Je viens juste de sortir du “Journal de ma disparition”, enchantée, et j'ai eu très envie de poursuivre avec les personnages, tant que c'était frais dans ma tête...
Et pour vous dire la vérité, j'ai eu comme l'impression d'avoir un caillou dans ma chaussures de lectrice... Un élèment de l'histoire, m'a infiniment dérangé, au point de, presque , tout gâcher...
Encore une fois, un mode narratif similaire au "Journal.." : trois personnages prennent la parole en alternance.
- Pernilla, femme très pieuse qui trouve des sachets de cocaïne, dans la chambre de son fils et qui le met à la porte. Elle se fera du souci, et finira par signaler sa disparition à la police.
- Samuel , son fils, livré, donc, à lui-même , risque gros, car sa mère a jeté les sachets de coke, et son patron-dealer est loin d'être un tendre. Il trouvera une planque, sur une île isolée, comme garde-malade/ homme de compagnie d'un adolescent plongé dans le coma, sur lequel veille uniquement sa mère.
- Et Manfred , l'inspecteur déjà croisé dans d'autres enquêtes, sur lequel, le focus est mis dans cette histoire. Sa fille de deux ans, vient d'être victime d'un accident . Elle se trouve (elle aussi) dans le coma, et personne ne sait si elle se réveillera et dans quel état... Outre, ce drame privé , Manfred doit faire face , dans son mètier, à une série de meurtres sur de jeunes hommes, échoués sur la côte.
Mon caillou dans ma chaussure, c'est ce personnage : Manfred.
Comment peut-on croire qu'un père, dont la fille vit peut-être ses derniers instants, parte travailler et soit efficace ? En admettant qu'il n'ait pas droit à des congés en Suéde pour se rendre disponible , est-il crédible qu'une personne qui vive cela, invite à dîner un ami doctorant de sa femme, comme si de rien n'était, comme si la vie pouvait suivre son cours . Ils papotent gentiment tous les trois, de la thése de l'ami, décontractés, c'est tout juste s'il y a une question sur l'état de la petite...Quelques pages plus loin, il déguste un verre de vin avec sa femme. Comment tu peux déguster quoi que ce soit quand la chair de ta chair est dans le coma ? Ridicule ! On ne parle pas ici, d'un coma qui dure vingt ans, c'est très frais... Quel intérét de mettre un personnage dans cette situation si c'est pour la traiter " par dessus la jambe" ? . J'ai trouvé cela invraisemblable, limite une insulte à tous les proches de malades...
Et après , ce malaise s'est étendu comme une tache d'huile sur toute l'équipe de flics.
Hanne , la profileuse surdouée qui est atteinte d' Alzheimer , est-elle vraiment en capacité de conseiller ? Est- ce seulement crédible, du point de vue médical ?
Et Led': comment peut-il séduire en étant si “crado” ?
Et puis, je m'étais attachée au personnage de Malin, et ce qui lui est arrivé ( entre la fin du “ Journal de ma disparition”, et ce tome-ci), est très vite (trop vite) expédié. Comment, alors qu'Andreas ne lui plaisait pas du tout, en est-elle arrivée à tomber enceinte de lui ?
Si c'est pour esquisser des portraits de flics et botter en touche après, ou les oublier dans les tomes suivants, autant ne pas parler de leurs vies privées !
Il me semble, que Madame Grebe, veut trop en dire, et qu'elle s'éparpille avec tous ses personnages, les traite de façon superficielle .
Malgré tout cela, l'intrigue policière est originale et intéressante, ( tout ce qui arrive à Samuel dans la deuxième partie). le personnage de Pernilla et sa dépendance à la religion aurait pu être plus creusé.
Il y a quelques moments de pur délice, "absurdes", incongrus, ( comme ce passage qui pourrait devenir culte dans une série télévisée), où un personnage , pour se donner du courage, se récite tous les titres du groupe ABBA...
Il est dit sur la couverture, que c'était un livre sur la filiation. Je n'ai pas trouvé que les exemples évoqués étaient représentatifs .
Par contre, il y a une réflexion très pertinente sur les réseaux sociaux, leur utilisation, et les dérives malsaines ou stupides que ce moyen de communication suscite.
De très belles choses.
Et du vraiment moins bon,( et tous les passages concernant Manfred, sa femme et leur fillette, à retirer...).
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Polar suédois, une enquête du duo Manfred et Malin, un roman enlevant, avec tour à tour les points de vue de différents personnages.
— Manfred, policier dont la vie est chamboulée lorsque son enfant tombe par la fenêtre. Drame, culpabilité, couple en péril. Comment passer à travers l'épreuve tout en continuant son enquête avec sa collègue très enceinte Malin ? Car on a trouvé un cadavre, puis un autre, ils pourraient faire face à un tueur en série.
— Samuel, un jeune homme qui a du mal à trouver sa place dans la société et qui est entraîné vers l'argent facile du trafic de drogues. Sa vie dérape encore plus lorsque le « paquet » qu'il avait sous sa garde est détruit.
— La mère de Samuel, une mère célibataire qui ne l'a pas eu facile avec son père pasteur. Elle est démolie par la disparition de son fils qui disparait au moment où elle perd la confiance qu'elle avait dans le chef de sa congrégation religieuse. Mais elle est résolue à se battre…
Un roman qui critique l'omniprésence des réseaux sociaux où les grands malheurs suscitent beaucoup plus de « likes » que la vie heureuse ordinaire et qui sont un nouveau miroir pour le narcissisme où il faut « exposer » sa vie…
Un bon suspens pour terminer l'été!
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Dans un récit à triple narration qui brouille sans cesse les pistes, l'autrice nous entraîne dans une enquête haletante aux retournements surprenants.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin-là, peut-être un peu de ménage. Mon genou me faisait terriblement souffrir et je crois que j’ai avalé plusieurs comprimés anti-inflammatoires. J’ai peut-être fumé quelques cigarettes en cachette sous la hotte de la cuisine et Nadja a regardé des dessins animés. D’ailleurs, j’avais dû augmenter le son à cause du vacarme des travaux sur l’avenue Karlavägen.
Ma fille aînée, Alba, a téléphoné depuis Paris pour m’emprunter de l’argent. Placide mais déterminé, je lui ai demandé d’en parler à sa mère : n’avais-je pas déjà rallongé de trois mille couronnes son argent de poche ? Sans oublier qu’Alexandre et Stella, son frère et sa sœur, n’avaient rien eu. Il fallait bien faire preuve d’équité, non ?
L’équité, quel drôle de concept, a posteriori.
Au bout d’un moment, Nadja, lasse de la télévision, s’est mise à chouiner, inconsolable. Je l’ai prise dans mes bras et j’ai arpenté l’appartement, tentant vainement de la calmer. Son petit corps était brûlant de fièvre et je lui ai donné du paracétamol, contre l’avis Afsaneh – une autre de nos pommes de discorde. Selon elle, on ne doit pas administrer de médicaments aux jeunes enfants, sauf s’ils sont à l’article de la mort.
Nadja a fini par s’apaiser – grâce à l’antipyrétique, à la tartine préparée par mes soins ou au bruit des travaux dans la rue qui représentait une distraction bienvenue, je l’ignore. Elle a voulu regarder dehors et je l’ai soulevée sur le rebord intérieur de la fenêtre. Elle est restée un long moment comme ensorcelée, à observer la pelleteuse creuser lentement la chaussée trois étages plus bas, tout en léchant de sa petite langue pointue le beurre de sa tartine et la morve sur sa lèvre supérieure. Nous avons discuté quelques instants de tractopelles, voitures, camions et motos – de tous les moyens de locomotion, en somme. Nadja était fascinée par les engins à moteur, surtout les plus bruyants – Afsaneh et moi l’avions déjà remarqué.
C’est sans doute à ce moment-là qu’Afsaneh a téléphoné depuis le café.
" Les réseaux sociaux vont transformer notre société en profondeur . Ils vont nous transformer en profondeur . Et pas nécessairement en bien.Outre nos addictions aux likes,nous risquons de devenir de plus en plus passifs . Comment évolue notre vision du monde si nous expérimentons les choses à travers un intermédiaire au lieu de les vivre ? C'est un peu comme lire des informations sur la couleur bleue,mais ne jamais la voir . Nous vivons à travers une lentille d'appareil photo,il y'a toujours une couche entre l'individu et la réalité.Une membrane . Je crois qu'il existe un risque que les nouvelles technologies nous abrutissent. Qu'elles procèdent à un lavage de cerveau et nous plongent dans une sorte de...
De torpeur ? "
Jeanette a près de deux mille followers sur Instagram et poste au moins cinq selfies par jour, le plus souvent en débardeur décolleté ou avec son chiot dans les bras, ou, encore mieux, avec son clébard coincé entre ses seins comme une espèce de hot-dog.
D'où sa popularité.
Sur un archipel de Stockholm, plusieurs hommes sont retrouvés morts, jetés à la mer. Manfred policier élégant et Malin sa coéquipière enceinte jusqu'au cou vont mener l'enquête. La piste d'un lien avec le trafic de drogue est au départ privilégiée jusqu'à ce Pernilla signale la disparition de son fils...
L'originalité de ce roman est l'écriture à 3 voix : Manfred, Pernilla et Samuel. Les pensées et actions de ces 3 personnages qui se retrouvent liées par ces meurtres conduisent le lecteur vers quelques fausses pistes mais surtout montrent bien comment un hasard ou un étonnant concours de circonstances est souvent la clé de résolution d'une énigme.
Pour ceux qui adorent explorer les recoins de l'âme humaine, lisez-le absolument, excellent polar sous fond d'île suédoise !
« Ma mère affirmait souvent que le temps guérissait toutes les blessures — comme si le temps était une infirmière en blanc, aux mains douces, qui s’affaire autour de nous et nous sert du bouillon chaud, et non une faucheuse qui nous guette où que nous allions. Qui attend le moindre faux pas pour nous arracher à la vie. »
(Calmann-Lévy, p.333)