J’ai l’impression de crever. Que le sol s’ouvre sous mes pieds, me happe violemment, me traine comme une poupée de chiffon en secouant tout mon corps. Je vois Arlo tomber à genoux, près de moi, et hurler de toutes ses forces, mais je n’entends déjà plus. Les sons, les cris sont devenus bruissement, puis ont disparu.
Je crois qu’on s’est ratées de peu, toi et moi. On s’est aimées, ça oui, et je t’aime pour toujours, Colleen. Mais on aurait pu le faire tellement mieux. Alors rendez-vous dans notre prochaine vie, sister... p540
- Toi et Colleen. C’est vous la famille. Mon espoir. Mon oxygène. Il n’y avait qu’elle… puis tu es arrivée.
"On n'est pas obligés de se ressembler pour s'aimer".
Colleen m’a fait une place quand je n’en avais aucune. Et moi je l’ai poignardée dans le dos, des années plus tard. En l’oubliant un peu. En lui faisant croire qu’elle ne comptait pas, ou plus vraiment. Plus comme avant. En la laissant tomber quand elle avait besoin de moi. D’exister.
Je voudrais que ce moment dure toujours, murmuré-je.
Que tu me cries ton amour en pleine rue, que tu m'embrasses toute la vie en me plaquant contre la porte de mes parents.
Je voudrais te dire tellement de choses, mais une seule
compte, à cet instant : je t'aime pour de vrai, pour de bon,
Arlo Sheridan. Pas comme une gamine qui fantasme en
cachette sur le bad boy du quartier, qui se trouve aussi être
le meilleur ami de sa sœur. Je t'aime comme une fille qui a
l'impression de devenir une femme à tes côtés. Parce que tu as beau vouloir m'échapper, je te vois, je te sens, je lis en toi. Pas tout, mais l'essentiel. Et je suis à peu près sûre que je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle, même si certains
lèveraient les yeux au ciel en entendant ça.
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"A 20 ans, on est capable d'aimer toute une vie, tu crois ?
J'ai décidé que oui."
La tension à l’état pur.
- Tu me manques et ça m’obsède, OK ? lâche-t-il à voix basse. J’ai beau me l’interdire, ça me bouffe ! C’est dans ma peau, sous mon crane. C’est… partout.
- Je te veux, Arlo.
- Tu n’as… Tu n’as jamais… ?
- Non. Tu seras mon premier.
[…]
- Je n’ai pas le droit, putain, souffle-t-il dans mon cou. Mais l’idée qu’un autre connard te touche, ça me rend dingue…
- Je ne veux pas savoir pour qui tu l’as mise, Tillie…
- T’es sûr ?
- Ne me le dis pas, je risquerais de le détruire.