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4,03

sur 102 notes
Quel souffle ! Quelle énergie !

J'ai retrouvé dans ce livre de Almudena Grandes la même impétuosité et force de conviction que dans le premier livre que j'avais lu, Les trois mariages de Manolita. Le style d'Almudena Grandes est à l'image de la personnalité de cette femme que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans un festival littéraire à Bruxelles il y a quelques mois.

Elle nous raconte un autre épisode de la guerre d'Espagne, à travers l'histoire d'amour de Inés et de Gálan, celle du rôle du parti communiste espagnol et de la répression de celui-ci par le franquisme.

Toutefois, personne me connaissant, ne sera étonné si je vous dis que sur les 760 pages qui composent ce livre, il y a des longueurs et que j'aurais bien supprimé deux cents pages au moins.

En fait, Almudena Grandes a voulu nous donner trop de détails historiques, mais ce qui m'a déçu le plus, c'est qu'après que la Passionaria, Dolores Ibárruri Gómez, chef du parti communiste espagnol, se soit réfugiée à Moscou avec son amant, accueillis par Staline, Almudena Grandes ne nous dit rien des hésitations ou des doutes qui ont dû forcément jaillir dans l'esprit des troupes communistes à l'annonce de ce qui se passait dans les camps staliniens et qui était aussi connu que les horreurs hitlériennes. Ceci d'autant plus que l'histoire se termine bien après la disparition de Franco. L'auteure se focalise sur l'Espagne, qui se révélera également un terroir de tromperies pour la base du parti, mais j'aurais aimé davantage.

Cela reste un très bon roman, qui se lit sans discontinuer une fois commencé.
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Inès et la joie raconte l'histoire méconnue de l'invasion du val d'Aran, une opération militaire orchestrée par des guerilleros espagnols exilés en France, pour reconquérir l'Espagne en octobre 1944.
Dans ce vaste opus fourmillant de détails, Almudena Grandes évoque les dissensions internes du PCE exilé à Moscou, la formidable opération militaire du val d'Aran , l'histoire d'amour passionnée entre Galan, l'un des acteurs de cette opération, et Inès, soeur d'un avocat franquiste influent… sans oublier les amours de Jesus Monzon Reparaz et de Dolores Ibarruri, les principales figures du PCE de l'époque .
J'avais été littéralement scotchée par « le coeur glacé », cette fresque somptueuse et romanesque qui explore la vie de deux familles espagnoles pendant et après le séisme de la guerre civile : il s'agissait avant tout d'une histoire d'amour extraordinaire sous un éclairage historique passionnant.
Dans Inès et la joie, c'est l'histoire et la politique qui prennent le pas sur l'histoire d'amour entre Galan et Inès. J'ai trouvé cet épisode historique extrêmement intéressant et bien documenté, ainsi que la description des vies des exilés à Toulouse entre 1945 et 1976 ; quant à l'histoire de Galan et Inès sublimée par la plume d'Almudena Grandes, elle est évidemment passionnante… mais je pense qu'il faut vraiment s'intéresser à la politique et en particulier à l'histoire du communisme pour apprécier pleinement ce roman très touffu et j'ai été parfois un peu gênée par le procédé narratif utilisé par l'auteure.
Au final, j'ai beaucoup aimé la démarche d'Almudena Grandes : « L'Histoire avec un H majuscule méprise les amours des corps, de la chair faible qui la distord, l'ébranle, la met en pièces avec un acharnement qui est loin d'être à la portée des amours de l'esprit, plus prestigieux, bien entendu, mais également bien plus pâles, et donc moins décisifs. »
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Almudena Grandes dont le Coeur Glacé est l'un des fleurons de ma bibliothèque a projeté d'écrire Les épisodes d'une guerre interminable . le premier des 6 romans prévus est Inès et la joie . L'histoire commence en octobre 1944 lorsqu' Inès ancienne prisonnière politique, coincée dans la maison de son frère à quelques kilomètres de la frontière française entend à Radio Espagne Indépendante que les troupes du PCE basées à Toulouse sont sur le point d'envahir l'Espagne de Franco ... Inès et Galan sont les deux héros de cette histoire , avec eux leurs amis survivants de cette invasion ratée du val d'Aran , nous les suivrons jusqu'en avril 1977 et la mort de Franco ...
Roman d'une période trouble de l'histoire espagnole, période dont les protagonistes sont sortis marqués à vie . Ce récit avait de prime abord tout pour m'enchanter, une plume que j'aime, une période de l'histoire que je commence à comprendre , des personnages hauts en couleur , mais voilà à force de vouloir bien faire, à force de vouloir expliquer le pourquoi du comment du PCE et du PC central ,d'obédience stalinienne, à force de détails , certes importants , ce roman a fini par devenir à mes yeux un "fourre-tout" souvent indigeste et m'a laissé un arrière goût de déception suffisant pour me convaincre d'attendre avant de replonger dans l'oeuvre d' Almudena Grandes . Bref une lecture décevante , dommage !
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Dans la continuité du livre "le coeur glacé" que j'avais beaucoup aimé, je referme ce second opus de Almudena Granges avec un même plaisir de lecture, impressionnée par sa capacité à nous faire comprendre les années noires de l'Espagne.

Nous sommes en 1944, l'Espagne est rageusement franquiste.
Mais en Europe, les régimes fascistes se délitent et l'espoir renait chez les républicains espagnols, exilés ou emprisonnés.
Inés et Galán se rencontrent au cours des combats du Val d'Aran, s'aiment, aiment leur pays et se battent pour un même idéal de reconquête et de justice sociale.

Le montage romanesque "chorale" s'articule en trois thématiques, alternant les récits des deux personnages fictifs et une voix "off" qui décrypte les événements de géopolitique avec limpidité. La qualité documentaire est passionnante, en éclairant la réalité historique d' un parti communiste gangrené par ses luttes intestines et de combattants déracinés, idéalistes et d'un courage impressionnant.

Moins romanesque que Coeur Glacé, plus axé sur les événements et les personnalités réels, c'est un livre guerrier, profondément attachant, porté par une puissance narrative et un style fluide, en dépit de quelques envolées épiques teintées d'un brin de grandiloquence.

Almudena Grandes prévoit de continuer son devoir de mémoire par plusieurs autres livres inspirés de la guerre civile espagnole.
Je serai au rendez vous...
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Même si le choix de "Ines et la joie" pour la réunion du Club en septembre prochain n'est que le"plan B" je considère que c'est une très grande chance qu'il ait été choisi. Cela m'a permis de découvrir non seulement un superbe roman mais également une autrice Almudena Grandes (décédée en novembre 2021).

L'histoire est construite autour d'un fait historique, malheureusement peu connu : l'invasion du Val d'Aran (19/24 octobre 1944) par les guérilleros espagnols. (Ne pas oublier que, quelques semaines plus tôt, ces hommes avaient participé avec la 2ème DB à la libération de la France.)

Pendant la guerre civile espagnole Inés et Virtudes, la jeune employée de maison, participent à des réunions et actions avec des républicains membres du Partie Communiste Espagnol. Dénoncées elles seront emprisonnées. Ricardo, frère d'Inès, membre de la phalange, la sortira de prison, la mettra au couvent puis auprès d' Adela, son épouse, dans leur résidence secondaire. C'est de ce lieu qu'elle s'évadera le 19 octobre 1944 pour rejoindre à Bosost les guérilleros. Elle y rencontre Galan.

Vient alors le récit de ces six jours durant lesquels ils attendent de voir se réaliser la promesse qui leur avait été faite d' un bon accueil et du ralliement de leurs compatriotes à leur projet. Santiago Castillo responsable du Parti Communiste Espagnol, prendra la décision d'arrêter l'invasion.

Ce sera le retour en exil à Toulouse....mais j'arrête là le résumé. le roman est loin d'être terminé, reste de nombreuses pages à lire.... (le roman compte 1046 pages).

La construction du roman est intéressante. Quatre courts chapitres représentent "le récit d'événements historiques qui se sont réellement déroulés pendant la période où se situe la narration.." et quatre grands chapitres racontent l'histoire d'Inés et de Galan. le fait qu'il n'y ait pas de chronologie stricte n'est pas perturbant. Leur histoire est racontée alternativement par Inès et par Galan. Ils ne sont pas les seuls protagonistes, loin de là. de très nombreux personnages féminins et masculins complètent l'histoire. Compte tenu du nombre important de noms, prénoms et surnoms je me suis parfois sentie un peu perdue. Sont évoqués également dans le déroulé de la fiction des personnages connus, membres du PCE , comme Dolores Ibarruri (la passionaria), Santiago Castillo, Jesus Monzon...

Cet ouvrage a été pour moi une très belle découverte.
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Une oeuvre magistrale. Un roman d'amour magnifique. Un témoignage, un ouvrage de mémoire, magnifique, pathétique. Je suis venue à bout de ce livre, je suis venue à bout d'une histoire, lourde, encore aujourd'hui, et on sent à presque chaque page que l'auteur doit en découdre avec l'histoire de son pays.
Inès et la joie est un roman à double vue. J'ai apprécié le roman, épique, aventureux et l'héroïne. L'entrecroisement de la fiction et d'une histoire réelle, journalistique (là où l'on sent le règlement de compte) est moins heureux. Utile sans doute pour remettre les pendules à l'heure, la vérité donc, sa vérité, mais ce roman et les figures épiques et héroïques se suffisent.
Le personnage d'Inès incarne avec une force inouîe une Espagne qui se bat, qui perd, qui se bat encore, et qui perd encore. Inès nous raconte cette histoire de l'Espagne, une histoire vite oubliée, d'une dictature autorisée par les bonnes démocraties occidentales, autorisée, admise, et finalement aidée passivement, mais aidée, complices. Cette complicité, Almudena Grandes, l'écrit encore et encore, la dénonce. On sent qu'elle ne l'a pas acceptée et qu'elle en a encore du ressentiment. Son livre participe de cette démarche et de mon point de vue il atteint son but.
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Grandes Almudena (1960-) – "Inès et la joie" – Lattès / Livre de poche, 2012 (ISBN 978-2-253-17345-8)
– 1048 pages – traduit de l'espagnol par Serge Mestre, titre original "Inés y la alegria" publié en 2010.

Un livre consternant, au sens le plus fort du terme.

L'écriture en est poussive, répétitive, lassante : sur ces mille pages, il eut fallu en supprimer au moins un bon quart, si ce n'est plus.

La trame historique relève pour une bonne part de l'imposture, probablement délibérée de la part d'une personne qui prétend avoir fouillé les archives et interrogé des témoins survivants.
Car c'est une imposture manifeste de commettre un roman aussi long sur la Guerre d'Espagne – et tout spécialement sur les agissements du Parti Communiste Espagnol (PCE) –, en passant totalement sous silence la véritable guerre que ce parti stalinien mena contre ses "alliés" dans le camp dit "républicain", s'employant au moins autant à éliminer ses "alliés" (anarchistes, socialistes, trotskystes n'ont droit qu'à une unique mention lapidaire et méprisante, p. 775) que les franquistes, pour ne viser que l'instauration d'une "dictature du prolétariat" dont on sait aujourd'hui qu'elles furent bien aussi sinistres et mortifères que les dictatures fascisantes.
Et lorsque la population du Val d'Aren ne se "soulève" pas pour venir appuyer la "reconquête" lancée par cette "glorieuse" escouade communiste, l'auteur fournit deux explications : d'une part, le régime franquiste terrorise les gens par une répression féroce qui les réduit au rang de trouillards (quel mépris!), d'autre part le Val d'Aren est un mauvais choix puisque cette population rurale est forcément arriérée, les "prolétaires éclairés" se trouvant dans les villes (une thèse centrale de la pensée de "gauche", aujourd'hui encore l'un des fondamentaux politiques dans ces milieux de bobos urbains).
Dans son entreprise de falsification, l'auteur "oublie" la raison la plus évidente : la population espagnole a suffisamment vu les partis "républicains" s'entre-tuer tout en se livrant à divers massacres de curés ou d'opposants pour ne pas souhaiter le retour de telles exactions.

Soulignons que l'auteur elle-même, née en 1960, n'a pas connu la période historique dont elle traite.
Sa thèse sous-jacente est simplissime si ce n'est simpliste : il y eut le vilain PCE incarné par Dolorès Ibarruri (surnommée la Passionaria, objet d'un culte de la personnalité délibéré comme les partis communistes savent en imposer cf pp. 662, 928 etc) et son exécuteur des basses oeuvres Santiago Carillo (cf pp. 664-680) – deux personnages qu'elle vilipende tout au long du récit – et il y aurait eu un tout bon et gentil parti communiste, incarné par Jesus Monzon, celui-là même qui lança la pitoyable invasion du Val d'Aran en octobre 1944 à laquelle Carillo mit brutalement fin.
Certes, il est incontestable que Staline et ses séides dirigeants des divers partis communistes européens liquidèrent les tentatives de "révolution communiste" initiées par les maquisards des années 1940-1945, aussi bien en Espagne que – surtout – en Grèce (seul Tito parvint à s'imposer en Yougoslavie), mais ce point historique mérite des analyses autrement plus fouillées que cette thèse formulée à l'emporte pièce et de manière unilatérale, à la limite de la malhonnêteté.

L'auteur dresse d'ailleurs à plusieurs reprises un portrait flatteur de ce Jesus Monzon, séducteur, galant homme, élevé dans le luxe d'une famille de la grande bourgeoisie (laquelle le sauvera de la peine de mort), bien sûr très cultivé, ne vivant que dans les hôtels de luxe, mais tout plein dévoué à la révolution prolétarienne et au parti communiste (les partis communistes regorgent de tels dirigeants, dans la pure lignée de leur maître Karl Marx épousant une aristocrate qu'il cocufie avec la servante).
Ce portrait masculin reflète – en miroir – le portrait de l'héroïne féminine centrale : Inès vient elle aussi d'une riche famille prenant fait et cause pour les phalangistes qui la sauvera de la prison.

Avec cette héroïne, l'auteur se place au niveau des romans de la série "harlequin" : la toute belle héritière s'enfuit sur son beau cheval blanc, séduit le plus bel officier le soir même (pp. 376-392), capture toute seule le grand vilain traître en le saucissonnant (heureusement, il est manchot) ; lorsque les glorieux desperados rentrent en France, elle monte bien évidemment le "meilleur restaurant espagnol de France" (p. 881), tandis que son glorieux officier devient un richissime importateur de produits espagnols, et ils engendrent les plus beaux enfants qui soient, ils sont "parfaitement normaux" (p. 927), c'est-y pas beau tout ça ?

Car c'est l'autre thèse centrale de ce roman : les grands tournants de la Grande Histoire s'expliquent par les peines de coeur et démangeaisons charnelles de la petite histoire : leitmotiv maintes fois répété "L'Histoire immortelle accomplit des choses étranges en croisant la trajectoire de l'amour des corps mortels" ( cf par exemple p. 676, 677, 691 etc).
Le lecteur baigne ad nauseam dans le plus pur récit de type "Tribune de l'histoire" (Alain Decaux André Castelot) voire carrément "Angélique marquise des anges"...

Remarque plus générale : ces derniers temps, j'ai lu des romans, nouvelles et essais de Ferdinand von Schirach : cet auteur allemand, qui est le petit-fils de celui qui fut le bras droit d'Adolf Hitler dirigeant la Hitler-Jugend (jeunesse hitlérienne), se taille en Allemagne une belle renommée littéraire en assumant les thèmes et idées de la bien-pensance la plus standardisée actuellement en cours.
Le roman espagnol dont il est ici question, publié par Almudena Grandes, montre comment une toute belle héroïne issue d'une famille franquiste parvient à faire fortune en passant dans le camp communiste... La résilience à tout crin est bien l'une des principales caractéristiques de ces gens issus des "bonnes" familles de la "bonne" société : tout comme les chats, elles et ils retombent toujours sur leurs pattes.

En tout cas, ce roman est tellement mal écrit, tellement ennuyeux qu'il ne mérite que la poubelle.

PS : ma déception est d'autant plus forte que j'avais lu, il y a quelques temps, le remarquable roman de Victor del Arbol Victor del (1968-) – "Toutes les vagues de l'océan" (cf recension du 18 nov. 2019)

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Avec son énorme pavé, le coeur glacé, il était légitime de penser que Almudena Grandes en avait terminé avec le guerre civile espagnole et qu'elle allait passer à autre chose. Inés et la joie, d'une longueur plus modeste (760 pages, seulement !), revient pourtant sur cette période et la romancière annonce que 5 autres livres vont suivre, tous relatifs, d'une façon ou d'une autre, à ce traumatisme indélébile de l'histoire espagnole. Moins abouti, plus délayé que son oeuvre précédente, Inés et la joie a le mérite d'évoquer un épisode méconnu, y compris de l'autre côté des Pyrénées, une expédition donquichottesque menée en octobre 44, par une poignée de membres du parti communiste espagnol, avec le but ultime de reconquérir le pouvoir, avec l'aide des Alliés et de la population locale. Un véritable fiasco, en définitive, due en partie à l'incurie du PCE, dont les leaders étaient alors basés à Moscou. Almudena Grandes mêle la grande histoire et la petite dans une construction astucieuse, un peu lourde, parfois, où le didactisme le dispute au romanesque avec un sens du détail impressionnant. Si elle n'est pas l'héroïne du livre, Dolores Ibárruri Gómez, dite La Pasionaria, y occupe une place de choix, chef communiste pateline et charismatique, admirée aussi bien par Staline que par ... Franco. Au-delà des faits avérés, Almudena Grandes a imaginé une fiction qui lui permet non seulement de relater cette "invasion' ratée, mais aussi de s'attarder sur la vie des clandestins en mission dans l'Espagne franquiste et des républicains en exil à Toulouse. Galan et Inés, ses deux personnages principaux, liés par un amour immense, prennent alternativement la parole et racontent leur quotidien : avant, pendant et après ce fameux mois d'octobre 1944. Des vies abîmées, des âmes cabossés, des résistants indomptés, jusqu'à la mort du caudillo. Une fresque ambitieuse, sentimentale, gastronomique (il y est énormément question de cuisine) et politique qui aurait tout aussi bien pu s'appeler Inés et la souffrance. Malgré des longueurs certaines, ce livre confirme le talent de Grandes à assaisonner élans du coeur et défis à la mort, au service d'un objectif noble : la reconquête de la liberté et de la dignité.
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Livre magnifique qui commence à la fin de la guerre d'Espange lorsque les républicains passent la frontière au Perthus et à leur internement dans les camps d'Argeles et de Saint-Cyprien, sur la tentative de reprise de l'Espagne avec "l'invasion" du Val d'Aran au cours de l'automne 44. S'en suis une histoire d'amour entre le héros et sa compagne Républicaine espagnole contrainte au silence pendant des années. Après on suit leur vie entre elle qui ouvre un restaurant à Toulouse lui qui retourne en Espagne dans la clandestinité. le livre se termine à Madrid où tout le monde est revenu vivre après la mort de Franco et la restauration de la monarchie républicaine.
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« L'Histoire immortelle accomplit des choses étranges en croisant la trajectoire de l'amour des corps mortels ». Comme une lointaine cloche fidèle, cette phrase nous convoque régulièrement dans l'intimité du couple héroïque, libre, attachant et aventurier d'Inès et de Galan, à la manière des chansons de geste. Elle souligne les détours importants du récit historique, lui donne une épaisseur charnelle et affective. Elle nous rassure sur l'humanité en marche.
Almudena Grandes met en scène les convulsions de familles divisées par les opinions politiques dans l'Espagne franquiste. Elle met en scène les douloureuses luttes intestines d'un parti communiste qui se cherche et d'une république qui veut naître au coeur de la guerre civile. Vaste découverte pour beaucoup d'entre nous de ce côté des Pyrénées.
L'auteur fabrique une fresque historique dont les lecteurs les plus passionnés iront -pris au jeu- vérifier les faits souvent ignorés, dans Wikipedia. Un souffle généreux et romanesque et l'humour sous-tendent cet ouvrage ambitieux et adoucissent le sérieux obligé et un peu didactique d'une telle entreprise. Les évènements commencent en 1939 et se terminent dans les années 60. Histoire de construire plusieurs généalogies de familles résistantes et réfugiées en France. Histoire de vous perdre dans des noms à rallonges qui changent selon les besoins de la clandestinité.
Si cette oeuvre d'Almudena Grandes s'abstient de juger, elle expose l'histoire avec brio et force évocatrice. Mais en plus, c'est toute une péninsule ibérique, ses contradictions et sa culture qu' Almudena Grandes nous donne à voir, à entendre, à sentir, à toucher et à goûter. Malgré la tragédie de l' Histoire oblitérée qu'était cette de la reconquête donquichottesque du pouvoir, avec l'aide des Alliés et de la population locale. Inès et l'auteur ont en commun un côté artiste. L'une à sa plume prolixe, l'autre à ses innombrables créations culinaires. Toutes deux à leur humanité profonde.
Car de toutes ses forces de femme, elle condamne la violence. Qu'elle vienne du franquisme et ses compromissions malodorantes ou des batailles suicidaires des communistes rêvant de liberté et de pluralité.
de toutes ses forces de femme, elle poursuit le rêve de liberté. Almudena Grandes, comme son héroïne est mue par la joie elle aussi. Celle de la recherche de la vérité. Elle joue sans cesse à imaginer ce qui aurait pu être si «la trajectoire de l'amour des corps mortels n'avait pas traversé L'Histoire immortelle» Ce périple qui nous promène dans les magnifiques paysages de Toulouse à L'Espagne est palpitant. Une chanson de Roland du 20 è siècle avec ses trahisons et ses cruautés et son joyeux idéalisme, parfois pathétique.
La lutte courageuse contre l'ordre établi devient un manifeste joyeux pour la dignité de la femme et la poursuite de l'idéal. Une bataille que l'auteur gagne haut la main et qui fait le bonheur des lecteurs, malgré le nombre de pages.
Lien : http://artsrtlettres.ning.co..
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