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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un petit dessin d'un troupeau de rennes, dans sa primalité animale, clôt ce livre extraordinaire.

Les critiques de Berni, Nina et les autres en ont déjà dit l'essentiel. Même le résumé de 4ème de couverture est à la hauteur. Je n'ai par contre rencontré aucune difficulté à suivre Vassili dans sa quête. La structure éclatée du récit, variant les points de vue, y compris de la part du narrateur lui-même, prenant parfois le partie de la désincarnation, par là faisant apparaitre la part formée dans l'inconscient; puis retournant au réel du récit via une forme épistolaire, tantôt naturaliste, se résolvant à la fin à regarder en face ce que cette société humaine est devenue, le plongeant dans l'effroi et la volonté de retour au rêve.
Quand la Forme épouse la nécessité du Fond.
Cette oeuvre existe car l'auteur nous convie à assister à toutes les étapes de sa création, une véritable épopée de "développement personnel", catégorie littéraire badgée sur Babelio, me donnant habituellement des frissons d'inconfort.
Une carte de l'île au début de l'ouvrage facilite le suivi. J'ai pensé au livre de @Jean-Paul Kauffmann sur Kerguelen: de nombreuses passerelles d'établissent tout au long du récit: Trevor-Battye faisant écho à Rallier du Baty, aux confins de la civilisation. Un autre grand voyage, vers ces terres dont personne, ou si peu, n'y dédient une pensée;
ces ailleurs géographiques dont seul le temps de la littérature est capable d'en animer l'essence.
Essentiel, donc.
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Choc…J'ai rarement lu de livre aussi dense… et avec une telle fébrilité !
Vassili Golovanov nous amène au bout du monde, dans le grand nord, il nous fait pénétrer dans le paysage avec une force inouïe, il nous impulse son amour de l'île… Il nous tire par la force des mots et la poésie de son écriture, vers un univers à la beauté vierge, sauvage et glaciale où, terres, eaux et ciel se confondent et se mêlent.
Ce n'est pas un voyage facile, on n'emprunte pas de voies classiques. On voyage dans la brume et le brouillard au sens propre et figuré, on cherche, on se cherche dans une atmosphère étrange entre contes, mythes et réalité. On réfléchit sur soi et le sens de la vie.
Sur les traces d'autres explorateurs entre rêves et réalité, on erre, on fuit, à ses côtés, dans cet espace infini de liberté, dans cette belle Île rêvée et convoitée, mais, aussi, délabrée, encombrée et dévastée par les détritus et restes de la civilisation industrielle dont les Nénets sont les victimes.
Quel est donc cet endroit que Vassili Golovanov « a dans les tripes ? » Avec quelle force il nous aimante vers cet itinéraire fou, lumineux et fascinant. Pas une minute je ne l'ai lâché dans son voyage.
Je rentre d'un périple en Russie et il a déjà impulsé en moi une nouvelle destination russe ! Non, non… je n'irai pas à Kolgouev ! Mais la toundra m'attire !
Je dois aussi avouer que lire ce livre n'est pas de tout repos il vous « réveille les méninges » et tant mieux.
De grands moments, un livre qui charme, une révélation ! A lire, relire et même siroter…
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Comment faire l'éloge des voyages insensés ? Combien de lecteurs franchiront la barrière des 100 premières pages pour accompagner l'auteur, "le Fugitif", vers l'Ile des ses rêves et des ses obsessions, en quête de sens et de liberté, pour parcourir avec lui les dernières étendues sauvages du Grand Nord ? Comment dire la beauté de la toundra au printemps quand se reflète dans ses eaux multiples le bleu transparent du ciel et que surgissent les brouillards opaques et glacials ? Comment parler des Nénets, derniers survivants des tribus nomades dont l'existence s'articulait autour des troupeaux de rennes, en proie à la précarité et à l'alcoolisme depuis la chute du communisme. Faites confiance à Golovanov, il vous emmènera au bout du monde, sur l'île polaire de Kolgouev, là où le mythe côtoie la triste réalité des ravages de la civilisation industrielle.
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« Ma méthode pour écrire c'est de tout essayer sur ma propre peau » (Vassili Golovanov)

Encore un auteur victime du syndrome du doigt, du doigt qui montre ou pas…. ou pas correctement.
En France il est présenté comme le « Nicolas Bouvier russe »Mais en Russie, Il était plus connu comme historien de l'anarchisme qu'il considère comme l'un des aspects éternels de l'existence humaine et de la résistance à la violence d'État.
En 2010, il publie un recueil d'essais intitulé « La résistance n'est pas inutile » consacré aux problèmes environnementaux, au réchauffement climatique, l'augmentation de l'agressivité, et d'une façon générale aux manières de penser et donc d'exister .Très loin de la façon de penser d'un russe ‘moyen'.
Et le livre ? Attention, chef d'oeuvre !
Tout commence par un rêve d'ile. Ce sera l'ile de Kolgouev dans la mer de Barents.
Pour fuir « Dors ou fais semblant de dormir…..on fuit toujours les mêmes choses : les espoirs non réalisés, le quotidien que tu as mis toi-même en place »et « J'ai définitivement compris que l'horreur vécue du communisme que nous avons revendiqué avec fierté à la face du monde, est horrible comme sont horribles les moeurs des prisons et des camps »
Sa première rencontre, un désastre : deux baraques, un chien qui aboie, des ivrognes qui titubent. Mais il reviendra car la vraie île est ailleurs.
Et ce sera l'ile des vents sauvages et glacés, des marécages, de la toundra, des fleuves incertains, des rennes : « le renne ne supporte pas l'homme et le craint : sans doute perçoit-il que l'homme n'est ni un animal, ni un oiseau, mais un Être ». Une nuit de marche dans la toundra du lever au coucher du soleil et les marches au bout d'une fatigue dépassant les bornes du « j'en peux plus ». « la culture d'aujourd'hui est faite de stimulants et d'anti dépresseurs, il lui manque la force.la force ne peut pas s'emprunter. Marcher à travers le libre espace effraie ».
L'ile d'un peuple aussi: les Nenets, un peuple recouvert des décombres de temps mythique.
Un jour : « du bateau, on leur cria :'' chez vous, c'est quoi, des blancs ou des rouges ? Il ne comprit pas, répondit : chez nous, on n'a pas ça—et vous qui êtes-vous ?qu'on lui cria encore. Il ne savait rien. »Nous, répondit-il, on vit ici avec les rennes »
Puis les désastres infligés par la civilisation industrielle et le communisme à cette terre et à ses hommes, dorénavant délaissées, déconsidérées ou tout s'échange contre une bouteille de vodka.
Pour dire une ile qui dérive, l'écriture vagabonde. Elle entremêle les voyages, géographiques ou voyages intérieurs.
On rencontre ; Les « raskolniki » les vieux croyants. le philosophe français René Guénon et son réquisitoire contre le monde moderne.
Blaise Pascal. Paris « ville repue, obtuse, insensible ». « Non j'ai l'impression que quelque chose se passe, qu'ils se foutent de tout »
La difficulté d'écrire : « je comprenais qu'une langue où ont été mises sur orbite des mots tel que 'conversion' ou 'convergence' ne me serait d'aucune utilité pour décrire la berge aux petites fleurs bleus, »
Plus qu'un récit, un poème et une célébration du vivant, à lire avec lenteur
……
"Je voudrais devenir autre chose
Qu'une tourbe au fond de ces marais.
Ne fut-ce qu'un bref souvenir
Ne fut-ce qu'un gribouillage au coin d'une facture..."


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Il y a des livres qui se dévorent, il y en a d'autres qui se dégustent. Celui-là est de la seconde catégorie. Impossible de se précipiter : c'est beaucoup trop dense pour ça. Il y a déjà le style de l'auteur : de la vraie, de l'excellente littérature. On est très loin des phrases de type "sujet/verbe/complément" qui contentent de nos jours bien trop de lecteurs. Sans être tordu voire imbitable, c'est extrêmement bien écrit, ça se goûte avec lenteur et parcimonie. Et puis il y a le fond. Quel que soit votre sujet de prédilection, vous y trouverez votre compte : histoire, géographie, ethnologie, conte, botanique, zoologie ... Il y a absolument tout, là-dedans et bien plus.
A l'époque où, en Russie, l'ère soviétique vient de se casser la tronche, le journaliste Vassili Golovanov décide de réaliser un vieux rêve insensé : se rendre sur l'île arctique et ignorée de Kolgouïev, en pays Nenets. le genre d'endroits où il ne fait pas 5°C au coeur de l'été, le genre d'endroits oubliés du monde où les rares humains sont aussi rudes que le climat, où simplement survivre est un défi permanent.
Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi bon, d'aussi surprenant et d'aussi enrichissant. Même si on n'a exploré avec l'auteur qu'un confetti sur la carte, on en ressort en se sentant beaucoup moins bête. On est à des années lumière des blogs de voyage niais, plus loin encore des récits de touristes. On se rapproche bien plus des récits de Nicolas Bouvier, le désenchantement russes en plus. C'est succulent, c'est à découvrir absolument.
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Je ne remercierai jamais assez le quidam m'ayant soufflé le titre de ce livre absolument magnifique de Vassili Golovanov. Eloge des voyages insensés fait partie des livres qui peuvent changer une vie, si, je vous assure, de ces livres qui font bouger des trucs à l'intérieur, des bases, fondements ou certitudes, qu'on croyait pourtant bien accrochés.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/12/chronique-livre-eloge-des-voyages-insenses/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Ce livre m'avait été chaleureusement recommandé par Pierre Landry, à Tulle, et je viens d'apprendre que Pierre Landry est mort le 15 juin 2018. A l'époque, de passage à Tulle, j'avais été attirée par un paperboard disposé ostensiblement en vitrine, et sur lequel le libraire nous livrait tout le bien qu'il pensait de ce livre. Quand j'en avais parlé avec lui, il disait qu'il ne lirait plus que ce livre. Que tout était dans ce livre.
Aujourd'hui je voudrais rendre hommage à Pierre Landry sans lequel je serais sans doute passée à côté de cet exceptionnel livre de Vassili Golovanov. Je recopie une citation de Pierre Landry, extrait d'un article consacré au livre dans La Croix le 19.04.12 :
« C'est un livre auquel on dit souvent merci», confie le libraire Pierre Landry qui, dans sa boutique de Tulle, Préférences, en a vendu plusieurs centaines et vivrait comme un déshonneur qu'un seul fut envoyé au pilon. Au total, affirme-t-on chez Verdier, Éloge des voyages insensés a trouvé près de 10 000 acheteurs, grâce à l'engagement de découvreurs passionnés et au bouche à oreille. Résultat d'autant plus étonnant que, en quatre ans, très peu d'articles lui ont été consacrés dans la presse ou sur Internet. "
Il est des moments que l'on se rappelle sa vie entière ; merci à Pierre Landry.
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Un livre dont il est assez difficile de parler: il faut du recul pour le faire.
Un livre multiple, un livre-recit, un livre-temoignage, un livre du-des voyage(s) physique, geographique, culturel, spirituel.
Un livre "himalayen" dans un Grand Nord qui nous decrit tout autant les realites sordides, dramatiques de ces espaces abandonnes,, de ces populations locales ravagees par l'alcool que ces instants , precieux, que peuvent etre la magie d'une nuit, la relation intime de l'espace et du temps, le cheminement vers un autre soi.
Lecture inoubliable.
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Une extraordinaire quintessence du récit de voyage, du récit polaire et de la quête de sens à la vie

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/14/note-de-lecture-eloge-des-voyages-insenses-vassili-golovanov/
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Quand je repense à ce livre, je me retrouve, instantanément, transporté dans ce paysage blanc, immaculé, entouré de milliers de rennes. Je sens déjà le souffle de cette brise, fraîche et saisissante. J'entends au loin les chants nénets se rapprocher. Je plonge mes mains dans la neige et je sens sous mes doigts la texture spongieuse du lichen. Dès lors je me souviens de l'île de Kolgouev, monde perdu au bout du Monde. Aussitôt, j'éprouve la nostalgie de ce bout de terre prisonnier des glaces polaires.

Pour entrer dans ce livre, il faut accepter de lâcher prise, de tout oublier. Il faut s'abandonner à l'auteur et à son obsession documentaire. Véritable travail ethnographique, la description des moindres détails de cet univers brut nous laisse une image empreinte d'un réalisme saisissant où rêves et cauchemars se rencontrent, parfois avec violence, où faits historiques et folkloriques s'entremêlent, fusionnent, nous enivrent de ce récit onirique.

Ce livre n'en est pas un, c'est un voyage. On a beau le refermer entre deux lectures, on reste malgré tout absorbé par l'immensité du Nord. Un voyage intérieur, spirituel, une quête de soi.
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