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Citations sur Désobéir (88)

Dostoïevski avait mesuré ce risque dans une formule saisissante : nous sommes, écrivait-il, tous responsables, de tout et devant tous, "et moi plus qu'un autre". Moi plus qu'un autre, parce que, invoquant les autres, je risque de diluer ma responsabilité. Après tout, si nous sommes tous responsables, c'est peut-être que je suis un peu moins responsable que tous les autres, ou plutôt que je suis d'autant moins responsable moi que nous partageons à plusieurs la responsabilité.
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Si la justice a un sens, si elle est autre chose qu'une habitude sociale, c'est le nom de cette force qui nous retient devant nous-mêmes. Voilà le grand pari qui, depuis Platon, nous arrête: faire de la justice ce qui nous fait tenir droit, devant soi, plutôt que sous le regard des autres. Est-ce qu'on tient devant soi-même? Ou alors, la conscience n'est qu'une bonne éducation.
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On ne maîtrise pas le cours des choses. Les maladies et les richesses, le bonheur de ses proches ou les réussites personnelles, sa réputation et les reconnaissances sociales, les plaisirs et les déplaisirs, tout est pris dans des séries causales tellement complexes et ramifiées qu'il devient absurde de penser que la liberté puisse être engagée, authentifiée ou disqualifiée dans cet entrelacs d'accidents. Ce qui dépend absolument de ma responsabilité en revanche, c'est le sens que je vais donner à ce qui m'arrive. Comment vais-je qualifier les accidents de l'existence, quel nom leur donner ? Malheur fou ou peccadille, épreuve de mon énergie ou drame atroce, accroc minuscule dans l'immense tissu des affaires humaines, fatalité supérieure, injustice indigne, ou occasion donnée à mon courage, ma constance ? C'est moi absolument qui décide. Le petit discours qui donne sens à l'événement, c'est à moi de le formater, de le composer, de le déclamer devant moi-même. "Quel malheur soudain m'accable !" s'exclame l'individu non déclaré. Et le sage : "Tiens donc ; eh bien voilà , je suis prêt, je dois me montrer à la hauteur de ce qui m'arrive." Que des objets s'abîment, se brisent ? La Nature les a faits corruptibles et fragiles. Que des proches tombent malades, qu'ils meurent ? Ils manifestent leur condition mortelle. Rien que de très naturellement logique. Mais ma responsabilité à moi, c'est ce que je vais faire de ce qu'il m'arrive : un malheur indépassable, un accident négligeable, un défi à relever. Je suis le maître absolu du sens à donner à ce qu'il m'arrive.
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La première serait la "soumission déférente". Il s'agit de dire : quand le soumis multiplie les signes extérieurs de servilité, quand il exagère la pente de ses courbettes, quand il intensifie la pose d'humilité, il n'en conserve pas moins, par-devers lui, un jugement impitoyablement critique.
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La République, l'État, le Souverain n'ont rien de mystique, rien de sacré, rien de vertical. Le gouvernement est un mal nécessaire dont il faut juste espérer qu'il gouverne le moins possible.
9. La promenade de Thoreau (p.169).
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« Il faut désobéir depuis ce point où on se découvre irremplaçable, au sens précis de faire cette expérience de l'indélégable, faire l'expérience que "c'est à moi de le faire" (mea res agitur), que je ne peux reporter sur personne d'autre la tâche d'avoir à penser le vrai, à décider du juste, à désobéir à ce qui me paraît intolérable.
Ce sujet indélégable n'est jamais menacé par l'individualisme, le relativisme, le subjectivisme. […] Parce qu'on se découvre irremplaçable d'abord et essentiellement pour se mettre au service des autres. » (p. 174)
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« Non, la société, ce n'est pas seulement une grande famille, une communauté naturelle, le résultat d'agrégats progressifs et spontanés d'entraide... Ce n'est pas non plus le produit d'un pacte fondateur entre des sujets politiques responsables. Ce n'est pas seulement encore un rassemblement calculé d'intérêts bien compris, la cohésion rationnelle des utilités. La société, le "social" ce sont surtout, d'abord et avant tout, des désirs standardisés, des comportements uniformes, des destins figés, des représentations communes, des trajets calculables, des identités assignables, compressées, normalisées. Des normes pour rendre chacun calculable, conforme et donc prévisible. » (pp. 108-109)
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« On supporte d'être tyrannisé surtout parce qu'on se voit offrir le plaisir de se faire le tyran d'un autre […] Ce qui fait tenir la tyrannie, c'est sa structure "démocratique". » (pp. 58-59)
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Désobéir, c'est donc, suprêmement, obéir à soi-même.. Obéir c’est se faire le traître de soi, avoir peur de la liberté qui oblige, qui met en demeure, déclenche la désobéissance.
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C’est la question socratique : est-ce que tu sais seulement jusqu’à quel point tu ne sais pas ce que tu sais ? L’ironie, c’est le sourire de la pensée : es-tu sûr de penser ce que tu penses ?
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