Les humoristes locaux se plaisaient à répéter que la Grand-Rue accueillait entre autres les quatre "p" : le pasteur, la poste-épicerie, le pub et la police. Il en existait une cinquième, dont ils se seraient volontiers passés : la "personnalité" de Littlebourne, sir Miles Brodenheim, qui, à cet instant précis, s'efforçait de pourrir la vie d'un des quatre autres "p". En l'occurence celle de la préposéedu bureau de poste. Un seul usager attendait derrière lui lorsqu'il avait décidé de réformer le fonctionnement des services postaux britanniques. A présent, une file de douze personnes s'étirait devant le comptoir.
incipit :
Le couloir carrelé du métro londonien était désert en ce milieu d'après-midi, lorsque le violon de Katie O'Brien sanglota les dernières notes d'un nocturne de Chopin.
C'était le genre de femme qui recherche les effets spectaculaires. D'ailleurs, tout en l'examinant des pieds à la tête, elle tentait déjà de l'impressionner - sans se rendre compte que ses efforts tombaient à plat.
Amplifié par la courbure du mur carrelé, le son d'une guitare parvenait jusqu'à eux ; un type chantait son désir de rentrer chez lui d'une voix si mélancolique qu'on n'aurait pas parié sur ses chances d'y parvenir.
Le cimetière avait un petit air de fête. Des ballons de baudruche qui avaient rompu leurs amarres planaient au grès du vent et venaient rebondir sur les tombes.