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« J'ai encore tué quelqu'un. Je suis un tueur en série. D'accord, deux cadavres, c'est une petite série, mais c'est une série quand même. Et je suis jeune. Qui sait jusqu'où les opportunités me mèneront ? L'occasion fait le larron, le meurtrier ou la pâtissière. C'est documenté. (…) J'ai pris seize ans dans la gueule. Paf ! On m'assure que ça aurait pu être pire. Ce sera pire d'ailleurs, cette fois avec la récidive. Je pourrais ne jamais être remis en liberté. La liberté, c'est dans la tête. Et j'ai le crâne vaste. (…) Je dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Ce manuscrit peut être remis au juge, aux jurés, aux experts-psychiatres et à un éditeur. Je parie que ce sera un long procès et un bon livre. » (p.9/10) Ainsi se présente la narrateur de « La Bête et sa cage », un livre de David Goudreault, écrivain québécois, également travailleur social et poète. Cet ouvrage fait partie d'une trilogie dont le premier livre est « La Bête et sa mère ». Ce narrateur raconte avec un défaut de langue car il lui manque une dent de devant, ce qui le fait « fiffler ». Il raconte cet univers carcéral impitoyable (la prison de Donnacona) : « La prison brise les hommes, mais la cage excite les bêtes. » Si la couverture du livre est bien jolie, toute simple, avec une tourterelle posée sur la main d'un homme (le narrateur qui l'a apprivoisée) et le tout sur un fond jaune, l'histoire l'est moins. On nous décrit les « compagnons de secteurs », tels que Papillon (qui prend le héros sous son aile) - Philippe le Philippin – Denis – Giuseppe – Molosse – Timoune – Bizoune et bien d'autres dont les noms sont aussi « exotiques ». On nous révèle la vie de couples de chacun (des hommes avec des hommes, ce n'est pas si simple). On apprend comment faire pour arriver à se procurer des médicaments « spéciaux » que l'on détourne en drogue…. Tout est décrit de façon bien réaliste (pas de fioritures, de nombreux « sacres »…). La tension est toujours là avec la violence qui sévit. Mais on rit aussi un peu, par exemple quand le narrateur répond à Édith, la travailleuse sociale, qui le suit et à qui il promet : « Ve pourfuis mes efforts, Edith, ve furveille mes fréquentations. Ve travaille sur moi. Gros sshantier ! » (p.40) David Goudreault, qui était présent au dernier Festival America 2018, a démontré une fois de plus son talent avec son écriture rythmée et fi des passages crus (car c'est la vérité vraie), que l'on rencontre au fil de la lecture et c'est « très documenté. » Je laisse le mot de la fin au narrateur, à la Bête : « Peu importe où vous m'enfermerez, je m'évaderai pour vrai. Je m'évaderai et parachèverai ma liste de vengeance, longue et dodue. Si vous pensez que je suis dangereux, vous n'avez encore rien vu ! Mais pour l'instant, j'espère juste être envoyé en institut psychiatrique, la prison, c'est trop fou pour moi. » Des paroles qui laissent envisager une suite et c'est « Abattre la Bête » à lire rapidement pour rester dans l'ambiance : « ve vous le confeille… ! ❤❤ ❤❤❤ + Lire la suite |