Josef Mengele, c'est "l'Ange de la mort", le médecin sélectionneur d'Auschwitz, le savant fou qui collectionnait les yeux bleus et pratiquait des expériences sur du matériel humain, in vivo.
La Disparition de Josef Mengele raconte sa période sud-américaine et la traque dont il a fait l'objet (parfois sérieusement, parfois mollement). Alors, attention SPOIL: Mengele n'a jamais été arrêté. Mais là n'est pas l'important. Ce qui fait que ce roman (très bien documenté) est passionnant, ce sont les conditions de sa traque: la géopolitique de l'après guerre. Déjà, le péronisme argentin. Je savais obscurément que c'était un régime très particulier, mêlant populisme et autoritarisme. On en apprend des vertes et des pas mûres dans
La Disparition de Josef Mengele. En fait, le péronisme c'est du nazisme light: du national-socialisme sans l'obsession de la race. Ce fut aussi un des premiers pays "non alignés", rejetant avec le même mépris le capitalisme américain et le communisme athée soviétique. Ajoutez à cela, un catholicisme fort (et antisémite), rien d'étonnant, dès lors, à ce que l'Argentine ait été un parfait cocon pour les nazis en fuite, dont Mengele et l'inénarrable Eichmann. Tout ce petit monde coulait des jours heureux quasiment au nez et la barbe des Américains qui, finalement, ne se pressaient pas trop pour les arrêter. Mais pourquoi ? C'est ce à quoi répond
La Disparition de Josef Mengele; elle explique les flux et les reflux de la nécessité d'arrêter les criminels de guerre. Pourquoi et comment le Mossad a eu le culot d'enlever Eichmann en Argntine, en 1961 et pas Mengele ? Pourquoi Weisenthal a menti dans les années 70 à propos de Mengele ? Pourquoi
Béate Klarsfeld s'est égosillée pour rien devant le parlement d'Ascuncion au début des années 80 ?
Ce petit roman revient aussi sur le nazisme en tant qu'idéologie. Et on ne peut s'empêcher de frisonner en se disant "Et si". Et si les Allemands avaient gagné la guerre ?! Et si Mengele avait reçu le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la génétique ?! Quelle serait notre société aujourd'hui ?
Et puis, on trouve, dans
La Disparition de Josef Mengele, toute matière à réflexion sur la justice. Evidemment que Mengele méritait d'être arrêté, jugé et condamné (à mort bien sûr). Mais pourquoi lui et pas d'autres ? Une quantité impressionnante de nazis a vécue en Allemagne/RFA sans être inquiétée. Certains sont devenus des agents affiliés à la CIA.
Et qu'on ne vienne pas me parler de repentir. AUCUN ne s'est repenti. Quand on est à ce point fanatisé, on vit et on meurt selon ses valeurs de fanatique. Ca a été le cas pour Mengele: il est mort en nazi, obsédé par la pureté de la race, persuadé d'avoir contribué à son amélioration par le biais de la science la plus noble qui soit: la médecine. Mais, rassurez-vous, il y a quand même une justice...