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Citations sur Inès et la joie (10)

"Ce Caudillo est un gigolo et un connard", aimait à hurler Nicolas Franco Salgado-Araujo presque tous les soirs après avoir bu quelques verres dans les bars d'un des quartiers les plus centraux et les plus peuplé de Madrid, derrière la Gran Via. "Je le sais très bien, moi ! Je suis son père !"
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L'Histoire immortelle accomplit des choses étranges en croisant la trajectoire de l'amour des corps mortels. Ou peut-être pas, peut-être est-ce seulement que l'amour charnel n'affleure jamais dans cette version officielle de la petite histoire qui façonne par la suite la fameuse grande Histoire et sa majuscule sévère, rigoureuse, parfaitement équilibrée, avec ses angles droits à chaque sommet, mais qui daigne à peine observer les amours de l'esprit, les plus élevés, oui, mais aussi ceux qui sont bien plus pâles et par conséquent moins marquants. Les bâtons de rouge à lèvre n'atteignent jamais les manuels d'histoire.
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Quelle espèce de pays de merde est devenue l'Espagne ? Ces gars qui sont partis en courant étaient des nôtres, tu entends? C'étaient les mêmes qui, cinq ans auparavant, se seraient fait tuer sur un ordre venant de toi, sur ordre venant de moi... A présent, ils préfèrent se retrouver dans les geôles de Franco que lutter à nos côtés.
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L'Espagne n'est plus notre pays, que ça te plaise ou non, c'est la vérité. Les Espagnols que nous avons connus n'existent plus. Ils sont tous morts ou en prison, ou ils ont tellement peur qu'ils ont même oublié leur nom.
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Les manuels d'Histoire ne savent pas décrire ces regards fouillant dans l'obscurité d'un ciel délimité par les quatre angles du plafond d'une chambre. Ils ne savent pas décrire le désir qui monte peu à peu, franchit les limites d'une fantaisie savoureuse, d'une polissonnerie insignifiante, d'une impertinence amusante, jusqu'a se mettre à bouillir avec la même épaisseur métallique que le plomb fondu, un liquide lourd qui sèche la bouche, lamine la gorge, comprime l'estomac et prolonge les flammes de son empire pour aller un foyer jusque dans la plus infime cellule d'un pauvre corps humain, mortel et pris au dépourvu.
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Nous avions senti que la croûte de notre déroute se dissolvait dans l'eau sale, que le rasoir arrachait la fatigue humiliante des plages inhospitalières de nos joues, et que l'aiguille et le fil fixaient notre honneur, l'honneur de l'Espagne, sur l'insigne tricolore de notre uniforme.
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"Vous vous appelez Inès Ruiz Maldonado." Galan non plus ne pouvait pas savoir à quel point la première de nos accolades allait nous unir, mais il avait déjà décidé de se comporter comme mon ange gardien, "Elle n'est ni une invitée ni une prisonnière." Il s'était alors tourné vers moi pour me montrer une nouvelle fois qu'il savait sourire, "Viens, approche-toi... c'est une volontaire.
- une volontaire ?" Le colonel qui conservait un accent catalan aussi évident que les serpentins qui frisaient les syllabes du Sévillan qui m'avait guidée jusque-là, avait éclaté de rire, mais cela n'avait pas plu au commissaire. " Tu veux rire...
- une volontaire, c'est une volontaire, un point c'est tout." Et il m'avait doucement poussée en avant, "Explique-le-lui toi-même, allez."

p.376/377
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A Madrid, pendant la guerre, j'avais vu des scènes de ce genre, des femmes anéanties, vidées, si creuses qu'il ne leur restait même plus d'espace où ranger leur peur, assises parmi des hommes en uniforme qui les traitaient comme du bétail, comme des animaux de compagnie qu'ils venaient de trouver dans la rue et qui aimaient les coups qu'elles recevaient en échange de quelque chose à manger, d'un coin sous un toit où pouvoir dormir. C'était répugnant, cela me dégoûtait et me faisait honte. Honte parce que ces connards étaient dans notre camp, et cela me faisait encore plus de mal que la lumière sombre qui transformait les yeux de ces femmes en perpétuelles flaques noires.
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Même si nous n'avions cessé de le tenter chaque seconde de toutes les heures que contiennent trente-six années, nous n'avons jamais pu renverser Franco. En revanche, à partir de ce jour, nous avons réussi à rester vivants, après avoir tué une partie de nous-mêmes.
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Son odeur, bois et tabac, clou de girofle et savon et, en fond une chose douce et acide comme un zeste de citron pas très mûr
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