un navire de guerre, princes et chers collègues, hisse sa flamme au ramat dans le seul cas de réponse au salut d'un bateau chargé de bœufs. Devant une ville et sa population, c'est donc le type même de l'insulte. Nous avons d'ailleurs un précédent. Les Grecs ont hissé l'année dernière leur pavillon au ramat en entrant dans le port d'Ophéa. La riposte a été cinglante. Ophéa a déclaré la guerre.
HECTOR
Et qu'est-il arrivé ?
BUSIRIS
Ophéa a été vaincue. Il n'y a plus d'Ophéa, ni d'Ophéens.
HÉCUBE
Parfait.
BUSIRIS
L'anéantissement d'une nation ne modifie en rien l'avantage de sa position morale internationale.
Andromaque :
Je ne sais pas ce qu'est le destin.
Cassandre :
Je vais te le dire. C'est simplement la forme accélérée du temps. C'est épouvantable.
Il n'y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c'est d'oublier qu'on est mortel.
ULYSSE — Le privilège des grands, c'est de voir les catastrophes d'une terrasse.
HÉCUBE - Nous connaissons le vocabulaire. L’homme en temps de guerre s’appelle le héros. Il peut ne pas en être plus brave, et fuir à toutes jambes. Mais c’est du moins un héros qui détale.
Hector : C'est bien ce que je supposais, Hélène. Vous n'aimez pas Pâris. Vous aimez les hommes.