Beaucoup s'imaginent comprendre ce qu'il vivent.
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Nous apprenons seulement des livres que nous ne pouvons juger. L’auteur d’un livre que nous pouvons juger devrait apprendre de nous.
Rien ne doit être estimé plus haut que le prix d’un jour.
La lutte des anciennes et des nouvelles idées, de l’esprit de stabilité ou de conservation et de l’esprit d’innovation est perpétuelle. L’ordre finit par engendrer la routine. Pour détruire celle-ci, on veut renverser le premier. Plus tard il arrive un moment où l’on sent la nécessité de rétablir l’ordre. Écoles classique et romantique, privilèges des corporations, liberté du commerce, maintien et morcellement de la propriété, c’est toujours la même lutte qui en engendre une autre. La plus grande habileté du souverain consiste à rendre cette lutte moins acharnée et à balancer l’un par l’autre les deux principes opposés, sans en détruire aucun. Mais un pareil résultat n’est pas accordé à l’homme et ne parait pas dans les vues de la divinité.
« Le sens commun est le génie de l’humanité. »
Le sens commun, que l’on peut regarder comme le génie de l’humanité, doit être considéré avant tout dans ses manifestations. Or, si nous examinons à quoi l’humanité s’applique, nous trouverons ce qui suit :
L’humanité a des besoins qui sont les conditions de sa nature ; s’ils ne sont pas satisfaits, elle se montre impatiente ; sont-ils satisfaits, elle paraît indifférente. L’homme se meut entre ces deux états, et il emploie sa raison, ce qu’on appelle vulgairement la raison humaine, à pourvoir à ses besoins. A-t-il atteint ce but, alors naît pour lui la nécessité de combler le vide de l’indifférence. S’il se referme ici dans d’étroites limites, dans les bornes nécessaires, il peut y réussir encore ; mais si les besoins s’élèvent, s’ils sortent du cercle des choses communes, le sens commun ne suffit plus ; il n’est plus génie. La région de l’erreur est ouverte à l’homme.
Toute ma vie intérieure se révèle comme une méthode vivante d’invention, qui, reconnaissant une règle inconnue, s’efforce de la trouver ou de l’introduire dans le monde extérieur.
Il y a deux sortes de faux artistes, les dilettantes et les spéculateurs. Les premiers font de l’art pour leur plaisir, les seconds par intérêt.
Les hommes prudents et actifs qui connaissent leur force et s’en servent avec mesure et circonspection, seuls iront loin dans les affaires du monde.
Comment peut-on se connaître soi-même ? Jamais par la méditation, mais bien par l’action. Cherche à faire ton devoir et tu sauras ce que tu vaux.
Mais qu’est-ce que ton devoir ? L’exigence du jour.
Le monde n’est-il pas déjà assez rempli d’énigmes, pour qu’on ne transforme pas en énigmes les choses les plus simples.