Idir vit à Paris. Il a fait 6 mois de prison pour coups et blessures et depuis il se tient tranquille. Ni ange ni démon, il fréquente des malfrats mais ne se frotte pas à leur business. Son truc c'est plutôt d'enquêter pour les bourges : filatures, disparitions, retrouver des voitures volées...Il nage entre deux eaux, fréquente les deux milieux: la rue (ses copains d'enfance et de tôle) et les richards (qu'il a connus étudiant).
Oscar, qui étudiait avec lui, vient lui demander de retrouver son frère disparu depuis deux mois. Il paie bien. Idir accepte. Évidemment, Oscar ne lui a pas tout dit...
J'ai retrouvé dans ce 3ème volet (du triptyque) les mêmes qualités que dans les précédents avec en prime une intrigue un peu plus élaborée. On sent que l'auteur maîtrise de mieux en mieux sa technique d'écriture.
Les personnages sont toujours aussi profonds et attachants. Imparfaits. Pas à leur place dans un monde trop dur pour leur bonne nature.
Idir, le narrateur, est un type normal, un mec bien, honnête mais avec quelques fragilités. Ses fêlures proviennent de sa famille, avec qui il est en froid, de sa double-culture qu'on pourrait appeler sa double-éducation. Il a grandi dans un quartier populaire, traîné dans la rue, fréquenté des types qui ont mal tourné alors que lui, toujours serré de près par un père qui voulait le meilleur pour lui, qui a veillé à ce qu'il reste dans le droit chemin, a fait des études et fini par côtoyer des jeunes gens de bonne famille. C'est grâce à ça qu'il s'en est sorti (qu'il aurait dû s'en sortir un peu mieux).
Il est à l'aise et socialement intégré dans les deux milieux, il sait jouer sur les deux tableaux et s'en sert pour son boulot de détective amateur. Mais à force d'osciller entre les deux mondes, il a du mal à trouver sa place, à savoir qui il est vraiment et ce qu'il veut faire de sa vie.
Parce qu'il est humain et qu'il porte en lui la culture de la violence, parfois il dérape et va trop loin.
En quelques secondes tout bascule. Quand on s'y attend le moins (lui aussi est surpris de ses réactions d'ailleurs).
Le rythme du récit change tout le temps. On passe du calme à la tempête, de l'enquête classique aux courses poursuites, de la tension à l'action.
Certaines scènes sont très violentes, leur réalisme troublant. Et chaque mot sonne juste.
C'est aussi une chose que j'aime chez Guez, son style épuré. Précision et concision. En deux phrases, tout est dit.
Ce 3ème roman confirme le talent d'un tout jeune auteur dont on n'a pas fini d'entendre parler dans le monde du polar.
Je suis fan.
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