Mais s'il n'y a plus d'écoles particulières où les esprits fermentent, où les théories se heurtent librement, et d'où les œuvres sortent avec passion pour soutenir des idées bonnes ou mauvaises, du moins avons-nous l'enseignement officiel. Le palais de l'École des beaux-arts est un des plus splendides de notre capitale, les moulages des chefs-d'oeuvre de tous les temps s'y étalent avec magnificence, et il est impossible qu'avec tant d'éléments d'instruction on ne forme pas des hommes de goût et de savants artistes. Il est d'ailleurs inadmissible que dans un pays si complètement administré, où l'État dispose d'écoles célèbres, dans lesquelles il prépare la jeunesse à toutes les carrières libérales, au droit, au génie, aux armes, à la médecine, il n'y ait pas aussi une école où l'on forme sérieusement des architectes, des sculpteurs et des peintres?
Pénétrons maintenant dans ces écoles, et cherchons la cause de leur force et de leur fécondité. — Dans toutes nous voyons un chef, dont l'incontestable autorité se fait aimer plus encore qu'elle ne s'impose. Quels que soient l'âge et le rang des élèves, tous se courbent également à la règle, tous ont la même docilité, le même respect, la même vénération, on pourrait presque dire le même culte pour celui qu'ils appellent le maître. Ce sont des aptitudes et des talents extrêmement variés, qui, sans rien perdre de leur force, subissent la douce et puissante influence d'un génie supérieur. Tous ces hommes de mérite, livrés à eux-mêmes, s'égareraient sans doute et peut-être déshonoreraient l'art; groupés fièrement autour d'une doctrine vivante, ils forment une phalange invincible.