Achille Talon, tome 5 : L'indispensable Achille Talon

Alors comme ça Môssieur Talon, on se croit indispensable ?

Comme ça, on bousille les soirées de Mme Virgule de Guillemets rien qu'en existant, mmm ?

Et on achète tout et n'importe quoi à M. Vincent Poursan, commerçant, dans l'espoir de briller en société ou de nuire à votre charmant voisin Lefuneste ?

Et on se permet de proposer à l'imprimerie des planches de dessin dignes d'un mioche de trois ans et de jouer avec les bulles de mots ? Scandaleux gaspillage ça, môssieur !

Avec ça, on n'est même pas capable de réussir les petits tests anodins de son charmant rédacteur en chef qui ne veut que vous faire progresser dans la vie. C'est tout de même une honte, môssieur !

Il faudrait vous remettre en question, ou je vais estimer que vous êtes irrécupérable.

Vous avez de la chance ; vous m'avez fait rire.

Ça ira pour cette fois. Veuillez retourner travailler, il y a un nouvel album à produire.

Pour réussir une bonne bande-dessinée, que faut-il ?
Il faut un cadre.
Et dans ce cadre ... un personnage !
Hop !
Ce dernier ne devra-t-il pas affronter des hordes de super-bandits ?
Ne portera-t-il pas de maillot collant avec son initiale, ni de cagoule ?
Non !
Car le directeur technique à l'imprimerie du journal "Polite", n'aime pas les pages vides.
Il faut donc meubler !
Et, plus que nécessaire, Achille Talon, brave et honnête, devient alors indispensable.
Mais d'abord, il lui faudra passer quelques tests !
C'est aux petits détails que l'on reconnaît les plus grands.
Les résultats dont édifiants !
Achille Talon ne s'étonne bêtement de rien !
Il donne son avis sur des problèmes dont il ne comprend pas le premier mot !
Il tente d'utiliser à son profit l'expérience empruntée fallacieusement aux plus grands esprits de notre temps !
Il souffre de mégalomanie !
Il se voit partout, ne souffre pas la contradiction et rigole des choses les plus noires !
De plus, il est affublé d'un voisin ricanant et narquois.
Bof ! ...
Ce cinquième album, paru en octobre 1971, est une véritable réussite.
Comme les précédents, c'est une compilation de gags publiés dans "Pilote", le journal d'Astérix et Obélix.
C'est aussi un nouveau document à verser à l'écrasant dossier sur l'homme de qualité !
Mais surtout c'est une preuve de plus que pour réussir une bonne bande-dessinée, il faut suivre les conseils d'Achille Talon et faire appel à « l'homo dessinatans », un dénommé Michel Greg …

J'aime bien Achile Talon. Depuis longtemps !

Greg ne se lassait pas d'écrire des dialogues "à la Talon", (C'était un des auteurs les plus prolifiques de la B.D) Il le faisait avec une certaine virtuosité d'ailleurs. Comment inventer ce texte, utiliser tous ces mots pour provoquer le sourire ?

Personnellement j'avoue qu'en prenant de l'âge, cela me fatigue un peu. J'ai besoin de plus d'efforts pour lire du "Talon". Cet album, heureusement est composé comme souvent d'histoires très courtes (une à deux planches) Cela permet des pauses. de plus, il comporte certaines idées originales et nouvelles.
Achile Talon, reste incontournable en B.D., mais l'un de nous deux vieillit...

Cet album reste dans la tradition des Talon avec des dialogues verbeux à n'en plus finir, un Achille contraint de fournir des articles à son journal, toujours aussi transi devant Vrigule de Guillemet elle même toujours aussi snob. Rajoutez à cela un Lefuneste toujours en rivalité avec son voisin et vous aurez un Achille Talon traditionnel. Cet album est selon moi cependant moins bon que le précédent où la place du père était magnifiée..

Nouvelle série de Gags par Greg. Achille Talon est toujours bavard et prétentieux dans cet album plaisant et drôle.

La quintessence de la verbe talonnesque pour ce cinquième tome de la série Achille Talon datant de 1971.

Talon devient prolixe et une source de verbiage sans fin. Il discourt notamment sur la BD, genre éminemment maîtrisé par son auteur, qui s'amuse à placer de-si de-là des apparitions de ses collègues de Pilote : Gotlib en smoking en première page invité à une soirée mondaine (gag Talon rouge), Jean-Michel Charlier mangeur avide de sandwichs (gag le plat du jour), Charlier et Goscinny renvoyés au tribunal par un Talon vexé (gag Ire honnie), Goscinny s'offusquant du niveau de dessin d'une planche, digne de la maternelle (gag Fou et usage de fou)...

La BD s'amusant de la BD, une mise en abyme justifiée par Talon : « L'artiste balbutiant qui s'agite au plus profond du dedans de tout lecteur un peu organisé, cherche avidement la main tendue qui lui mettra le pied à l'étrier de la planche à dessin et ne la trouve pas. Fatalement, puisque cette main crispée sur le pinceau quotidien ne sait plus ou donner de la tête. D'où drame».

La BD s'amusant de ces pseudos intellectuels qui s'en moquent sous des vocables rutilants, mais dont le discours est vide de sens : « De nos jours, un des éléments essentiels à la promulgation irradiante des facteurs suggestionnels d'agressivité des masses réside dans le potentiel d'énergétique d'influence magnético-persuasive sur la mémoire rétinienne. Êtes vous d'accord ? ».

D'ailleurs l'auteur de ces lignes devrait avoir honte de tenter d'écrire la moindre critique : « Je note : « Donne son avis sur des problèmes dont il ne comprend pas le premier mot. » (gag Test en l'air).

Le top d'une certaine forme d'humour indémodable.