Dix-huit mille pas, et autant de souvenirs,
J'ai gravi, puis descendu cent ponts.
Je n'en ai jamais vu autant de toute ma vie.
Venise en compte plus de quatre cents.
Je suis épuisée. Heureuse et épuisée.
Fatiguée de bonheur.
Le grand lit douillet de l'hôtel me tend les bras.
A quoi vais-je pouvoir rêver, maintenant que j'ai admiré tout ceci de mes yeux ?
- Mais comment savoir que c'est de l'amour s'il ne s'est rien passé entre vous?
- Parce que l'amour, c'est ça justement. Ça ne s'explique pas, ça se ressent. Ça n'a pas de logique, pas de sens: c'est là, ça te torture et ça te rend heureux en même temps, c'est le baromètre de tes émotions, la météo de tes journées.
J'ai l'impression de marcher dans un arc-en-ciel.
Je suis hypnotisée par toutes ces couleurs, par ces petites maisons, par le linge qui danse aux fenêtres.
Bien sûr, j'avais vu des images, des vidéos.
Mais rien, rien ne valait cette réalité-là.
Burano n'a jamais été aussi belle qu'en vrai.
Des livres partout,
par centaines.
Des piles jusqu'au plafond, qui débordent dehors, sur une petite cour.
Des livres abîmés par la mer et la pluie, qui forment un escalier, sur lequel on peut monter, pour admirer la vue.
Des mots par milliers, qui ne cherchent qu'à être lus.
Je suis en plein chagrin d’amour.
C’est douloureux, ça ressemble à une lente torture.
Parfois, pendant quelques heures, j’arrive à ne pas y penser. À mener une vie comme s’il n’avait jamais existé dans la mienne.
Et puis la douleur revient. Elle pèse sur mon estomac, engourdit mes jambes et paralyse mon esprit.
Je voudrais juste dormir, pour que ça passe, pour que ça cesse.
J’aimerais me rouler en boule, crier mon chagrin dans un coussin, pleurer sans m’arrêter, telle une adolescente.
Mais je n’ai plus seize ans, j’en ai bientôt quarante.
J’ai deux enfants, un boulot épuisant, et vraiment pas le temps de me morfondre.
Alors je traîne ma peine comme un boulet ; je mets mes écouteurs, j’alterne Francis Cabrel et Céline Dion.
Parfois, je pousse même jusqu’à Patrick Fiori.
« Que tu reviennes », carrément.
Parce que je veux bien faire des efforts, et rester digne en apparence ; mais, à l’intérieur, je veux vivre ma souffrance pleinement.
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Finalement en aidant, les autres , on s'aide aussi un peu soi même.
J'ai l'impression que faire à manger, c'est comme dire je t'aime.
Le parfum de la lessive est mon préféré, à égalité avec l’odeur de mes enfants (enfin, celle de mes enfants, lorsqu’ils étaient petits, parce que depuis l’adolescence, je dois dire que ça se gâte).
Lorsqu'on lève le nez pour s'attacher à autrui, on parvient toujours à relativiser ses propres problèmes.
Quand un amour se termine, l'un des deux souffre.
Si aucun des deux ne souffre, il n'a jamais commencé.
Si les deux souffrent, ce n'est jamais fini.
Marilyn Monroe