Le radeau des étoiles

Ces deux-là évoquent immédiatement deux autres gamins que la vie n'a pas épargnés : Fish et Bread auraient pu se prénommer Tom et Huckleberry. Ils vivent dans le Wisconsin, nous sommes dans les années 90. Fish rêve à son père absent, Bread préférerait que le sien le soit, dans les rares moments où il émerge de ses cuites. C'est une agression de trop qui déclenche chez Fish un geste impulsif : il tire sur le père de Bread. Conscient de la gravité de son geste, il persuade son copain de prendre la fuite pour rejoindre la caserne de son père.

C'est une véritable traque qui s'ensuit. le shérif Cal pensait couler des jours tranquille dans cette petite bourgade, après le stress ressenti à Houston. Erreur de jugement ! Accompagné du Gran-père de Fish, il part sur les traces des fuyards, après avoir laissé son chien fidèle aux bons soins de Tiffany, dont les charmes ne le laissent pas insensible.


Les sublimes descriptions de la nature ne font oublier qu'un temps le danger de la poursuite, et la nécessité de retourner sans tarder les gamins exposés à la faim, au froid ou à la sauvagerie des coyotes ou des ours. le roman devient vite un page-turner haletant.

Au delà de l'aventure, on se confronte aussi aux réflexions émouvantes de ces enfants perdus , dont une partie de l'enfance s'est envolée, du fait de mauvais traitements ou d'une guerre injuste qui sépare les familles unies. C'est aussi une ode à l'amitié, bouleversante de sincérité et de colère.

Superbe roman porté par une écriture qui vous emporte au fil des pages.

Merci à lecteurs.com.

384 pages Gallmeister 1er septembre 2022

Lien : https://kittylamouette.blogs..

Parlons d'un temps que nous avons oublié : l'année de l'élection de Bill Clinton, repère temporel donné au début du roman. Sous sa présidence, tout devait aller mieux. Oui, l'espoir existait encore, alors que j'ai l'impression que bien trop d'événements ont passé depuis pour que l'on puisse croire que tout pourra s'arranger providentiellement.

L'action se passe dans le Wisconsin, état tranquille. Nous suivons plusieurs personnages, qui sont tous liés les uns aux autres, plus ou moins profondément. Les deux premiers personnages auxquels nous pouvons nous attacher – je parle bien ici d'attachement, et pas de rencontres – sont Bread et Fish. Ils ont dix ans, ce sont encore des enfants si l'on se fit à leur âge. Leur vécu, leur quotidien, font qu'ils sont loin d'être insouciants. Fish est en vacances chez son grand-père, avec lequel il s'entend très bien : ils s'apportent l'un à l'autre beaucoup de choses, sans véritablement penser consciemment à tout ce que le grand-père transmet à son petit-fils, à tout l'apaisement que Fish peut apporter à son grand-père. Les liens entre eux deux sont très forts.

Bread n'a pas autant de chance. La violence de son père est connue, mais pas suffisamment visible pour que quelqu'un agisse. Et agir comment ? C'est la question que le grand-père de Fish se pose – parce qu'il sait bien qu'un enfant n'aime pas que l'on se mêle de ce qu'il vit dans sa famille.

Tout aurait pu continuer ainsi, si Fish n'avait tiré sur le père de Bread. Les deux enfants ont pris la fuite tous les deux à travers bois, au milieu duquel coule une rivière. Les recherches commencent, pour les retrouver au plus vite. Qui a envie de savoir que son enfant passe la nuit dans une forêt, même volontairement ?

Le sherif Cal, Tiffany, Miranda, Jacks, quatre personnages que nous avons déjà croisés au début du récit, quatre personnages qui participent à cette quête. Je pourrai faire des rapprochements binaires, Tiffany et Miranda sont deux femmes, si ce n'est que Miranda est la mère de Fish, que sa foi, inébranlable et détonnante, la guide. Vu de France l'on peut oublier à quel point la religion est omniprésente aux Etats-Unis. Tiffany a essayé de pratiquer la religion, elle a très vite renoncé. Elle se rapproche de Miranda parce qu'elle aussi veut retrouver Fish, et prouver aussi au shérif Cal qu'elle peut faire quelque chose de bien. Tiffany, c'est une jeune adulte, et une ancienne enfant à qui personne n'a fait attention, que personne n'a regardé, pas même ses propres parents. Et vu ce qu'elle a vécu, l'on peut se dire qu'elle ne s'en est pas mal sorti, elle travaille, elle aime la poésie, elle écrit aussi, et l'on peut rêver à ce qu'aurait été sa vie si elle avait pu grandir avec un regard bienveillant posé sur elle.

Le shérif Cal, lui, voulait lire de la fierté, ou du moins de l'approbation dans le regard de son père. Lui n'est pas du Wisconsin, mais du Texas, et son accent peut faire rêver – ou pas. Il a dû se mettre au vert parce qu'à Houston, il avait pris un peu trop à coeur son métier de flic. Il le prend toujours à coeur mais il est un homme de la ville, des procédures – parce qu'il a un peu oublié les procédures, un jour – et ne se montre pas franchement adroit au cour de ses recherches. Reste Jacks. le chien du shérif. Lui sait parfaitement ce qu'il veut et ne veut pas, il sait ce qu'il doit faire – suivre son instinct.

Une jolie découverte que ce roman ! Sur une intrigue qui fait irrésistiblement penser aux Aventures d'Huckelberry Finn (la fuite de deux personnages sur un radeau suite à un meurtre), Andrew Graff réussit une belle galerie de personnages, et le portrait d'une Amérique profonde des années 1990, boisée et sauvage.

Deux garçons de dix ans passent un été assez insouciant, auprès du grand-père l'un d'eux, entre jeux et imagination d'enfants. Les soucis, cependant, ne sont pas loin, car Finch porte le deuil d'un père idéalisé, tandis que Bread vit dans la terreur d'un géniteur alcoolique et violent. Un jour, pour protéger son copain, Finch tire sur le père de Bread. Les deux garçons fuientr dans la forêt, et descendent la rivière sur un radeau... Ils sont vite poursuivis par deux duos, le grand-père de Finch accompagné d'un shérif hypersensible et ignorant tout de la forêt, et la mère de Finch, accompagnée d'une jeune fille secrètement amoureuse du shérif.

Pendant ces quelques jours de descente de la rivière, les personnages se découvrent, montrent leur fragilité, et nouent des liens forts, d'amitié ou d'amour... le tout raconté avec pudeur et simplicité, par le simple enchainement des faits ou les réactions à des situations extrêmes liées au milieu forestier. L'auteur excelle à décrire aussi bien la psychologie enfantine, ses passages du drame au jeu, que celle d'hommes plus fragiles qu'ils ne voudraient l'avouer, ou la solidité des femmes... La forêt, ses paysages et ses animaux finissent par devenir eux aussi des personnages de cette courte aventure.

Un roman de la rentrée littéraire 2022 à mettre dans vos listes de lecture !

Le radeau des étoiles ce sont deux enfants, Bread et Fish, écorchés de la vie qui vont prendre la fuite suite à l'action irréparable de l'un d'entre eux. Maltraité depuis tout petit, Bread subit les coups de son père sans broncher. N'en pouvant plus de le voir souffrir en silence, Fish débarque chez son grand ami et signe la fin de son calvaire d'une balle dans la tête de son père.
Pris dans une panique totale, ils prennent la fuite dans la nature sauvage, avec des affaires préparées depuis des mois dans cette éventualité. Deux escadrons partent à leur recherche : un masculin composé du shérif de la ville et du grand-père de Fish, et le deuxième à l'opposé, formé de la mère de Bread et Tiffany, une fille paumée qui tente de redonner du sens à sa vie par cette quête.
La rage de survie de l'exil des deux gamins et la recherche ininterrompue des deux équipes se rejoignent dans une ambiance électrique qui donne un goût particulier à cette aventure quasi familiale.
Un grand roman de cette rentrée littéraire chez Gallmeister, le premier d'Andrew j Graff, enfin traduit en France.

Comme j'ai aimé ces deux enfants, animés par une amitié indéfectible et comme je me suis régalée à suivre leur périple au fil de l'East Twin River dans le Nord du Wisconsin !

L'amitié de Bread et de Fish est tellement forte que, du haut de leurs dix ans, elle leur donne tous les courages, celui de tirer sur un père maltraitant, comme celui de se lancer en radeau dans une fuite éperdue, au fil d'une rivière traversant l'immense forêt de Mishicot.

Ils vont tout vivre dans cette « évasion », le froid, la nuit, la faim mais aussi les ours, les tornades et les rapides, surmontant tout les dangers, mus par leurs rêves et leurs espoirs.

Mais ils ne sont pas seuls à descendre cette rivière car se lancent à leur poursuite, d'un côté le shérif Cal et le grand-père de Fish à cheval, et de l'autre Miranda la mère de Fish et Tiff la jeune serveuse de la station-essence, dans un canoë. Trois couples, pour trois parcours, avec une seule et même convergence, les terrifiantes chutes en aval.

Andrew J.Graff connait tellement bien la Nature qu'il parvient à toucher tous nos sens avec cette plongée vertigineuse au coeur des éléments. Ses mots nous parlent de l'odeur des plantes, du goût de la vase, du cri des animaux, de la force du courant et de la violence de l'orage, avec un tel réalisme qu'on a le sentiment de vivre nous-mêmes ce combat pour la survie.

Et quand il m'a fallu quitter ce grandiose Pays des Castors, je me suis éloignée à regret des eaux tumultueuses de la rivière, laissant ces personnages attachants trouver un nouveau sens à leur vie.

Alors que je refermais ce beau roman, trempée, transie mais ravie, la nuit s'est couverte d'un ciel rempli d'étoiles, reflétant dans mes yeux les images d'une grande et belle aventure.


Merci à lecteurs.com et aux éditions Gallmeister

🏞 le radeau des étoiles - Andrew J.Graff 🏞
Traduction : Laura Manceau

Résumé :
Merci de dire au shérif que Fish voulait pas tuer mon père. Mon père est chez nous dans la cuisine, par terre près de la table. Il est mort.” Inséparables, Bread et Fish ont dix ans et passent leur été dans la poussière des champs du Wisconsin. Ils vivraient dans une parfaite insouciance, sans la figure violente du père de Bread qui terrorise le garçon. Un jour, au comble du désespoir, Fish décide de protéger son ami : un coup de revolver, et les gamins s'enfuient se croyant meurtriers. Ils se hâtent de rassembler du matériel, des provisions, et s'enfoncent dans l'immense forêt voisine. Construire un radeau, promesse de liberté, les expose immédiatement aux dangers réels de la traversée. Pendant ce temps, le grand-père de Fish et le shérif se lancent à leur recherche.

Quel roman! J'ai adoré! Les petits Fish et Bread pris dans une histoire qui les dépasse, une histoire qui leur est tombée dessus car les adultes n'ont pas su agir. Ces deux gamins, liés par une forte amitié, vont s'enfoncer dans la forêt pour rejoindre la caserne du père de Fish à des centaines de kilomètres de là. Et je peux vous dire qu'ils savent sacrément bien se débrouiller. On ne peut être qu'admiratif du courage, de la force, de l'ingéniosité et de la résilience de ces deux enfants. Il y a également Teddy le grand-père, plutôt taiseux mais tellement attachant, on sent l'amour de cet homme pour son petit-fils, le Shérif Cal, perdu dans sa vie qui va devoir comprendre qui il est et ce qu'il aspire à être, Tiffany la caissière de la station service qui écrit des poèmes et qui voudrait avancer, se fixer et enfin Miranda, la mère de Fish, croyante pratiquante et mère aimante avec une force de caractère qui force le respect.
Ce livre est tout à la fois un roman initiatique, un roman rural et un nature writing. Suivre les mésaventures de ces deux enfants en cavale ne peut pas laisser indifférent, plus d'une fois j'ai eu la gorge serré tellement ils sont émouvants, bouleversants.
C'est un coup de coeur que je vous recommande.

Pour protéger son copain Bread menacé par son propre père, Fish, dix ans, tire une balle en pleine tête de l'ivrogne violent et les deux gosses prennent la fuite dans la forêt proche. Ils ambitionnent de construire un radeau et de descendre la rivière qui traverse la forêt mais il y a loin du rêve à la réalité.
Alerté par le grand-père de Fish, le shérif local se lance sur la trace des fugitifs mais la nature est rude pour ce flic issu d'une grande ville du Texas. La mère de Fish accompagnée de l'amie du shérif s'embarquent sur un canoé et affrontent la rivière. Pour chaque tandem, c'est une vraie course contre la montre qui mobilise tous leurs efforts, oubliant la peur pour mieux se dépasser.
Ce formidable roman d'aventure se révèle une émouvante ode à l'amitié et à la solidarité.

J'ai voyagé à travers ce livre dans des terres plutôt hostiles mais avec une force incroyable.
Les personnages ont tous des caractères bien distincts et certains sont fortement attachants.
Je trouve le scénario bien ficelé même si j'aurai aimé prolongé encore cette aventure.
J'avais en effet vraiment l'impression de suivre un film d'aventure..
un fort charisme se détache à chaque paragraphe et l'histoire nous happe du début à la fin.

Bread vit avec son père dans le Wisconsin. Nous sommes en 1994. Depuis plusieurs étés, Fish vient passer ses vacances chez son grand-père Teddy, vétéran de la guerre de Corée : un taiseux.
Ils ont 10 ans tous les deux.
Il y a également Cal, le nouveau shérif qui vient d'arriver, la serveuse Tiffany.
Et puis un jour Fish tire sur le père de Bread car il essayait d' étrangler son copain.
Persuadés de l'avoir tué, ils s' enfuient par la rivière sur un radeau.
Cal et Teddy partent à leur recherche.
Teddy connaissant les bois, les marais par coeur et Cal qui sait à peine monter sur un cheval.
Il y a dans ce livre le couple de copains qui est dépassé par les évènements. Partir en randonnée dans la forêt et tenter d'y vivre, ce n'est pas tout à fait la même chose.
Puis le couple Cal et Teddy qui ont deux façons d'aborder la recherche des deux fuyards. Et les relations entre eux sont orageuses.
Le roman est composé de complicité, de détestation, de débrouille, d'aide.
Cette aventure les fait grandir, tous les personnages sont face à eux-mêmes, ils testent leurs limites.
J'ai passé un bon moment de lecture au chaud tandis que les éléments se déchainaient dans le livre .