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Critique de AMR_La_Pirate


La Bête intégrale de David Goudreault, Vues de Voix, 2020 (1ère édition : Stanké, 2018)

Avec la parution de la trilogie de la Bête, David Goudreault a ébranlé le paysage littéraire québécois. Repoussant les limites de l'humour grinçant, il a offert un regard à la fois dur et tendre sur les oubliés de la résilience, grâce à un protagoniste qui, en dépit de sa violence, est touchant de naïveté.
Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage les textes intégraux de la Bête à sa mère, La Bête et sa cage et Abattre la bête, accompagnés respectivement de préfaces inédites de Kim Thúy, Manu Militari et Fred Pellerin, ainsi que d'un mot de l'auteur.

J'ai adoré le premier tome, La Bête à sa mère, parvenant à m'attacher au héros, pourtant manipulateur et violent, capable des pires monstruosités. David Goudreault nous y raconte les débuts dans la vie d'adulte d'un jeune homme qui, enfant, a été retiré à sa mère qui accumulait les tentatives de suicide, qui a été ballotté de familles d'accueil en centres sociaux, qui a eu une scolarité chaotique… Son existence est marquée par l'absence de repères et par la montée en puissance des pulsions, par la mise à jour d'une longue liste de gens dont il faudra se venger et par la recherche d'une mère idéalisée par l'absence…
Le deuxième tome, La Bête et sa cage, a été plus difficile à digérer… le héros est en prison où il va subir toutes les brimades possibles et imaginables, du passage à tabac au viol répété par le détenu qui, en échange, lui offre sa protection, se faire tatouer (avec plus ou moins de réussite), passer un peu de temps à l'isolement, découvrir les bienfaits de la lecture, construire sa propre (toute petite) légende et même, pour clôturer le tout, tomber amoureux et préparer son évasion… Ce volume est une vrai satire des conditions carcérales.
Enfin, Abattre la bête clôture la série avec un long passage en unité psychiatrique, une nouvelle évasion et le récit d'une incroyable cavale aux milieu des marginaux, celui que toutes les forces de police recherchent trouvant finalement refuge auprès d'un chihuahua et d'une prostituée en fin de course.
Je déconseillerai de lire les trois opus d'une seule traite ; personnellement, j'ai préféré ménager des pauses entre mes lectures pour éviter le surdosage.

J'ai surtout été frappée par le style de David Goudreaux, une gouaille québécoise, une écriture truculente, déjantée, factuelle… Une forme de premier degré poétique avec des références approximatives mais très parlantes, une logique implacable sous forme d'idées fixes, une montée en puissance dans une délinquance absurde. Force est de reconnaître que les raisonnements « documentés » du personnage ne sont pas exempts d'une sorte de bon sens au second degré.
David Goudreault repousse vraiment les limites de l'humour pour donner à voir la vie des oubliés du système, des irrécupérables. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette trilogie ; il n'est pas toujours aisé de ne pas se laisser déborder mais je ne regrette pas ce voyage en absurdie.

Une découverte, vraiment !
Je vous recommande de visiter l'univers de David Goudreault, romancier, poète et travailleur social…
https://www.davidgoudreault.org/bio/

#lesglosesdelapiratedespal

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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