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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Maurice Gouiran, c'est le genre d'auteur dont je lis un de ses livres - c'est mon 17 ou 18 ème- quand j'ai envie de retrouver Marseille et ses Calanques, entendre chanter les cigales -même en hiver, oui, oui!-, sentir le pastis, retrouver Clovis Narigou avec ses déboires et ses amours toujours compliquées, découvrir un petit pan caché de l'histoire d'un pays -ici c'est l'Espagne et tous ses enfants volés aux Républicains pour être remis dans des "bonnes" familles franquistes de l'époque-, en bref, retrouvé une ambiance et des lieux et amis connus, comme un peu pour se "rassurer", se sentir chez soi ou un peu mieux dans ce monde de brutes.
Les talents de conteur de Gouiran sont indéniables, et cet "Univers des enfants volés" nous accroche du début à....presque la fin, que j'aurais aimé autre...
Petit bémol également, les longueurs sur les descriptifss des rues et les comparaisons entre Marseille et Barcelone, avec comme l'impression de relire les mêmes choses. Mais bon. Ce n'est qu'un bémol.
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Avant que j'oublie (ça arrive, dans le feu de l'action, enfin de l'écriture…), un grand merci à Babelio et aux éditions Jigal, de Marseille, pour « l'hiver des enfants volés » de Maurice Gouiran .

L'histoire commence avec la visite de la belle Samia à Clovis, journaliste plus ou moins retiré dans le massif de la Nerthe. Samia et Clovis se sont connus une trentaine d'années auparavant, quand Clovis et son ami François, alors journalistes de guerre, avaient réussi à aider Samia à survivre aux massacres des camps de Sabra et Chatila.
Alors qu'il ne se sont pas vus depuis des années, Samia demande à Clovis de partir à la recherche de celui qu'elle a épousé : François. Celui-ci est parti en Espagne, enquêter sur une histoire d'enfants volés dans les années 80, et qui aurait des ramifications encore aujourd'hui. Or depuis plusieurs jours Samia est sans nouvelles de François et elle s'inquiète.
A partir de l'enquête que mène Clovis sur les traces de François, à Barcelone, puis à Madrid, nous abordons un aspect dramatique de l'histoire espagnole : des enfants, souvent issus de familles pauvres, et/ou communistes, étaient volés à leurs parents pour être confiés à des familles bourgeoises et bien-pensantes.
Ce trafic était à l'origine organisé par l'État espagnol sous la dictature franquiste pour des motifs idéologiques ; il fallait sauver ces enfants de l'influence débilitante du marxisme. Il a été perpétué jusque dans les années 80, voire plus, pour des motifs plus bassement matériels, avec la complicité de l'Église catholique, ainsi que de médecins, gynécologues, infirmières…
J'avoue que j'avais bien entendu parler de ce scandale, mais je n'avais pas vraiment saisi l'ampleur du problème : ce sont des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d'enfants qui ont été victimes de ces rapts. En 2016, il y a encore des gens en Espagne qui cherchent, qui leur enfant perdu, qui leurs parents biologiques.
De plus, ainsi que Clovis et François l'apprendront à leurs dépens, l'histoire n'est pas réellement terminée. Les responsables de ce trafic sont encore bien souvent au pouvoir dans les années 2000, et ils font tout, jusqu'au meurtre dans le roman(??), pour empêcher la vérité d'éclater.
Parallèlement à cette enquête espagnole, Clovis tombe sur le journal intime de François qui lui aussi était à la recherche de ses parents biologiques.
Là l'histoire prend un tournant encore plus terrible : sa quête le mène à la période de la 2nde guerre mondiale et du nazisme. le principe de la purification ethnique est alors poussé à son extrême, et François apprend des choses vraiment dures sur ses origines… Tout comme la lectrice, j'allais dire innocente, disons ignorante, que je suis.
En suivant Clovis, Samia et François, je suis entrée dans les zones sombres de certaines périodes troublées de l'histoire et j'ai appris… beaucoup.
Par exemple, l'histoire de Samia, bien qu'effleurée, ramène à la surface des évènements horrifiques, que j'avais bannis de ma mémoire, et dont je ne connaissais pas les tenants.
Du coup, j'ai fait plein de recherches sur internet (vive le net, on faisait comment avant ???) : c'est la première fois qu'un roman me fait cet effet. Après la lecture de « l'hiver des enfants volés », j'ai lu des articles de journaux, des monographies et des textes historiques, et à mon avis, je ne serai pas la seule.
Maurice Gouiran prend le prétexte du polar pour nous raconter, en romançant quelquefois à peine, des pans oubliés, peut-être même tabous, de l'histoire récente.
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En bref, c'est une bonne lecture qui donnera envie au lecteur de (re)découvrir Barcelone et de se documenter sur ce fameux trafic de bébés. Néanmoins, le côté polar n'est pas assez exploité pour moi et me laisse sur ma faim.


Lien : http://rizdeuxzzz.canalblog...
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Jigal Polar pour m'avoir fait découvrir ce livre et surtout cet auteur lors du dernier Masse Critique de mai 2016.
J'ai été très agréablement surprise par la fluidité d'écriture de Mr Maurice Gouiran.
Dès les premières pages on est plongé dans l'univers de l'auteur. Gouiran ne tourne pas autour du pot et on est happé dans l'intrigue.

L'histoire : Une jeune femme frappe à la porte de Clovis, il s'agit de Samia, une bonne amie de notre personnage qui cherche son aide suite à la disparition de son mari François. Clovis et François se connaissent très bien, ils ont travaillé ensemble en tant que journalistes sur des sujets délicats au moyen-orient. C'est lors d'une de leur enquête qu'ils ont rencontré Samia.
Cette dernière demande donc l'aide à Clovis afin de retrouver son mari, parti en Espagne suite à l'appel d'un contact concernant une ancienne affaire de bébé volés sous la dictature de Franco.
Ce que va découvrir Clovis dépasse l'entendement.
Personnellement en lisant les premières pages je ne m'attendais pas à une telle fin.

On se retrouve donc plongé dans une Espagne inconnue pour moi. Je ne connaissais pas cette histoire de vols de bébé.. Imaginer la terreur de ces mères, c'est horrible.
Maurice Gouiran arrive très bien à rendre L Histoire vivante grâce à son écriture très claire et nette Sans chichi ni blabla. Il va dans le direct et concis et ça marche clairement.
Tout au long du roman on oscille entre le point de vue de Clovis (parti en quête de son ami), Samia (où on perçoit son désarroi et sa souffrance) et celui de François quelques années auparavant.

Clovis, François et Samia sont apparemment des personnages présents dans d'autres romans de l'auteur, mais cela ne perturbe en rien la lecture.
Ces personnages ont quelque chose de touchant et surtout d'attachant, je me suis sentie proche d'eux, de leurs histoires, des horreurs que chacun a pu traverser.

Je terminerai cette critique en vous invitant grandement à découvrir Maurice Gouiran et particulièrement ce livre (le seul que j'ai lu pour l'instant ^^). Je vais tâcher de me procurer ses autres romans tellement j'ai aimé son écriture ;).
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Maurice Gouiran entraîne Clovis Narigou en Espagne, où à la demande de Samia, un de ses amours de jeunesse, il part à la recherche de son mari François, disparu depuis plusieurs jours. Clovis effectuait avec François des reportages de guerre au Liban en 1982, où tous deux ont connu Samia, rescapée des massacres commis contre les palestiniens par les forces phalangistes dans les camps de Sabra et Chatila, sous la supervision de l'armée israélienne. Samia s'en était sorti, François l'avait sauvée et elle était devenue sa femme, sous le regard sentimental et vaguement jaloux de Clovis.

Aujourd'hui retraité, François s'était lancé dans un papier journalistique sur les trafics d'enfants commis pendant le franquisme, et même après sa chute. Pendant des décennies, des enfants, fils d'opposants, ont été séparés de leurs parents biologiques pour être confiés à des familles plus proches de l'opinion du régime en place. Certains membres de l'Église catholique ont soutenu cette pratique et l'ont facilité dans des maternités qu'ils contrôlaient. C'est en menant son enquête que François a disparu, laissant Samia désemparée.

A son tour Clovis s'élance vers l'Espagne, au volant de son automobile aussi fatiguée que son conducteur, pour à son tour faire face à des oppositions larvées. D'ailleurs, il se pourrait bien que, dans le décor architectural splendide de Barcelone, la mort ait frappé des personnes qui recherchaient leurs origines et qui remuaient par trop au goût de certains le passé.

Un Gouiran assez classique dans sa forme, qui brasse pas mal de sujets historiques, comme la guerre du Liban en 1982, appelée «opération Paix en Galilée » par les Israéliens, et la coopération en Espagne entre le régime franquiste et une partie du clergé dans la construction d'une société « mieux pensante ». Les motivations profondes de la quête de François sont à trouver dans un autre sujet lié à l'Histoire du vingtième siècle, assez facile à deviner dés le début du récit. Gouiran laisse Clovis se dépêtrer dans ces pans d'histoire, des plus traumatisants, en rappelant que les sociétés humaines glissent facilement vers l'horreur quand les idées de pureté raciale prolifèrent.

Un rappel ne fait pas mal, comme l'écrit Gouiran : « le monde avait su pour la Shoah, le monde avait su pour le massacre des Arméniens, mais le monde avait une sacrée tendance à oublier... Des exactions analogues – des génocides dans ces cas là – s'étaient produites au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie, ou au Darfour, et le monde s'était contenté de détourner pudiquement son regard de ces lieux maudits. Pour ne pas voir, pour ne pas entendre, pour ne rien avoir à dire ».

Le récit est moins gouailleur que d'ordinaire, le paysage et les personnages plus sombres, et Marseille est quasiment absente. Clovis s'avère un bon guide touristique à Barcelone, puis à Madrid. Les sujets sont abordés avec l'humanité coutumière de Gouiran. L'enquête policière n'est qu'un simple prétexte à ces éclairages d'histoire contemporaine.
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Ce roman est très riche qui aborde les massacres de Sabra et Chatilla, les Lebensborns ainsi que le vol des enfants nouveau-nés sous Franco.

Le personnage principal nous entraîne dans Barcelone et ses bars à tapas (prenez des notes, il y a des bonnes adresses), mais aussi à Madrid, plus rapidement. Un bémol, à ce propos, si vous voulez suivre absolument le héros, il va vous falloir un plan de la ville…..

J'en ai appris plus sur la différence entre canonisation et béatification.

Un roman intéressant sur la ville de Barcelone plus que pour l'aspect policier.

L'image que je retiendrai :

Celle de la plage de la Barcelonetta qui a ses adeptes, même en plein mois de janvier.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
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Clovis, François et Samia se sont connus en 1982, sur les cendres des camps de Sabra et Chatila, les deux hommes faisaient leur métier de journaliste, Samia était une victime de la barbarie la plus sauvage : "Notre guide a finalement retrouvé les siens dans un charnier à ciel ouvert. Des dépouilles lacérées et emmêlées. [...] La plupart des corps étaient amputés. Des nourrissons avaient été éventrés. Les phalangistes s'en étaient donné à coeur joie au nom de Dieu, violant, tuant à bout portant tout ce qui vivait dans ces bidonvilles." (p. 21) Ils ne se sont plus quittés, aussi Clovis ne peut que partir à la recherche de son ami. Et sa trace le mène sur les chemins de l'église catholique espagnole et sa frange la plus dure, ceux qui veulent la béatification de soeur Encarnacion, directrice à l'époque de la maternité qui organisait un trafic d'enfants : "Les tenants du régime répondaient alors à l'injonction de Vallejo-Nàjera, un psychiatre dément mais encensé par le Caudillo, qui prétendait qu'il existait un gène communiste et qu'on pouvait combattre cette saloperie en retirant les bébés de leurs familles "rouges". Sous le prétexte d'une loi promulguée en 1939 qui confiait à l'Etat les enfants nés sous X, on avait subtilisé, dans les maternités et les prisons, les enfants de républicains. Les nourrissons étaient alors placés dans des familles phalangistes qui allaient les éduquer selon les principes moraux du régime." (p.42) Ce trafic au départ pour la cause franquiste perdurera après la mort du Caudillo pour de viles raisons pécuniaires, puisque les nouveaux parents pouvaient acheter un bébé entre cent mille et trois cent mille pesetas. L'enquête est délicate surtout lorsque Clovis est à son tout victime d'agressions, d'intimidations.
Après un début un rien long et lent lorsque Maurice Gouiran nous promène dans les rues de Barcelone, la Marseille de l'Espagne -ou Marseille la Barcelone de France-, il nous fait visiter une ville qu'il connaît et aime. le mieux serait sans doute de connaître soi-même un peu la ville, mais finalement, ce n'est pas un problème, on se balade. de même, parfois, une allusion est faite à un personnage qu'on ne connaît pas si l'on n'a pas lu les livres précédents de l'auteur, d'ailleurs le nom même de Clovis n'est pas vraiment su dès le départ, mais, ce qui pourrait être un handicap n'est pas vécu comme tel ; c'est un peu comme un copain avec qui l'on parle : on ne sait pas tout de sa vie, mais ça ne nous empêche pas de le comprendre, de l'apprécier et de s'intéresser à lui. Ce qui me fait penser à cette comparaison, c'est sans doute le langage de l'auteur qui s'adresse à ses lecteurs comme s'il leur racontait une histoire, dure certes, mais les personnages qu'il crée font passer le message plus sûrement qu'un essai sur le sujet.
L'intérêt principal du roman est de mettre le doigt sur un sujet sensible et dont on parle assez peu, le traitement des enfants sous les dictatures, les enfants volés d'Espagne ou encore les Lebensborn nazis censés faire naître de bons aryens pour repeupler l'Europe, des soldats nazis engrossaient des jeunes femmes blondes, véritables esclaves. Puis, le rendement étant jugé insuffisant, des enfants correspondant aux critères aryens furent enlevés dans les territoires occupés par Hitler et déportés dans ces Lebensborn. Très documenté, ce roman noir est dérangeant, met mal à l'aise parce qu'il concerne un nombre d'enfants de l'époque encore en vie aujourd'hui, tant ceux qui sont nés ou ont été déportés dans les Lebensborn -qui ont entre 70 et 80 ans- que ceux qui ont été pris dans la spirale du trafic espagnol qui a perduré jusque dans les années 80 et qui ont donc pour les derniers une petite trentaine d'années. Tous sont victimes d'un système morbide, immonde -on pourrait aligner les qualificatifs-qui les laisse sans racines, parce qu'en plus, Maurice Gouiran le montre très bien, les recherches sont difficiles et freinées plus qu'aidées par les autorités notamment religieuses -mais pas seulement- qui voient d'un mauvais oeil qu'on puisse mettre en cause leurs pratiques répugnantes et leurs accointances avec des régimes pourtant infréquentables pour qui se prévaut de valeurs humanistes, fraternelles (cf. un article du Huffington post). Clovis Narigou est un dangereux anticlérical, un libre-penseur (Maurice Gouiran sans doute aussi) c'est sûrement ce qui me le rend éminemment sympathique ! On partage des valeurs.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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