Théo Grosjean est connu pour « l'homme le plus flippé du monde » où il parvient à illustrer parfaitement toutes les formes d'anxiété sur un ton humoristiques décapant. Son roman graphique «
Le Spectateur » est radicalement différent mais d'une grande beauté.
Beauté graphique par le choix de la couleur turquoise, par le style graphique, par les jeux d'ombres et de lumières.
Beauté scénaristique. C'est une histoire de vie très touchante où l'on suit Samuel de sa naissance à l'âge adulte.
Samuel est atypique, car il est autiste non verbal. Il faut noter que
Théo Grosjean a réussi à illustrer avec grande justesse les caractéristiques du spectre de l'autisme. On est loin des préjugés habituellement véhiculés par les (rares) productions artistiques (séries, films, documentaires).
La représentation à la 1ère personne est un coup de génie car elle permet une immersion du lecteur, mais aussi permet d'illustrer le sentiment des personnes autistes d'être une caméra dans un corps.
Il illustre aussi très bien le rejet des autres de Samuel à cause de sa différence, même par les propres membres de sa famille, qui ont des paroles très dures et qui font preuve de violences physiques et mentales car ils assimilent le mutisme de Samuel à un retard mental ou à une absence de volonté de sa part.
Samuel s'exprime par une créativité artistique très appréciée bien qu'incomprise par les autres et noue des amitiés extrêmement fortes avec quelques personnes.
C'est un très beau roman graphique, à la fois poétique et dramatique. A la lecture, on oscille entre l'émerveillement, l'empathie, la bienveillance, l'injustice, l'impuissance et la tristesse.