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Citations sur La plus précieuse des marchandises : Un conte (96)

Enfin, quelquefois, une main dépassait d'une de ces lucarnes et lui répondait. Quelquefois aussi l'une de ces mains lançait à son intention quelque chose qu'elle courait alors ramasser en remerciant le train et la main.
Ce n'était la plupart du temps qu'un bout de papier qu'elle défroissait avec soin et un immense respect avant de le replier et de la ranger sur son coeur. Etait-ce l'annonce d'un cadeau à venir?
Longtemps après le passage du train, lorsque la nuit tombait, lorsque la faim se faisait trop sentir, lorsque le froid la mordait davantage et afin que son coeur ne se serre pas trop, elle redépliait le papier avec un respect religieux et elle contemplait les gribouillis inintelligibles, indéchiffrables. Elle ne savait ni lire ni écrire, en aucune lange. Son bonhomme de mari savait lui, un peu, mais elle ne voulait pas partager avec lui, ni avec personnes ce que son train lui offrait.
p.15-16 (gros caractères)
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Vous voulez savoir si c'est une histoire vraie? Une histoire vraie? Bien sûr que non, pas du tout. Il n'y eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer d'urgence leurs marchandises ô combien périssables. (...)Rien, rien de tout cela n'est arrivé, rien de tout cela n'est vrai. (...) La seule chose vraie, vraiment vraie, ou qui mérite de l'être dans cette histoire (...) L'amour qui fait que malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue.
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Là même où hier encore régnaient la neige, les bottes et les cravaches des casquettes à têtes de mort, l'herbe repoussait grasse et touffue, parsemée d'une multitude de fleurettes blanches. C'est alors qu'il entendit un oiseau chanter à tue-tête l'hymne du retour à la vie. Et c'est alors que des larmes jaillirent de ses yeux devenus aussi secs, pensait-il, que son coeur. Ces larmes lui rappelèrent qu'il était redevenu vivant.
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Cette petite graine d’espoir, indestructible, il s’en moquait, la méprisait, la noyait sous des flots d’amertume, et pourtant elle ne cessait de croître, malgré le présent, malgré le passé, malgré le souvenir de l’acte insensé qui lui avait valu que sa chère et tendre ne lui jette plus un regard, ne lui adresse plus une seule parole avant qu’ils ne se quittent sur ce quai de gare sans gare à la descente de ce train des horreurs. Il n’avait même pas pu tenir serré contre sa poitrine, ne fût-ce qu’une seconde, son jumeau restant avant qu’ils ne se quittent pour toujours et à jamais. Il en aurait pleuré encore, s’il avait eu dans ces yeux quelques larmes de reste. 
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Elle n’avait pas d’enfant à nourrir certes, mais pas non plus d’enfant à chérir.
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Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vraie vie. L'amour, l'amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue.
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La guerre était finie pour tout le monde, sauf pour lui et les siens. Les chants, les drapeaux, les discours, les pétards meme, toute cette folie, toute cette joie l’un rappelaient qu’il était seul, qu’il serait seul à jamais, seul à respecter le deuil, à porter le deuil de l’humanité, le deuil de tous les massacrés, le deuil de son épouse, de ses enfants, de ses parents lui, de ses parents a elle.
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La pauvre bûcheronne, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il règne cette chaleur suffocante dont je vous ai déjà parlé, cette pauvre bûcheronne donc, arpentait son bois en tous sens, recueillant chaque brindille, chaque débris de bois mort, ramassé et rangé comme un trésor oublié et retrouvé. Elle relevait aussi les rares pièges que son bûcheron de mari posait le matin en se rendant à son labeur.
La pauvre bûcheronne, vous en conviendrez, jouissait de peu de distractions. Elle marchait, la faim au ventre, remuant dans sa tête ses vœux qu’elle ne savait plus désormais comment formuler. Elle se contentait d’implorer le ciel de manger, ne serait-ce qu’un jour, à sa faim.
Le bois, son bois, sa forêt, s’étendait large, touffu, indifférent au froid, à la faim, et depuis le début de cette guerre mondiale, des hommes requis, avec des machines puissantes, avaient percé son bois dans sa longueur afin de poser dans cette tranchée des rails et depuis peu, hiver comme été, un train, un train unique passait et repassait sur cette voie unique.
Pauvre bûcheronne aimait voir passer ce train, son train. Elle le regardait avec fièvre, s’imaginait voyager elle aussi, s’arrachant à cette faim, à ce froid, à cette solitude.
Peu à peu elle régla sa vie, son emploi du temps sur les passages du train. Ce n’était pas un train d’aspect souriant. De simples wagons de bois avec une sorte d’unique lucarne garnie de barreaux dont était orné chacun de ces wagons. Mais comme pauvre bûcheronne n’avait jamais vu d’autres trains, celui-ci lui convenait parfaitement, surtout depuis que son époux, répondant à ses questions, avait déclaré d’un ton péremptoire qu’il s’agissait d’un train de marchandises.
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Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vraie vie. L'amour, l'amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue.
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Le train de marchandises, désigné comme convoi 49 par la bureaucratie de la mort, parti de Bobigny-Gare, près de Drancy-Seine, le 2 mars 1943, arriva le 5 mars au matin au cœur de l'enfer, son terminus (...). Pauvre Bûcheronne ne le vit pas repasser à vide, absorbée qu'elle était dans sa nouvelle fonction de mère de famille. Pas plus qu'elle ne vit passer le convoi 50 ni les suivants. Après réception de la marchandise, il fut aussitôt procédé à son tri. Les experts trieurs, tous médecins diplômés, après examen, ne conservèrent que dix pour cent de la livraison. Une centaine de têtes sur mille. Le reste, le rebut, vieillards, femmes, enfants, infirmes, s'évapora après traitement en fin d'après-midi dans la profondeur infinie du ciel inhospitalier de Pologne
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