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Pas simple ce roman. Pas simple du tout. Une langue riche et complexe qui vous emporte dans le cerveau d'un type rendu dingue par ce qu'il a fait « là-bas ».
Ça commence dur, c'est violent et brutal. Mais la guerre, c'est aussi violent et brutal...
C'est pas tout à fait une promenade bucolique le long d'une jolie rivière, celle où tu causes philosophie avec ton pote…
Tu débarques à Bangkok, sur la cité flottante. T'es pile dans le cerveau de Broussard. Broussard, c'est un afro-américain, un de ceux qu'on a envoyé à la boucherie au Vietnam, quand ça s'appelait plus l'Indochine. T'es dans le cerveau de Broussard, et Broussard, il va pas bien. Il tente d'échapper à Molosse Noir, une créature infernale qui le poursuit depuis l'opération Algernon.
Grau te propulse dans la tête de Broussard, et tu sais jamais si t'es dans un cauchemar ou dans la vraie vie, parce que Bangkok, c'est pas la ville la plus sûre du monde et que tout peut surgir du coin de la rue. Tout peut surgir, et surtout les fantômes de ton passé…
Et c'est le passé que tu essaies d'oublier, de cacher sous les décombres de ta vie précédente. Tu sais, comme quand tu planques sous les coussins du canapé les trucs que tu veux pas qu'on voie…
Broussard, il a croisé Chapel, dans sa vie d'avant, et Chapel lui a proposé son plan pour mettre fin à la guerre. Il a recruté d'autres types, et les a emmenés au Laos. Opération clandestine, pour éradiquer la menace Viêt-Cong. Tu te souviens sûrement pas, mais le Laos était neutre.
Donc, dans éradiquer, il y a peur. Parce que la peur, d'après Chapel, c'est foutrement plus efficace que les bombes pour gagner une guerre.
T. E. Grau, comme un toubib un peu dingue, dissèque le cerveau de Broussard, et étale sur les pages ce qu'il reste d'une psyché fracassée par le syndrome post-traumatique.
Tu vas te souvenir de Cimino et de son « Deer hunter », et puis forcément, de Coppola et de son « Apocalypse now ».
Forcément.
La suite : https://leslivresdelie.net/je-suis-le-fleuve-t-e-grau/

Lien : https://leslivresdelie.net/j..
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Une claque !! Sur les conseils des babeliottes (!) J ai plongé tête la première dans le fleuve, et j y suis encore, même si le livre a rejoint une belle place dans ma bibliothèque..
L écriture est serrée, sublime au regard de ce voyage en pays halluciné. l'histoire se tient admirablement bien, la construction du texte participe également à cette ambiance post traumatique.
Les dialogues, les personnages, l ambiance générale, mais surtout le monologue d Israël Broussard vous prennent aux tripes..c est terriblement efficace.
La référence au chef d oeuvre de Conrad est omniprésente, même si dans le cas présent, on rentre complètement dans le cerveau torturé du "héros"..
Je salue bien bas l auteur pour sa maîtrise du sujet. A croire qu il a vécu l enfer de Broussard..
C est du grand art. Je vais le recommander très fortement.. ca ne s adresse pas à tout le monde non plus.
J aimerai juste savoir si d autres ouvrages de cet auteur ont été traduits..ou vont l être.


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« Je suis le Fleuve » de T.E. Grau traduit par Nicolas Richard (2020, Sonatine, 288 p). Ted E. Grau a été récompensé par un Shirley Jackson Award et un Bram Stoker Award. Deux prix pour des romans ou des nouvelles fantastiques ou d'horreur psychologiques. Il vit actuellement sur la côte ouest à Los Angeles.
Encore un livre sur le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) des vétérans de la guerre du Vietnam. Certes bien écrit et qui se lit relativement bien (3 heures). C'est déjà un point positif, ce sera peut-être le seul. Histoire de la mission Algernon pendant la guerre du Vietnam, avec des infiltrations au Laos. On comprend très vite le but de la mission. le commanditaire Augustus Cornwallis Chapel recrute des GI qui ont eu des problèmes dans l'armée régulière. On se doute que ce n'est pas pour rien, qu'il les entraine dans des missions, ici au Laos, en zone non combattante. ». On s'en serait douté que ce n'était pas pour faire du tourisme. On pense cependant aux « Douze Salopards », qui a une tout autre facture.
D'ailleurs le dossier militaire de ces hommes, dont Israel Broussard, originaire de Louisiane, est vide de tout fait concernant cet épisode. C'est le début du roman, avec la confrontation avec deux psys, dont le docteur Massaquoi et son presse papier en verre en forme de « méduse prise dans une bulle d'air. Elle étouffe car elle ne peut pas respirer comme nous ». de la méduse au chien noir, quasi un veau d'une demi tonne, baptisé « Molosse Noir ».
A vrai dire les séquences du début, à Bangkok sont plus indicatives que son opération au Laos. On sent bien que Israel n'a pas récupéré de ses aventures dans la jungle à regarder le Fleuve. le Fleuve, toujours lui. « Peut-être est-ce le Fleuve. Un défilé de tombeaux, des torches minuscules dans des pattes de chats en céramique. Je n'arrive pas à me souvenir, mes mains sentaient l'essence, mais elles ont toujours l'odeur de quelque chose qui pourrait brûler ». Fleuve qu'il aperçoit dans son escapade, avec posé dessus des bougies flottantes qui sont comme un défilé ou un pèlerinage des morts. Image évidente d'un autre fleuve qui nous sépare du royaume des morts, mais qui est tellement mieux décrit dans Dante ou même dans les auteurs grecs. Et encore plus suggestif dans les poèmes de Seamus Heaney «Aeneid Book VI » (2016, Farrar, Straus and Giroux. 112 p.).
Quant à la mission que l'on propose à Israel Broussard, je lui préfère, et de loin « le Chagrin de la Guerre » de Bảo Ninh (2011, Philippe Picquier, 304 p.) que je n'ai pas pu lire en français car épuisé et totalement indisponible, je me suis donc rabattu sur un vieil exemplaire de « The Sorrow of War » (1995, Riverhead Books, 236 p.). C'est un des rares livres écrit par un ancien combattant du Nord-Vietnam.
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« Elle est lourde, cette bête, et mes poumons n'arrivent pas à se gonfler, alors ils happent de petites goulées d'air en mini secousses doubles ou triples, juste assez d'air pour éviter que je me noie dans le Fleuve qui a envahi mon lit, sous le poids de ce chien assis sur ma poitrine, qui m'enfonce dans l'eau. Ce Fleuve brûlant, à la surface jonchée de flammes. »


Est-il possible d'en appeler de manière plus condensée à l'Enfer dans la mythologie ? L'enfer, c'est là où se trouve Broussard, soldat américain envoyé faire la guerre au Vietnam. Mais si ce roman raconte la guerre et ses horreurs, c'est uniquement à travers la conscience tourmentée de Broussard. Broussard qui, pour avoir désobéi à l'ordre de tuer, sera embringué dans une opération secrète qui, bien que n'ayant jamais existé, portera le nom d'Algernon (« comme l'auteur » paraît-il : si vous pouvez m'éclairer surtout n'hésitez pas… je ne connais que le roman !), avec un escadron fantôme et dans des circonstances dont, de fait, il ne pourra jamais parler - et qu'il ne pourra donc pas exorciser.


« Pourquoi vous a-t-on retrouvé au sud-ouest du Laos, un pays où les soldats des Etats-Unis n'ont pas le droit de mener leurs opérations ? Qui vous a emmené là-bas, et qu'est-ce que vous fabriquiez, en violant la souveraineté internationale, mettant du même coup votre pays dans une situation dangereuse et potentiellement gênante ? »


Le roman débute avec un Broussard déboussolé, tentant de contrôler son corps et son esprit en face d'un psy inquisiteur. Sauf que tout se mélange dans sa tête, le présent, le passé, le futur ; le réel et l'irréel. Depuis son retour de la Jungle, Broussard a comme un gros chien noir sur la poitrine qui l'empêche de respirer, et le bouillonnement du fleuve, dans sa tête, menace de le noyer pour de vrai. Où qu'il aille, le chien le suit ; dès qu'il est seul, son poids l'étouffe. S'il s'endort, le Cerbère de ses secrets les plus sombres l'emportera, et l'enfer qu'il lui promet semble bien pire que cette survie en sursis… Quel est donc ce chien des Enfers ? D'où sort-il ? Et qu'a fait Broussard pour avoir son poids sur la conscience ?


*****

Après la courte 4ème, j'attendais tellement autre chose de ce livre que j'ai failli être déçue. J'ai même craint très fort de voir arriver un surréalisme à deux balles qui bâclerait tout ça… Mais j'achève finalement une histoire bien foutue et qui fonctionne. Dès le départ du roman, le soldat Broussard semble souffrir d'une sorte de SSPT. Il se méfie même des médecins chargés de déterminer s'il feint la folie pour éviter la cour martiale, ou s'il détient un secret à déterrer, ou s'il est vraiment fou et alors que feront-ils ? Surtout, dans la tête de Broussard, une autre voie semble exister. Une voie plus invraisemblable, et donc inexplicable à des médecins cartésiens. Cette voie qui m'a fait craindre que je n'allais pas du tout aimer la fin, s'annonçant trop facile à mon goût. Vous savez, comme quand on vous pond un truc magique pour expliquer l'inexplicable sans se fatiguer. Mais non. En refermant ce livre, c'est le mot cohérence qui me vient. Un tout où est mêlé le vrai au faux, que nous tentons de démêler. Mais souvent les deux font la paire et sont inextricables.


Sur la forme, l'auteur joue à la fois sur la paranoïa de Broussard, son déboussolement (on va faire comme si ce mot existait), les légendes vietnamiennes, les traumatismes personnels et les secrets de l'armée, pour brouiller les pistes dans le cerveau de Broussard - et donc du lecteur. Car celui-ci n'a d'autre choix que de se laisser porter par les pensées décousues de Broussard, à qui l'angoisse et ses « médicaments » font perdre la notion de réalité. A chaque fois que les périodes de sa vie se mélangent, les chapitres s'alternent. L'auteur réussit toutefois à ne jamais nous perdre. L'écriture n'a rien d'extraordinaire en elle-même, mais elle devient efficace car l'auteur a méticuleusement pensé autant son intrigue que sa construction.
Finalement, ce mélange de réel et de conte métaphorique qui aurait pu paraître rocambolesque demeure crédible. Il intrigue et donne envie de connaître l'origine du duo Fleuve-Chien.
La métaphore est évidente, c'est certain. Mais elle est habile par son imbrication dans les détails de l'histoire : Les bribes de mythologie qui planent dans le subconscient de Broussard ne font que mettre des images symboliques sur une culpabilité, exacerbée par les légendes vietnamiennes qui ont été le nerf de sa guerre…


« Je suis le Fleuve », ne cesse de murmurer l'eau qui ne dort jamais dans la tête de Broussard. Et s'il s'agit de celui qui sépare les Enfers du royaume des vivants, celui que seuls les morts enterrés selon les règles ont le droit de traverser dans la barque du passeur, le titre sonne comme un avertissement, qui prend tout son sens lorsque l'auteur dévoile les traditions du pays.
Comme si cela ne suffisait pas, le molosse infernal ajoute sa présence putride à la scène ; tel le Cerbère à trois têtes, dont chacune voit et représente le passé le présent et le futur, le chien noir sans forme de Broussard espionne toute la vie du persécuté, pour qui ces trois repères temporels se confondent : ils forment un tout que le chien des enfers accuse, enfermant soigneusement Broussard dans sa mauvaise conscience jusqu'à ce qu'il s'y étouffe et que cela le tue à petits… feux. Alors on veut savoir : Qu'a-t-il pu faire pour mériter ça ? Qu'est-ce que garde le chien, ou qu'est-il venu récupérer ? Veut-il punir Broussard ? Et encore une fois, lorsqu'on accole les actes de Broussard aux coutumes locales, l'image du chien finit par faire sens.
Les flammes de l'enfer auront également leur pendant sur ce fleuve laotien.
Même sa peur de dormir est infernale quand, dit-il, le fleuve et le chien le tueraient dans son sommeil, et la mort, loin d'en finir, serait pire que ce brouillard où il patauge actuellement. Car on sait qu'au pays de la nuit, des songes et du sommeil habitent Cerbère et Thanatos, la mort…


Reste à résoudre les vraies questions : Pourquoi Broussard croirait-il devoir mourir dans d'atroces souffrances ? Et plus important encore : Comment des légendes peuvent-elles devenir réalité dans la tête d'un occidental ? Que s'est-il passé dans cette Jungle et, surtout, Broussard peut-il guérir de ses (métaphoriques on l'espère) séquelles ? Une seule solution pour le savoir : prendre le parti de l'écouter, quitte à flirter, sur la corde raide, avec des légendes lointaines, avec la folie, celle des hommes, de leur foi… Et de leur conscience profonde.


« Il faut que je sois invisible, car ils ne doivent pas voir en moi, pas voir le lourd objet caché dans ma poche avant droite. »
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Israel Bouchard, le narrateur torturé du roman est un vétéran du Vietnam qui a participé à la mission Algernon, opération secrète menée au Cambodge sous les ordres d'un mystérieux agent de la CIA nommé Chapelle. Depuis cinq ans, Bouchard se terre dans les entrailles de Bangkok où il joue parfois l'homme de main pour le compte de trafiquants de drogues. Mais le narrateur essaie surtout de survivre comme un animal blessé, hanté par de terribles cauchemars. le Fleuve semble à tout moment sur le point de liquéfier son environnement, de l'absorber, de l'emporter avec lui pour lui faire payer le prix de péchés aussi innommables qu'oubliés ; un énorme molosse noir à l'haleine putride menace de le dévorer s'il a le malheur de se laisser emporter par le sommeil. Au moment où il pense avoir touché le fond de l'abîme, Bouchard va pourtant entrevoir une lueur d'espoir au coeur de la nuit poisseuse de Bangkok.

Je suis le Fleuve est un roman étrange jusqu'à en être dérangeant, souvent onirique et parfois envoûtant. le livre de T.E. Grau convoque ce moment où la terreur pure confine à la folie que décrit si bien Joseph Conrad dans Au coeur des Ténèbres ; les méandres du fleuve de la péninsule indochinoise qui hantent le héros évoquent explicitement l'univers trouble et menaçant d'Apocalypse Now, lui-même inspiré du roman de Conrad.

Les longues descriptions des peurs qui étreignent l'âme perdue d'Israel Bouchard sont le coeur du roman ; parfois difficiles à surmonter, elles en font toute l'originalité. Je suis le Fleuve est ainsi une plongée insolite dans un interminable cauchemar éveillé, noir comme une nuit sans lune, visqueux comme les bas fonds de Bangkok, aux senteurs enivrantes d'un jardin envahi par les fleurs du mal.
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'intrigue de ce roman, une difficulté surement à l'image de la psyché dévastée de son héros entre ses hallucinations, ses cauchemars et son esprit qui part complètement à la dérive.
En revanche, les 80 dernières pages m'ont captivée et je n'ai pu relâcher l'ouvrage. Les événements s'enchaînent et le lecteur parvient à comprendre pourquoi le Fleuve et le gros chien cosmique hantent Broussard : la lumière est faite sur l'opération Algernon et on comprend enfin ce qui justifie l'état de cet homme.

J'ai beaucoup aimé la personnification du Fleuve : l'eau qui s'infiltre au plus profond du soldat et mord sa peau, sa gueule béante qui rugit et qui est prête à l'engloutir. le Fleuve tel un vieil ennemi vit au travers de Broussard et le dirige peu à peu vers sa propre mort. Elle le noie, elle veut l'emporter dans l'abîme. Broussard doit rester éveillé pour éviter que le Fleuve ne l'emmène ici-bas, dans son antre ; d'où ses cauchemars récurrents et sa fatigue extrême.

Broussard a peur de fermer les yeux en raison de ce qui s'y passent quand ils sont fermés : un chien, un gros molosse noir d'une demi-tonne s'appuie sur sa poitrine l'empêchant de respirer, l'enfonçant un peu plus dans le Fleuve et cherchant à le dévorer de sa gueule humide. le chien représente le souvenir que Broussard cherche à étouffer, un souvenir qui ne demande qu'à resurgir, d'où l'omniprésence de la bête.

L'écriture est intense révélant bien la complexité de l'aliénation de son héros ; subir ou survivre, le choix est binaire et le lecteur tout au long de sa lecture se demandera à quel moment le Fleuve finira par l'emporter
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Ce roman m'a happée avec une telle force que je l'ai lu d'une traite...
L'entrée dans "Je suis le fleuve" est abrupte. En nous immergeant d'emblée dans le cauchemar éveillé et paranoïaque de son narrateur, T.E. Grau provoque à la fois un choc et une certaine confusion.

Cinq ans auparavant, mobilisé au Vietnam, Israël Broussard était en passe d'être jugé en cour martiale pour avoir refusé de tirer sur l'ennemi lors d'un assaut. Il a valu d'y échapper à Augustus Cornwallis Chapel, un mystérieux officier qui le recruta, avec quatre autres soldats, pour mener une opération clandestine contre les Vietcongs au Laos...

Depuis, Israël se terre à Bangkok, errant tel un mort-vivant dans la Cité Flottante en proie à d'infernaux démons qui se matérialisent en visions prégnantes, sous la forme d'un Molosse-Noir menaçant et gigantesque, d'un Fleuve à l'eau rampante inondant ses pieds en permanence... Oscillant entre l'horreur d'hallucinations s'immisçant dans le réel et les comateuses accalmies que lui procurent opium et Dexedrine, il nous entraîne dans le magma qu'est devenue sa conscience hantée par la culpabilité, où se mêlent les manifestations délirantes de traumatismes passés et récents.

L'irruption d'un agent de la CIA en quête de réponses sur la mystérieuse mission à laquelle a participé Israël, le pousse à revenir aux racines de son tourment.

T. E. Grau choisit pour décrire l'horreur de la guerre d'approcher l'intime, d'exprimer la dévastation intérieure, éreintant au passage, avec un amer cynisme, une Amérique qui s'érige en gendarme du monde, état meurtrier sacrifiant sans scrupule, au nom de sa pseudo-grandeur morale, ses ennemis comme ses propres citoyens.

Mais ce que l'on retient surtout de "Je suis le fleuve", c'est sa puissance d'évocation hors normes, cette osmose entre noirceur hallucinée et lyrisme, propre à nous faire entendre les bruissements de cet enfer vert qu'est la jungle, avec ses sangsues, ses moustiques, ses fourmis, et sa végétation agressive, à nous imprégner de son humidité, à nous faire sentir les odeurs d'égouts et de poisson pourri des rues grouillantes, comme si nous avions investi l'esprit d'Israel Broussard. "Je suis le fleuve" ne se raconte pas, d'ailleurs. Il se vit, de manière quasi hypnotique...

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« Je suis le fleuve », ambigu non ? Est-il le fleuve ou suit-il le fleuve ? Un titre révélateur sur le contenu du livre car le texte est complexe, le personnage qui l'anime ambivalent.
Le début de ce récit n'est pas simple à cerner, parachuté dans l'esprit malade de Broussard, cet ancien combattant de la guerre du Vietnam, le lecteur se débat pour comprendre ce qui relève du délire, de la réalité, des troubles de la conscience, des hallucinations ... Si nous disposons des notions de lieu, de temps, nous perdons tout de même souvent le nord aux côtés de cet être traumatisé. Est ce qu'au fil des pages on s'habitue ? Oui et pour ma part, plus j'avançais plus j'appréciais, il me fallait savoir ce qui avait provoqué tous ces troubles à cet homme. La plume implacable de T.E. Grau y est aussi pour quelque chose, acerbe et poétique à la fois.
Un livre saisissant, je remercie Babelio pour sa masse critique et Sonatine qui publie des auteurs formidables.

Parce qu'une guerre ne se termine jamais ...
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Le livre commence de manière assez floue, il faut quelques chapitres pour s'adapter et surtout comprendre, mais une fois cela fait nous partons pour un voyage intérieur assez dur et sombre, doublée d'une histoire de guerre sanglante où le lecteur n'est pas épargné, entre mort et perdition, hantise personnelle due aux actes commis, notre personnage principal va tout faire pour ne pas être englouti dans le fleuve de ses pensées (souvent imagées par un vrai fleuve sous forme d'hallucinations, d'où le titre du roman) et va essayer de trouver la rédemption, d'apaiser ses démons.

Les décors sont magnifiques, j'adore l'Asie et évidemment la jungle du Laos et du Vietnam qui donnent très envie de s'y aventurer, ses décors chauds et moites, une ambiance qui m'a toujours attirée.

Les personnages sont charismatiques et torturés, violent parfois, émouvant également, et le scénario donne une impression moderne du film « Apocalypse Now » ou encore du film « Platoon » pour le côté psychologique.

Un récit très marquant !
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Tout comme son illustre compère James Crumley et son "un pour marquer la cadence" ; je suis le fleuve et le 1er roman de T:E: Graut.

Je lui souhaite de rencontrer le même succès que Crumley.

Le Vietnam, une histoire chelou, c'est poisseux, Au coeur des ténèbres,

Bravo Sonatine et merci Babelio de me permettre de lire des romans qui claquent claquent

Une petite citation pour vous mettre en bouche :

" Je n'arrive pas à me souvenir, mes mains sentaient l'essence, mais elles ont toujours l'odeur de quelque chose qui pourrait brûler. "
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