A contre-coeur, Koridwen confia à Jules et son groupe la charge de son cousin blessé. Elle était venu à Paris pour contacter son acolyte du jeu WOT, Spidersnake. Elle avait une adresse, peut-être pouvait-il l'aider à se cacher, lui en dire plus sur le rendez-vous du 24 décembre. Pouvait-on réellement inverser le temps et le traverser comme dans le jeu pour défier le virus? A présent, la virtualité rejoignait la réalité et Kori en avait traversé des épreuves pour parvenir de sa Bretagne natale jusqu'à la capitale. Elle avait emporté dans son tracteur la malle de sa grand-mère Mamm-Gozh, son héritage, ses souvenirs, son reste de vie intime. Elle comptait sur son journal pour répondre à ses questions et faire face, aux dangers, à la vie, à l'amour. Marek, le jeune trafiquant d'armes ne la laissait pas indifférente, elle était troublée. Mais cette vie lui laissera t-elle vivre ce qu'elle a à vivre? Attila le chef de bandes n'oubliera l'humiliation de la sorcière rousse. : Un troisième personnage, un troisième tome, une autre perspective proposée par les auteurs de U4. Ceux et celles qui ont déja traversé l'aventure en compagnie de Jules ou Stephane, Koridwen n'est pas une inconnue et ce tome éponyme permettra de faire en sorte qu'elle soit clairement plus familière. Rappelez-vous Kori, désespérée de se séparer de son cousin Max et Kori se cachant des forces militaires dans une cave avec Jules, Stephane et Yannis, nous verrons plus longuement les circonstances qui l'ont conduite ici et là, apportant son bout d'édifice à l'oeuvre à quatre temps. Ce tome se montre particulier comme le sont les autres et aussi complémentaire pour développer cet univers dystopique. Si Stephane a amené la police militaire sur Paris et sur le groupe, nous découvrons que Koridwen a attisé le courroux des gangs qui prennent le contrôle des quartiers et pillent les ressources. Prenant le parti très naturellement des civils ado' en proie à ces groupes sur son chemin de la Bretagne vers Paris, Kori se fait des amis et aussi beaucoup d'ennemis. Arrivée par les routes en tracteur-il fallait y penser, de quoi construire la légende- la jeune bretonne devra faire profil bas sur la capitale, se déplacer plus furtivement à vélo ou par les égouts. Débrouillarde dans une ferme, elle se le montre tout autant pour trouver des caches, de la nourriture et des médicaments. Seule, la petite provinciale se déplace sur Paris carte en tête, rebondissant d'un petit groupe de survivants à un autre et par ses actes, forge des alliances. Nous ne voyons plus les événements du point de vue des R-points gardés par les militaires, ni du point de vue des groupes de communautés libres et organisés,
Yves Grevet nous présente le sort des touts petits groupes d'ados livrés à eux-mêmes et beaucoup plus dépourvus de sécurité et de moyens de subsistance. Il y a des connivences joyeuses qui se nouent naturellement, le contexte exacerbant les émotions et chacun s'aggripant avec force à des temps anciens et insouciants salvateurs. Il y a des envies de légereté qui s'expriment d'avantage dans ce tome, on se prend dans les bras comme des amis de 20 ans, des amis de galère qui vont s'accorder une petite fête improvisée entre filles comme avec la bande de Zoé et ça fait du bien.
Les origines bretonnes de Kori vont apporter leur part de légendes avec la malle de sa grand-mère Mamm'-Gozh laissée en héritage. Vieilles comptines, onguents et contes viendront parfois interférer et induire l'héroïne dans une idée d'élue. Ce qui confortera Kori dans la nécéssité de rouler vers Paris et le rendez-vous de Khronos. Oui, et pourquoi pas? Dans un contexte tel que celui-ci, a t-on grands choses à perdre et ne souhaite t-on pas croire tout simplement. Koridwen va nourrir cette espérance et en sera chaleureusement remercié car les temps du U4 sont durs. Koridwen va être la rousse sorcière en tracteur qui guérit mais qui donne aussi des coliques à coups de potions, elle est une force mais se montre agacée par ces idées de destins et de magie, Kori vivant les mêmes péripéties que les autres, les mêmes pertes.
Si son cousin Max se montre une lourde charge au début du point de vue de son handicap mental dans ce contexte qui demande d'être réactif, ce jeune adulte fragile va s'avérer précieux pour sa propre protection, un repère parfois quand il s'agira d'agir en écoutant son coeur, il lui apportera soutien et réconfort. Kori vivra encore des choses, elle vivra sa première fois.
Pourra t-elle encore espérer murir, vieillir, transmettre?
De bonnes questions soulevées.