Millénium blues

Ce qui m'a attiré, en plus du nom de l'auteur, c'est la couverture, d'un bleu apaisant, sur laquelle tranche les écouteurs blancs, symboles de ce nouveau millénaire, à la fois ouverture vers l'écoute illimitée de créations musicales et enfermement sur soi. La narratrice, c'est Zounia dite Zouzou. Elle nous raconte sa vie, de son enfance à maintenant, dans l'ordre des émotions sans jamais nous perdre dans la chronologie. Sa vie, et ce passage à l'an 2000 où l'on pensait que tout irait mieux, que l'on pourrait enfin se parler, comme si avant, c'était impossible. Rêve ? Oui.
Zouzou est fille de divorcée, née d'un mariage mixte. Elle est le lien entre deux parents qui n'ont rien à se dire. Mariage qui a déplu fortement à la grand-mère de Zounia, la mère de sa mère, qui a aligné les clichés sur les mariages mixtes avec constance.
Ce que nous montre ce livre ? L'isolement. La grand-mère, d'abord, abandonnée dans une maison de santé par ses trois filles, parce qu'aucune ne voulait ou ne pouvait la prendre en charge. Isolement de la mère de Zouzou, qui ne refera jamais sa vie. Isolement de Zouzou, fille unique, et de sa meilleure amie Carmen, dont le père semble venu tout droit, par sa mentalité, d'une autre époque, Simone, octogénaire, seule avec Zouzou son assistante de vie – ou comment s'ouvrir aux autres après avoir vu et vécu l'isolement.
Livre anti-glamour, il montre l'envers du décor d'une catégorie censée faire rêver : les acteurs. Ils jouent constamment, même sur papier glacé. C'est peu de dire que ce n'est pas glorieux, ce n'est même pas amusant.
Zouzou nous retrace une époque, la nôtre, la sienne, elle ne dresse pasun catalogue vide, elle raconte les faits qui ont véritablement fait partie de sa vie, qui l'ont accompagnée, comme la coupe du monde 98 (Youri Djorkaeff plutôt que Zinedine Zidane) ou le 11 septembre. Elle est une fille de notre époque, elle qui souhaite pour son enfant de ne plus vivre dans un monde où l'on a peur de tout le monde.
Les chapitres sont courts parce qu'ils disent l'essentiel, non le superflu. le langage est simple, ce qui ne veut pas dire simpliste – être immédiatement compréhensible est plutôt bon signe.
Il est aussi question de résilience, du fait de parvenir à continuer sa vie en dépit des épreuves. Parce que, pour reprendre une expression de ces années-là, la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
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J'ai reçu ce livre, grâce à l'opération « masse critique » : un grand merci à Babelio et aux éditions Fayard pour ce roman qui m'avait tout particulièrement attirée car j'ai grandi durant les décennies 1990-2000. Ce fut une lecture très agréable, effectuée d'une seule traite !

Dès la première page, on est entraîné par le style percutant de l'auteure : les phrases sont courtes et précises, l'écriture se rapproche du langage parlé et l'humour est agréable et incisif. Cette écriture épouse parfaitement les différentes étapes de la vie de la narratrice et rend compte avec justesse des bouleversements et épreuves qu'elle a pu vivre.

Le roman se construit selon une succession de souvenirs de la vie de la narratrice, souvent entremêlés avec des événements marquants des années 1990-2000, formant ainsi une série de tableaux saisis sur le vif, dans le désordre, parfois fugitifs, sans forcément être reliés par un fil conducteur. La lecture est ainsi fluide et dynamique et le lecteur se sent emporté par le flux des souvenirs, comme s'ils les avaient lui-même vécus. La narratrice se fait le reflet de toute une génération et l'on s'identifie très facilement à elle ; je me suis moi-même retrouvée dans certaines situations et j'ai eu le sentiment que l'auteure arrivait à retranscrire ce que j'ai moi-même pu ressentir dans ces mêmes situations. Que l'on ait ou non vécu les mêmes événements douloureux qu'elle, on partage les désillusions apportées par la vie ou ce nouveau millénaire pourtant rempli de promesses, les souffrances d'une enfant et d'une adolescente élevée par des parents divorcés, puis celle d'une jeune femme délaissée et malmenée par son conjoint.

Malgré les difficultés, les souffrances et le certain pessimisme qui semble parfois régner, ce roman reste profondément optimiste et tourné vers l'espoir et l'avenir ; c'est en tout cas l'impression qui nous habite une fois la dernière page lue et le roman refermé. Rien n'est évoqué avec pathos, mais plutôt avec un recul satirique et humoristique délicieux ; la narratrice est habitée par une force de caractère rafraîchissante et trouve son courage, sa puissance auprès de sa meilleure amie et de sa fille. le roman s'achève sur une célébration de la vie et de ses beautés, qu'il faut cultiver.

En bref, un roman juste et percutant sur toute une génération, entre espoir et désillusions apportées par le nouveau millénaire. A lire donc, que l'on appartienne ou non à cette même génération !

Quel plaisir de retrouver l'écriture fraîche, spontanée, acidulée de Faïza Guène !
En naviguant à travers les souvenirs de Zounia, des années 1990 à aujourd'hui, au gré du temps et de la mémoire, elle dresse un portrait d'une douce mélancolie de deux filles de la génération y, Zouzou, l'adolescente écorchée par le divorce de ses parents qui se mariera trop vite et trop mal, et Carmen, sa meilleure amie, qui croque la vie à pleine dent jusqu'à ce que sa trajectoire dévie brusquement après avoir causé un accident à tout juste 20 ans. A travers elles, c'est le parcours d'une génération qu'on retrouve : les espoirs de jeunesse à l'aube du nouveau millénaire et la liesse de la coupe du monde 1998, les chocs du 11 septembre 2011 et du 21 avril 2002, les illusions perdues, la nostalgie douce, la maturité de la trentaine... On sourit, on rit, on pleure avec elles.
L'écriture est simple, directe, parlée... authentique, évocatrice et vivante aussi : "Ce qui est bien avec la poésie, c'est qu'il y en partout, il y en a tout le temps." Il faut beaucoup de talent pour que les mots de l'ordinaire, couchés sur papier, sonnent si vrai.

Bonjour à tous, je viens de terminer ce petit roman de Faiza Guène. Pour replacer les choses dans leurs contextes, il faut savoir que cette auteure est, juste, mon auteure préférée, j'ai lu tous ses livres et c'est elle qui a donné envie à l'adolescente paumée que j'étais d'écrire avec "Kiffe kiffe demain".
Dans Millénium Blues, nous sommes transportés dans la vie de Zouzou. de son enfance à l'âge adulte, chaque chapitre reprend un instant de vie relatif à un événement important ( la coupe du monde 98, les élections…)
C'est très habile de sa part car cela fait instantanément naitre dans le coeur du lecteur une émotion, la nostalgie, l'empathie ou le bonheur. J'ai été profondément touchée par ce roman. le fait que je sois trentenaire a fait que je partage les souvenirs de Zouzou. J'ai aimé l'amitié qui la lie à Carmen, sa famille imparfaite. C'est drôle, triste, touchant. On a l'impression de vivre l'histoire car c'est la vie qui est décrite ici. Zouzou est notre soeur, notre cousine, une version de nous même. Et la magie dans tout ça c'est que malgré la tristesse de cette histoire, Faiza arrive à nous insuffler du bonheur et de l'espoir à la fermeture du livre. J'ai aimé retrouver cette plume originale, fluide, impactante, vraie, sans fioritures.
Merci pour ce moment.

J'ai pris un très court mais très grand plaisir à lire ce roman. J'avais déjà adoré Kiffe kiffe demain du même auteur. J'ai été sensible à l'évocation des années 90 avec leurs drames mais aussi avec des aspects beaucoup plus sympathiques. L'écriture est fluide et les personnages, bien que simplistes dans leurs caractères, sont attachants. J'aurais aimé un développement plus dense du personnage de Carmen afin de mieux comprendre comment elle vit son traumatisme après l'homicide involontaire dont elle est coupable. Faïza Guène est une auteure de talent.