Le lecteur qui ne partage pas la foi de Dom Guéranger sera passablement étonné. Il assistera à des phénomènes surnaturels racontés comme vérités incontestables. On voit ainsi l'apôtre Jean ressortir rajeuni et en pleine forme du chaudron d'huile bouillante dans lequel il avait été jeté, on assiste aux conversations entre Cécile et un ange « au visage éclatant de mille feux, aux ailes brillantes des plus riches couleurs », on voit saint Paul descendu des cieux apparaitre de temps en temps au futur baptisé. le lecteur sera d'autant plus surpris que Dom Guéranger rapporte les paroles échangées entre les acteurs de ce drame, y compris celles tenues par Cécile et son époux dans la chambre nuptiale au soir de leurs noces ! Certes, Il s'appuie sur un document (la vie de la sainte établi par Siméon Métaphraste) mais le document est du IXème siècle. Notre lecteur considérera probablement que ces vie de Sainte Cécile, celle du Xème et celle de Dom Guéranger, sont largement fantaisistes et sont des oeuvres de prosélytisme. Celle de Don Guéranger me parait inspirée par ailleurs par cette idée détestable de « la servitude des sens ».Tout au long de son ouvrage il célèbre la virginité de Cécile, « la vierge servante du Christ », et la magnifie par opposition à la situation de la femme mariée. C'est apparemment un livre de combat. Sur le plan de la réflexion j'ai été un peu déçu par la rusticité de l'argumentaire en faveur de la foi développé par les chrétiens : ils menacent simplement les non croyants de l'enfer et leur promettent la vie éternelle. Les miracles, disent –ils, attestent la réalité de la menace et de la promesse.
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