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Citations sur Terminus Belz (48)

Caradec conduisit Marko dans la salle à manger qui donnait sur un petit réduit avec un lit, une chaise et un évier en faïence. Une minuscule fenêtre ouvrait sur un champ de luzerne qui ondulait sous le vent.
– Attends-moi là deux secondes.
Marko resta debout, examinant autour de lui le canapé, deux fauteuils en velours râpé et une table sous l’escalier qui montait à l’étage. Il s’approcha de la petite bibliothèque où s’amoncelait un capharnaüm de revues, manuels et bouquins divers. Des exemplaires du Chasse-Marée, d’Armen, du Crapouillot, des romans écornés de Simenon et de Quéffelec… Quand Caradec redescendit, Marko feuilletait L’Île au trésor de Stevenson.
– Je peux prendre ?
– Bien sûr. Fais comme chez toi. Et essaie de dormir. Demain, réveil à quatre heures. Et tiens, prends ça en te levant. Deux, dans un verre d’eau.
Caradec tendait une petite boîte de Nautamine.
– C’est pour quoi faire ?
– Le mal de mer.
Le marin remontait déjà l’escalier quand Marko l’interpella.
– Monsieur Caradec ?
– Hmm ?
– Je m’appelle Marko Voronine.
– Ah.
Caradec réfléchit.
– Voronis… Marko Voronis. Ça fait plus grec. Ça te va ?
– Oui.
– Bon. Alors, au pieu.
Caradec remonta dans sa chambre. Marko suspendit ses affaires trempées sur la chaise et sur le coin de la porte, puis se glissa tout nu dans le lit qui sentait le renfermé. Il lut trois pages de L’Île au trésor et s’endormit profondément.
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Et celui qu'ils appellent "fou" voit l'objet et l'ombre quand le "sain d'esprit" ne voit que l'objet et croit dur comme fer que l'ombre n'existe pas.
Alors que vous et moi, nous savons que l'ombre existe autant que l'objet.
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Ceux qui le font seraient bien incapables de définir ce qu'est la folie. Moi, je vais vous le dire, Marko. Ce n'est qu'une autre manière de voir la réalité, de voir des choses que le commun des hommes ne verra jamais, empêtrés qu'ils sont dans leur illusion de ce qui est vrai et tangible, incapables d'accéder à l'épaisseur des choses et à leur part d'ombre. Chaque objet produit une ombre dans la lumière. Et celui qu'ils appellent « fou » voit l'objet et l'ombre quand le « sain d'esprit » ne voit que l'objet et croit dur comme fer que l'ombre n'existe pas. Alors que vous et moi, nous savons que l'ombre existe autant que l'objet. Pas vrai ?
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Pendant cinq jours, la météo avait été exécrable. Un vent glacial de nord-ouest soufflait ses quarante noeuds en permanence, formant des creux de quatre mètres à quelques encablures de la bouée de Pil’hours. Chaque soir, alors que les chalutiers et les caseyeurs ronronnaient dans le port, des lames venaient se briser sur les digues dans un vacarme effrayant. L’avis de tempête n’avait cependant pas été diffusé, qui les aurait cloués à quai. Il fallait sortir et c’étaient les pires conditions qu’on puisse imaginer.
Marko souffrait de tout sur la Pélagie. Du froid, du bruit, des brûlures du sel, du mal de mer. Caradec, au contraire, endurait ce régime avec une facilité déconcertante. Il avait raconté à son jeune matelot les campagnes de Terre-Neuve dans les années soixante-dix, quand il fallait trancher le poisson sur le pont par moins trente pendant douze heures d’affilée. Seuls les plus anciens avaient fait Terre-Neuve.
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Marko leva des yeux pleins de rage vers Papou.
- Moi , j'ai rêvé de ce pays , mais ce pays ne veut pas de moi. Toi, tu n'as rien demandé, tu n'as rien mérité, tu es né ici et c'est tout. Tu as beaucoup de chance.
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Marko approcha sa main du bras de Caradec et la retira sans l’effleurer. Puis il sortit dans la cour, fit quelques pas, jeta son mégot dans les gravillons et s’assit sur le capot encore chaud de la camionnette. Depuis la veille, le visage effaré de Papou l’obsédait. Il avait tenté plusieurs fois d’y trouver du sens, mais à chaque fois, l’histoire se dérobait à son raisonnement. Quelle que soit la manière dont il s’y prenait, il en arrivait toujours à la conclusion que Papou se racontait des fables. Qu’autrefois il ait été un marin courageux, sans doute. Qu’il ait sillonnée les mers du globe, pourquoi pas ? C’était le reste qu’il n’arrivait pas à avaler. L’histoire de cet ange des morts, cet Ankou que l’on pouvait toucher du doigt, de ces signes qu’il distillait parmi les vivants. Pendant tout le temps de son récit, Papou avait bu bière sur bière, sans arrêt et sans soif. Sa déchéance était irréversible. Il dévalait une pente qu’il ne parviendrait plus à remonter. Ceux qu’il aimait étaient morts. Le monde tel qu’il l’aimait se dérobait. Et toutes ces histoires étaient comme des branches auxquelles il tentait de se raccrocher. Mais sa chute était inexorable. Un jour, il verrait peut-être l’Ankou le rattraper dans sa cabane, le serrer contre un mur et lui tordre le cou. Plus tard, on découvrirait son corps inanimé, non plus ivre mort mais bel et bien mort d’ivresse. Marko, mal à l’aise, se promit de retourner voir bientôt le marginal pour essayer d’en savoir plus.
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- Ce pays est tourmenté, Marko. Cette île est belle et paisible, mais ne vous y trompez pas, elle est aussi fragile et vulnérable. Les forces impies y sont comme ailleurs, et peut-être même plus qu’ailleurs, toujours embusquées, prêtes à jeter le trouble, à répandre la discorde et la haine… Je suis là pour les combattre. Ma mission sur cette île est un combat pour la paix des âmes. Si je tiens le crucifix d’une main, dans l’autre, je porte le glaive. Je suis un soldat du Christ. L’église de Saint-Guénolé est mon fortin, cette bible, mon étendard.
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L’île de Belz était donc sa nouvelle destination. Il fallait une bonne dose de culot pour aller se réfugier sur une île et c’était précisément ce qui lui plaisait. Avec le souk qu’ils avaient mis sur l’autoroute, ses compagnons et lui auraient rapidement toute la mafia roumaine aux fesses. Et s’ils les retrouvaient, il y avait peu de chance qu’ils aient droit à un bouquet de fleurs. Il avait retourné le problème dans tous les sens et était bien obligé de constater qu’il était pris dans une nasse, qui, un jour ou l’autre, remonterait à la surface. Il n’y avait qu’une seule issue : se faire tout petit, tout mince, et, le jour venu, il pourrait peut-être passer à travers les mailles.
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Chaque objet produit une ombre dans la lumière. Et celui qu'ils appellent "fou" voit l'objet et l'ombre quand le"sain d'esprit" ne voit que l'objet et croit dur comme fer que l'ombre n'existe pas. Alors que vous et moi, nous savons que l'ombre existe autant que l'objet. Pas vrai?
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- N'importe quel livre plutôt que le petit écran! Entendez-vous Marko! Même le bottin. Du moment qu'il y a pas d'mages. L'image abrutit. Elle nous empoisonne. Elle vole notre imaginaire, anéantit nos rêves. Elle avale tout, digère à la hâte et nous recrache à la figure une bouillie nauséabonde.
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