Les dossiers ne contiennent que des informations brutes des données éparses compilées sans ordre chronologique ni cohérence, comme un roman dont les pages auraient été mélangées.
P. 153
En décembre 1924, Hoover se vit offrir le poste qu'il désirait tant et transforma rapidement le Bureau en une force monolithique qu'il ne se contenterait pas seulement de déployer au cours de ses cinquante années de règne dans le but de combattre le crime mais aussi en commettant de terribles abus de pouvoir.
C'était le corps boursouflé et décomposé d'une femme qui aurait pu être une Indienne: elle était sur le dos, les cheveux entortillés dans la boue, les yeux levés au ciel. Des vers dévoraient son corps.
Les hommes manquaient de formation scientifique et ne relevèrent ni la trace des roues ni les empreintes sur la bouteille. Ils ne vérifièrent même pas s’il y avait des traces de cordite sur le corps d’Anna. On ne prit aucune photo de la scène de crime, qui, de toute façon, fut polluée par toutes les personnes venues participer à l’enquête.
Cette phrase d'un chef osage illustrait
parfaitement leurs sentiments : "J'ai fait la paix avec l'homme blanc et déposé les armes pour ne jamais les reprendre, et maintenant, moi et les miens, devons endurer cette souffrance."
Comme le dit Sherlock Holmes dans sa célèbre formule : " Une fois que l'on a éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela soit, doit être la vérité."
Pour Hoover, cette affaire devint la vitrine du nouveau Bureau, elle venait démontrer que le pays avait besoin d’une police nationale composée de professionnels ayant suivi une formation technique et scientifique.
Croire que les Osages sont sortis indemnes de ce calvaire est une pure illusion. Ce qui a pu être sauvé est ce qui nous reste de plus cher.
Mais une question cruciale ne fut jamais abordée, ni par le juge, ni par la défense, ni même par l'accusation: est-ce qu'un jury composé de douze hommes blancs pourrait condamner un autre Blanc pour avoir tué des Indiens ? Un journaliste sceptique nota : « L'attitude des colons, éleveurs de bétail, envers les Indiens non métissés est bien connue. » Un éminent membre de la tribu dit les choses encore plus franchement : « Je me demande si ce jury considère qu'il s'agit bien ici de meurtres et non de maltraitance sur des animaux. »
P. 280
L’Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début.