Lorsque Mossoul tombe aux mains de Daech, plusieurs dizaines de milliers de Chrétiens fuient la plaine de Ninive, au nord de l'Irak. En quelques heures, des familles entières abandonnent leurs maisons, leurs églises et leurs cimetières, fuyant un assaut de cruauté. Elles quittent la terre de Noé, d'
Abraham et de saint
Thomas, la leur depuis deux millénaires.
Au cours d'une incroyable épopée, le père Michaeel Najeeb, sauve des centaines de manuscrits vieux de plusieurs siècles que les djihadistes ont juré de réduire en flamme, comme ils ont détruit Palmyre ou saccagé le tombeau de Jonas.
Au péril de sa vie, ce dominicain de Mossoul nettoie, restaure et protège ces textes sacrés.Au cours de ce long exode, il construit aussi une arche pour sauver des familles de toutes confessions, chrétiens, Yézidis ou musulmans, tous enfants du désastre. Il les nourrit, les loge, les encourage.Voici un récit à hauteur d'homme, spirituel et pleine d'espoir. Parfois le destin est une grâce.l'auteur un moine dominicain Michaeell, du village de Qarasqosh, admire ce panorama unique de son couvent, avec ses trois étages surmontés d'un toit-terrasse. "certains soirs les familles grimpent sur le toit pour assister au spectacle offert par ceux qui veulent nous chasser de la plaine de Ninive."
Pourtant on ne joue pas au dur, chaque matin une famille entasse tout ce qu'elle possède pour rejoindre Erbil au Kurdistan.
On les désigne comme les chrétiens d'Orient, ils n'ont pas bougé depuis la nuit des temps. Ici on parle l'araméen, la langue du
Christ, une langue aux origines si lointaines. Ninive devenu Mossoul était une grande cité cosmopolite où les cloches rythmaient la vie de la cité.
Quand les premières bibliothèques sont parties en fumées gonflées de manuscrits datant de plus de 2000 ans d'une valeur inestimable, Michaeell a décidé de garder la mémoire, et scanner tout ce qui pouvait l'être encore, sauver tous les trésors accumulés.
S'attachant à toutes les civilisations depuis les premier écrits, il a scanné des milliers de manuscrits un travail de bénédictin ! Fût sauvé la transcription des tablettes d'argile sumériennes, retrouvées très près de Mossoul, dont l'épopée de
Gilgamesh, ce fabuleux récit en 12 tableaux, écrit 1000 ans avant l'Iliade et l'Odyssée. »
Lorsque le bruit a commencé à se répandre dans Mossoul, qu'un moine rassemblait des manuscrits, d'étranges collectionneurs ont proposé de surprenantes découvertes. Un benêt à même avancé l'idée d'un rouleau écrit par Moïse, magnanime il n'en demandait qu' 1 million de dollars.
"Pour ces chrétiens d'Orient, où la discrétion est de mise, depuis l'émergence de groupes armés, il ne suffisait plus de se faire oublier, il fallait payer, fuir ou mourir, précise Michaeell, page 40".
Comment imaginer que la tombe du prophète Nahum et celle de sa soeur soit gommée avec des bâtons de dynamite. À Mossoul le tombeau de Jonas que les musulmans vénèrent pourtant depuis toujours a été dynamité, puis arasé en utilisant de gros bulldozers pour achever de détruire ce que l'explosion n'avait pas transformé en tas de pierre, ou en poussière ». Ivre de folie et les mains de Daech l'ont filmé en poussant des grognements joyeux.
Jonas est pourtant cité dans plusieurs sourates du
Coran comme Nabi Younis, celui qui a été choisi par Dieu. Chez les musulmans 7 visites à Nabi Younis remplacent un pèlerinage à la Mecque page 57.
À l'égard des yézidies Daech a déployé l'enfer, faisant le siège de leur montagne sacrée le mont Sinjar; Ils ont exécuté plusieurs milliers d'hommes. Comment un peuple qui plonge ses racines dans les anciennes civilisations pré-islamiques a-il pu subir de si nombreux génocides.
Comment parler de l'organisation à Mossoul d'une sorte de foire, un marché aux enchères baptisé "le souk des esclaves" sans susciter l'écoeurement.
Les djihadistes ont vendu des jeunes filles, et celles capturées sur le mont Sinjar, pour les offrir aux combattants les plus valeureux.
« Terrorisées les filles montent sur des estrades pendant que leurs noms et leurs mises à prix sont scandées dans un mégaphone ; certaines de ces proies ont à peine 12 ans ce sont maintenant des esclaves. »
C'est un musulman qui a détaillé auprès de Michaeell Najeeb toute l'horreur de ces agissements, page 95, il précise encore que les plus jeunes les plus jolies allaient "alimenter une sorte de maison close pour les chefs terroristes".
Que restera t-il de tous ces trésors, que restera t-il des hommes ? Combien de générations faudra t-il attendre pour effacer cette terreur, réconcilier l'homme avec lui même, reculer le peur, cette odeur tenace de cruauté inscrite jusque sur leurs tombes ?
Ceux qui ont rejoint l'
Europe sont-ils bien reçus, malgré l'enfer traversé, par une communauté qui ne les comprend pas, et qui ne sait toujours pas ce qu'ils ont vécu, car l'indicible est-il communicable ?
La fin du livre porte sur le témoignage de Abdel kader Haidara qui a sauvé des milliers de manuscrits à Tombouctou la ville aux 333 saints, il est musulman.
Michaeell Najeeb est chrétien ils ont poursuivi ensemble le même objectif vouloir que les générations futures à Tombouctou et dans la plaine de Ninive ne cheminent à travers un cimetière de livres.
Opinion :
Un témoignage si poignant. Tellement difficile à imaginer dans notre occident gâté.
Quel avenir pour la jeunesse, les enfants qui sont nés pendant la guerre ?