Citations sur Intrigue à Giverny (25)
Le tableau a l'évidence des chefs-d'œuvre, il rayonne d'une vie paisible.
C'est un paysage, mais c'est presque une abstraction, un morceau de couleur blanche et bleutée, vibrant entre frondaisons à peine esquissées - aucune anecdote superflue, pas de barque sur la mer, mais une profondeur qui naît de la lumière.
Le vent souffle moins fort. Il imagine les nuages. Son esprit flotte dans le silence enfin revenu.
Ici, c'est plus simple : il n'y a rien, mais c'est le vrai Monet. Un Monet qui est partout dans l'air, dans la terre, dans les mouvements et les ombres, dans l'eau. "Je voudrais être enterré dans une bouée, tellement j'aime l'eau", disait le peintre : c'est cette bulle hors du temps où flotte l'âme du maître que les gens viennent découvrir à Giverny. A la fin, Monet n'aimait plus que son jardin, c'était, à ses yeux, sa plus belle œuvre.
sur la liste des choses à cocher [par les touristes] il y a, pour l'éternité : "Avoir vu Impression, soleil levant", ce tableau vite peint qui est loin d'être le plus intéressant de Monet. De cette période, Les Coquelicots sont mieux. La Pie du musée d'Orsay, avec cette neige éblouissante, date d'avant et Kintô considère que c'est le vrai premier chef-d'œuvre absolu de Monet.
(En souvenir de la découverte de cette Pîe grâce à mon amie Piatka avant de courir aux Nymphéas)
- Oh pour la fausse Impression, je ne dirai rien dans Le Figaro, d'ailleurs ma critique est déjà faite. Je rédige toujours avant de venir aux vernissages. Comme ça je ne suis pas influencé par les œuvres. C'est un métier vous savez...
Ils emploient des tisserands qui travaillent à l'ancienne, mais ils leur donnent des modèles contemporains. Il y en a un qui est devenu fou, dit-on, après avoir tissé un Soulages de quatre mètres de long, la moquette noire la plus coûteuse du monde, mon cher Pierre Soulages, il a fallu quatre ans pour la finir, et le pauvre tisserand depuis se repose.
Une branche a craqué. Il n'y a plus de vent. Le bruit s'est détaché sur le fond de la pluie. Kintô est assis sur son lit. Il écoute, dans son pyjama à carreaux. Cela va réveiller les fleurs.
Un smartphone, figurez-vous, cadeau de son mécène, abonnement illimité compris, on l’a toutes regardé ici, c’est un instrument de travail très utile, elle fait même des photos avec… Vous croyez que nous, les religieuses, nous vivons au Moyen Age ? Vous saviez qu’il y a maintenant une « application » pour réciter le chapelet et les mystères du rosaire ? L’Eglise n’est pas en retard ! Page 178
C'est le cœur de mes vernissages. Il faut de l'électricité dans les fleurs, des gens qui s'évitent et d'autres qui se draguent, des crocodiles sous les nymphéas. La rencontre du pôle positif et du pôle négatif. Diriger un musée, c'est du théâtre !
-Vous diriez quoi, vous Pénélope ?
-Tout simplement que Monet perdait la vue et qu'avec une énergie sublime il a tenté de peindre un autre monde, un monde au-delà du visible, et qu'il a inventé une abstraction lyrique. Ça a parlé à Matisse, à Jackson Pollock, à Sam Francis' il a ouvert le XXe siècle. Tout aveugle est un voyant.
Quand le ministre des Affaires étrangères est arrivé, silhouette mince et sportive, avec son éternelle pochette blanche et son costume anglais, au petit matin, dans la cour déserte du Mobilier national, tout était prêt. (...)
Rares sont les ministres qui viennent eux-mêmes, certains machos envoient leurs femmes, et certaines femmes de tête leurs maris, heureux et un brin gênés de se trouver ce petit rôle au ministère. Ceux qui n'ont "pas de temps à perdre avec la déco" dépêchent leur chef de cabinet, qui en général a un goût de sous-préfecture des années 1950. On leur trouve vite un bureau style Empire fait en 1920 - on leur explique qu'il a été celui de Léon Blum ou d'Henri Queuille -, on ajoute huit fauteuils Louis-Philippe, ils repartent avec une satisfaction de notaire qui a bien marié sa fille.
Le père de Wandrille, lui, aime les fanfreluches, comme il dit, et surtout il a envie de voir où travaille Pénélope, l'éternelle petite fiancée de son fils.