La messe est une torture, le dimanche je déteste mon père. Je l'adore le jeudi après-midi, il devient mon meilleur copain. Après le déjeuner, nous descendons ensemble dans la rue, ma mère nous regarde derrière la fenêtre, tout de suite je mets ma main droite dans la main gauche de mon père et il les enfouit toutes les deux dans sa poche.
Les nazis planqués derrière les portes se délectent dans les effluves de peau grillée parmi lesquels s'échappent les prières.
Le professeur principal, Mme Repel, (...) a inscrit dans la case appréciation générale : "enfant hypocrite". (...) Dix ans plus tard j'apprends (...) qu'elle s'est fait décapiter (...) dans un accident de la route.
Quand je me pencherai sur vos cadavres, mes chers géniteurs, au lieu de baiser votre peau je la pincerai, et je leur arracherai une touffe de cheveux.
Mes rapports avec mes parents se sont réduits à des formules d'attentions, de craintes, d'inquiétudes réciproques. Je suis d'une froideur extrême avec eux, ils n'osent même plus me poser de questions. Mais je pense : les laisser juste me voir, et toujours vivant, est le plus grand don - le seul - que je puisse leur faire.
La mère qui dit "On n'est pas des vieux, on fait toujours l'amour".
La mort des parents : le jour ou l'on connait la délivrance ne n'avoir plus rien à prouver ( p 130)
Dans le berceau puis dans le lit je me retrouve enlacé à un grand chiffon de laine blanche souillée et pelucheuse (...) c'est mon burnous (...) c'est mon petit jumeau plat de laine, nous nous embrassons collés l'un à l'autre, je lui pisse dessus et il en rit, un matin je m'éveille affreusement nu, la peau retournée opérée de sa peau (...) première idée de mort, premier mépris.
Le jeudi 21 juillet 1983, alors que je suis sur l'île d'Elbe et que sa sœur Suzanne se trouve dans sa maison de campagne de Gisors, dans l'autobus 49 en direction de la gare du Nord où elle doit acheter le billet d'un prochain voyage, ma grand-tante Louise, âgée de soixante-seize ans, a un malaise.