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Citations sur L'ombre de la baleine (105)

Ma mère et moi vivons dans un immeuble de trois étages rue Ellen-Key à Fruangen, une banlieue pas trop moche au sud de Stockholm. Le trajet en métro jusqu’à la gare centrale dure très exactement dix-neuf minutes – on peut bien gaspiller dix-neuf minutes de sa vie, non ?
Dix-neuf minutes pour se rendre au centre-ville, dix-neuf minutes pour en revenir. Si l’on fait cela chaque jour pendant un an, cela fait treize mille huit cent soixante-dix minutes par an, c’est-à-dire deux cent trente et une heures, soit près de dix jours.
Dix jours perdus : ce n’est pas rien finalement.
Il peut se passer beaucoup de choses en dix jours.
Ce que je veux dire, c’est qu’il est bon de calculer avant de tirer des conclusions hâtives, notamment que dix-neuf minutes dans le métro n’ont aucune importance.
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J’entends ma mère s’affairer dans la cuisine. Quelle plaie, ma daronne ! Non seulement elle me rebat les oreilles avec ses injonctions – cherche du boulot, va à l’agence pour l’emploi, range la vaisselle et j’en passe – mais en plus elle se fait de la bile du matin au soir. Et son anxiété pénètre en moi ; tout mon corps me démange comme si des fourmis se promenaient sous ma peau.
On dirait qu’elle n’a pas pigé que je suis adulte. J’ai fêté mes dix-huit ans le mois dernier ; pourtant, elle continue de me couver comme une mère poule, à vouloir contrôler mes moindres mouvements, comme si j’étais sa mission sur cette Terre. Ça me rend dingue.
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Je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin-là, peut-être un peu de ménage. Mon genou me faisait terriblement souffrir et je crois que j’ai avalé plusieurs comprimés anti-inflammatoires. J’ai peut-être fumé quelques cigarettes en cachette sous la hotte de la cuisine et Nadja a regardé des dessins animés. D’ailleurs, j’avais dû augmenter le son à cause du vacarme des travaux sur l’avenue Karlavägen.

Ma fille aînée, Alba, a téléphoné depuis Paris pour m’emprunter de l’argent. Placide mais déterminé, je lui ai demandé d’en parler à sa mère : n’avais-je pas déjà rallongé de trois mille couronnes son argent de poche ? Sans oublier qu’Alexandre et Stella, son frère et sa sœur, n’avaient rien eu. Il fallait bien faire preuve d’équité, non ?

L’équité, quel drôle de concept, a posteriori.

Au bout d’un moment, Nadja, lasse de la télévision, s’est mise à chouiner, inconsolable. Je l’ai prise dans mes bras et j’ai arpenté l’appartement, tentant vainement de la calmer. Son petit corps était brûlant de fièvre et je lui ai donné du paracétamol, contre l’avis Afsaneh – une autre de nos pommes de discorde. Selon elle, on ne doit pas administrer de médicaments aux jeunes enfants, sauf s’ils sont à l’article de la mort.

Nadja a fini par s’apaiser – grâce à l’antipyrétique, à la tartine préparée par mes soins ou au bruit des travaux dans la rue qui représentait une distraction bienvenue, je l’ignore. Elle a voulu regarder dehors et je l’ai soulevée sur le rebord intérieur de la fenêtre. Elle est restée un long moment comme ensorcelée, à observer la pelleteuse creuser lentement la chaussée trois étages plus bas, tout en léchant de sa petite langue pointue le beurre de sa tartine et la morve sur sa lèvre supérieure. Nous avons discuté quelques instants de tractopelles, voitures, camions et motos – de tous les moyens de locomotion, en somme. Nadja était fascinée par les engins à moteur, surtout les plus bruyants – Afsaneh et moi l’avions déjà remarqué.

C’est sans doute à ce moment-là qu’Afsaneh a téléphoné depuis le café.
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Nous étions une famille assez ordinaire et c’était une matinée comme toutes les autres, une matinée banale, l’une de ces journées auxquelles on n’attache aucune signification particulière avec la conviction qu’elles ne changeront pas le cours de notre vie. Simplement une journée de plus à supporter, à vivre.
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« Marrant, comme les couleurs du monde genre réel n’ont vraiment l’air réel que quand on les reluche sur l’écran. »

Anthony BURGESS, L’Orange mécanique
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