Joseph Vernet fut réellement le grand peintre de marine du XVIIIe siècle, et aujourd'hui encore, malgré le luxe, parfois excessif, de fantaisie pittoresque et architecturale, dans lequel il encadre son sujet préféré, on reconnaît volontiers que, depuis l'époque où il peignit la Tempête et le Brouillard dont la vue enthousiasmait si fort Hubert Robert, et dont l'apparition était saluée par les salonniers du temps en prose, en vers, et môme en un latin très hyperbolique, rarement la sauvage et mystérieuse poésie
A proprement parler Carie Vernet ne fui pas un peintre. S'il hérita de la prodigieuse facilité de composition de son père, s'il sut, comme lui, fixer d'un crayon rapide, spirituel et vivant, les expressions et les attitudes de ligures encadrées dans des accessoires correctement adaptés au sujet, il ignora l'art divin de produire de puissants effets par l'harmonieuse combinaison des tons. Et il fut en cela bien inférieur au peintre des bords du Tibre et des vues de Tivoli et d'Albano.