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Citations sur L'échelle de Jacob (43)

Je ne me souviens pas bien de qui s'avança en premier. En tout cas, ses lèvres, aussi froides que de la glace carbonique, aussi brûlantes qu'un haut-fourneau, aussi douces que des pétales de roses, aussi tranchantes que la lame d'un rasoir, laissèrent en moi cette nuit-là une trace indélébile.
Au moment du contact, tout mon corps se désintégra en poussière d'argent et jaillit jusqu'au sommet de la montagne ; le sang dans mes veines afflua à la vitesse d'un rapide dans une rivière, et un courant électrique de plusieurs milliers de volts me fit fondre sur place ; je me répandis tel le vent sur une vaste plaine. Ce n'était là qu'un léger baiser, assis côte à côte sur un banc, chacun notre canette à la main, mais bientôt So-hui m'enveloppa le cou de ses bras et nous nous embrassâmes passionnément.
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Le souhait de Monica de faire de son fils Jean un prêtre allait forcément échouer car le diocèse de l’Église coréenne n'accepte pas les enfants de mères célibataires, tout comme il refuse les handicapés et ceux dont les parents sont divorcés. Dieu est peut-être miséricorde, mais les bonnes sœurs ne sont pas des anges, et même l’Église montrera du doigt cette femme et son enfant illégitime. Face à cette situation lamentable et sinistre, la mère sera épuisée et le fils s'écartera du droit chemin, il ira traîner dans des ruelles malfamées. Me revinrent alors brusquement les paroles de Michaël lorsqu'il avait vu une mère pauvre et son fils dans ce cas de figure : « Peut-être vivra-t-elle ainsi pendant dix ans, puis, un jour à l'aube, après une froide nuit d'hiver, elle s'écroulera dans la rue complètement saoule et mourra là, seule. Et que deviendra son enfant ? Il grandira dans ce quartier pauvre, sortira de sous mon aile et ira se mêler aux voyous baraqués avant de disparaître dans une ruelle sombre en ricanant : "L'amour ? Dieu ? Laissez-moi rire !"»
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Dans un état second, comme ensorcelé, je sortis dans le jardin du monastère. La lune était pleine. Il n'y en avait qu'une seule pour le monde entier mais, curieusement, sa lumière caressait individuellement dix mille rivières, dix mille feuilles, dix mille cailloux. C'étaient finalement les villes brillant d'une multitude de petits éclairages qui étaient les plus obscures. Je ne m'en suis rendu compte qu'une fois entré dans la vie monacale.
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Pendant que, vêtu de mon habit de moine, je murmurais quelques mots, j'eus l'impression que mon âme débordant de joie jaillissait hors de mon corps et bondissait jusqu'au plafond. Je me réprimai et fis un signe de croix, puis me levai. Avant de quitter la salle, je retournai encore une fois à ma place pour m'agenouiller et échanger avec lui quelques mots de plus, mais il n'y eut que le silence. Silence, silence et silence.
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Le silence ressemble à un miroir sombre qui parvient à révéler les os et la chair même à travers plusieurs couches de vêtements. D'une certaine manière, c'est quelque chose de redoutable. Lorsque je décidai de prendre l'habit de moine, j'étais plein d'admiration pour ce calme, mais je n'avais pas imaginé qu'il possède un tel pouvoir. Je ne me souviens pas précisément, mais il me semble que je me retournai alors timidement vers la gare. Le sifflet de mon train qui repartait me parut irréel. J'eus le sentiment d'avoir laissé ma courte jeunesse dans ce train, avec le bruit, mes peurs, joies, dégoûts, angoisses, pleurs, envies, jalousies... Comme je posais un pied dans le long couloir plongé dans la pénombre, j'aperçus furtivement mon âme toute nue par l'entrebâillement des rideaux du vacarme.
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Qu'est-ce qui fait le plus souffrir les être humains ? C'est le doute. Surtout celui qui laisse pressentir un grand malheur. Si les hommes redoutent la mort, c'est aussi parce qu'elle est source de doutes et qu'aucun de nous ne sait ce qu'il y a après. Il en est de même quand quelqu'un est porté disparu, sa famille en souffre plus que si cette personne était morte, car cet état de latence empêche de se résigner et de cesser d'espérer.
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Pour expliquer la vie au monastère, il faut avant tout mentionner le silence. Pendant mes années passées ici, j'ai appris que le silence n'était pas seulement le calme ou l'absence de bruit. Au contraire, il s'agit plutôt d'une écoute très attentive. Le silence est nécessaire pour percevoir le bruit au-delà du bruit, la sensation au-delà de la sensation.
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Tout le monde vit des moments inoubliables, de ces moments qui restent en mémoire parce qu'ils sont douloureux, parce qu'ils sont beaux ou parce que la blessure est encore à vif. S'il m'arrive de repenser à cette époque, j'ai l'impression que poussent des champignons blancs et froids dans mon cœur qui bat la chamade.
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Perplexe, je fixai ma grand-mère, mes baguettes en suspens.Où voulait-elle en venir ? Pourquoi tenait-elle à me raconter cette histoire ? (...)
- Comment a-t-il été possible que moi, élevée dans une famille catholique depuis plusieurs générations et éduquée dans des établissements scolaires fondés par des religieux, je tombe amoureuse d'un de ces communistes qui faisaient irruption dans nos monastères pour arrêter et emmener de force nos moines et nos prêtres, et remplacer le portrait de Jésus par celui de Jim Il- Sung ? Tout le monde m'a posé la question, Jean, mais moi je ne me la suis jamais posée. L'amour arrive tel un orage, sans prévenir ; il vient comme ça, un peu comme une rafale surgissant de nulle part quand on se repose, assis au flanc de montagne pendant une randonnée. On dit que c'est à nous de le choisir ou pas.Mais si on peut le refuser, c'est que ce n'est sans doute pas de l'amour, à peine un souffle de vent.

( Picquier poche, 2019, p.323)
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Les épouses de bourgeois viennent à l'église, prient et pleurent pour les pauvres, et sortent parfois dans la rue pour distribuer de la nourriture de leurs mains délicates, mais elles ne se préoccupent pas du tout des licenciements injustes ou des maltraitances sur les employés qui ont lieu dans les usines ou les entreprises de leurs maris.Et pourtant, elles assistent aux messes, se prennent pour des disciplines du Christ et n'éprouvent pas la moindre culpabilité .(...)
Si Jésus revenait dans ce monde, que leur dirait-il ? À mon avis, ils seraient les premiers à se précipiter pour le clouer de nouveau sur la croix ou l'enfermer dans un sous-sol à l'abri de tous les regards.

( Picquier poche, 2019, p.63)
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