Je remercie tout d'abord NetGalley et les éditions Grasset pour l'envoi de ce roman.
Je n'irai pas par quatre chemins, cette lecture a été décevante. En quoi? Là, je dois bien avouer que j'ai dû réfléchir pour analyser ce sentiment car l'ouvrage ne manque pas de qualités, loin de là.
Ce « roman-vrai » respecte la biographie de ce sinistre personnage, nous ne sommes dans l'élucubration fantasque à partir d'un nom célèbre.
Il ne faut pourtant pas s'attendre à de grandes révélations à ce sujet, l'auteur ne nous révèle rien de nouveau, tous les éléments principaux sont disponibles en un clic sur le net pour ceux qui ne connaissent pas le parcours de ce lamentable individu qu'était Josef Mengele.
Je précise toutefois que l'auteur est journaliste et qu'il a effectué un grand travail de recherche pour parfaire le parcours de Mengele, entre déplacements à l'étranger et consultation d'une riche bibliographie, fournie à la fin du roman.
Et déjà là, le bât blesse car pour un lecteur qui ne connaît pas Mengele, les détails de ces crimes ne viennent que tardivement dans le récit et sont survolés, réduisant ce roman à la simple cavale d'un criminel quelconque, sans appuyer sur la spécificité de Mengele au sein des exactions affreuses commises par les nazis au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Et pour les passionnés d'Histoire, cela revient pratiquement au même constat: une succession de fuites en avant qui pouvait être celle de n'importe quel autre de ses comparses, sans enrichir la personnalité du fuyard par l'évocation plus pointue de son passé.
Alors oui, vous me direz que ce n'est pas une biographie, que tout est dans le titre et que je suis sévère. Mais un petit chapitre d'introduction sur l'Ange de la mort, comme un instantané, une évocation d'une scène avec Mengele dans ses oeuvres pendant son séjour à Auschwitz aurait été une entrée en matière percutante, dressant son portrait écoeurant pour le suivre ensuite avec davantage d'intérêt dans sa disparition. À mon humble avis.
Alors bien entendu, le lecteur se délectera de la chute d'un criminel de guerre: voyeurisme sadique et complètement légitime au demeurant pour un monstre redevenu simple quidam, déchu de ses privilèges au fil du temps. Évidemment que le lecteur lira avec la rage au ventre que tant de ces individus ont échappé à la justice des hommes, n'auront jamais payé pour les atrocités commises, que beaucoup trop ont vécu encore de longues années alors que tant de leurs victimes n'auront pas eu ce privilège.
Oui, j'ose le dire, c'est jouissif de voir la déchéance d'un monstre en un vieillard geignard et pathétique.
Et à ce sujet, je vous invite à lire l'avis de Luxi sur Babelio dont voici le lien:
https://www.babelio.com/livres/Guez-
La-disparition-de-Josef-Mengele/963960/critiques/1351738
Je me suis interdit de relire sa publication avant la rédaction de mon article car elle emploie de manière incisive le vocabulaire juste et riche pour exprimer exactement le sentiment de dégoût qui m'a animée durant ma lecture et je préfère de loin citer son article au lieu d'essayer seulement de varier les mots! Merci Luxi!
Je suis donc restée sur ma faim avec Mengele.
Par contre, j'ai énormément apprécié les développements autour de la gouvernance de l'Argentine.
Comme je le dis souvent, en ce qui concerne la Seconde Guerre Mondiale comme pour tout autre conflit armé, il n'y a pas eu les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Il ne faut pas être naïf. Il y a seulement des vainqueurs et des vaincus. N'oublions pas que de grandes entreprises ayant encore pignon sur rue aujourd'hui, dans de divers domaines, ont exploité et profité du système nazi et des camps de la mort, que de grandes agences de renseignement ont récolté et « amélioré » les méthodes de tortures dans les interrogatoires menés par la Gestapo, et la liste est très longue pour les « bénéfices » retirés par les alliés de l'époque. Il ne faut pas oublier que près de 10 milliards venant d'outre Atlantique étaient « investis » dans le Reich…
Alors si la fuite et la retraite dorée de tant de hauts dignitaires et scientifiques nazis est choquante et écoeurante pour les êtres humains que nous sommes, pour des raisons morales évidentes, ce n'est guère une surprise d'un point de politique, stratégie commercial ou avancées scientifiques, qu'ils aient bénéficié d'un tel soutien financier et d'intendance en Amérique Latine, comme un peu plus au nord d'ailleurs et de manière un peu plus discrète.
L'auteur analyse l'évolution de l'engagement argentin dans le refuge offert aux nazis par l'évolution de son chef: Juan Peron. Il est le symbole de l'idéologie nazie qui ne s'est pas éteinte avec la capitulation de mai 45. Il ne sera pas le seul.
Et tous ces coupables de crimes contre l'humanité qui n'auront jamais été véritablement inquiétés par la justice des hommes, ont pu continuer de nourrir ainsi en toute impunité leur dogme, leur arrogance, leur mépris, leur haine et leur croyance à la suprématie aryenne et à l'hygiène raciale. Et ce, sans jamais éprouver de quelconque remords ou regrets, sans jamais prendre conscience un seul instant de la gravité et de la cruauté innommable de leurs actes.
En cela, c'est la partie du roman que j'ai préférée, je l'avoue. Ou pourquoi et comment des nazis comme Mengele ont pu passé allègrement, avec plus ou moins de confort (mais là, je n'ai aucune compassion ni pitié pour leurs petits revers de fortune!), entre les mailles du filet de la justice.
En ce qui concerne Josef Mengele, je suis restée sur ma faim mais je dois avouer que j'avais déjà une connaissance solide de ce « serpent psychopathe » avant sa fuite et que j'ai tout de même apprécié de le voir s'enfoncer dans la fange. J'aurais aimé qu'il s'étouffe avec sa moustache… soit bouffer par ses chiens, tiens! (Je sais, ce n'est pas sympa pour les chiens!)
En conclusion, je suis déçue car j'aurais préféré que l'auteur axe davantage son roman sur la personnalité de Josef Mengele ou sur le système international ayant permis la fuite des nazis après guerre, ou encore sur les efforts mis en oeuvre dans la chasse aux nazis, par le MOSSAD par exemple… Mais cumuler ses trois axes dans un même roman, en plus assez court, ne m'a pas suffisamment convaincue…
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