Le parcours de Xavier est assez classique. Jeune homme européen vivant dans les quartiers populaires de Molenbeek, il intègre l'armée belge où il passe quelques années puis vit un difficile retour à la vie civile et se fait incarcérer pour agression.
Ce qui est moins classique dans son parcours, c'est qu'en rencontrant Abu Brahim en prison, l'auteur des attentats de la Fête de la Bière, il se radicalise et devient Abu Kassem.
Et c'est une bombe en puissance que l'on retrouve, 4 ans après, dans les quartiers Arabes et Turcs de Bruxelles, préparant un attentat terroriste d'envergure.
Bercé par les films de Scorcèse et les chansons de Bowie, Xavier/Abu Kassem est un idéaliste tellement insaisissable qu'il finit par faire peur aux membres de sa cellule djihadiste. S'opposant aux formations idéologiques qu'ont reçues ses compagnons dans les camps d'entraînement d'Irak et du Pakistan, il intègre dans ses motivations des notions de bien et de mal, de déshérités et de nantis, qui ne correspondent pas à ce qu'on attend de lui dans ces réseaux intégristes.
En parallèle de la mouvance fondamentaliste, les mouvements fascistes de la Fraternité Aryenne, fomentent eux aussi de leur côté, des actions violentes coordonnées.
Revendiquant un amour inconditionnel pour leurs préceptes religieux ou idéologiques, ces extrémistes sont en fait mus par une haine abyssale qui leur fait perdre tout discernement, et c'est franchement terrifiant ! Explorant de l'intérieur ces milieux impénétrables, l'auteur cerne, avec une justesse glaçante, les motivations et les limites de chacun.
Dans un style original,
Kenan Görgün zoome et dézoome sur le récit en alternant 2ème et 3ème personne, donnant ainsi une dimension filmographique à son roman. Un polar sociétal très sombre dont l'intérêt historique éclairera sans aucun doute les générations futures et qui dévoile l'engrenage idéologique du terrorisme avec une lucidité à couper le souffle.