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Retour du Voyageur, mais surtout de Sylve, son épouse, lassée de l'attendre. Quel joie de les retrouver. Quand j'avais entamé le premier tome, Rivages, j'étais hésitant et me demandait où cela allait me mener. Et j'avais été happé par l'errance du voyageur, ce rythme lent et contemplatif qui donnait envie d'aller en pleine nature et de l'observer. Et, au début de la Fin des étiages, on le retrouve, ce rythme. On reprend goût à ces lieux fantastiques où l'on aimerait se perdre. On redécouvre les personnages attachants du premier volume, avec leurs doutes et, surtout, leurs envies, contagieuses. Je me suis donc glissé dans les premières pages de ce roman comme dans un vieux vêtement agréable, plusieurs fois portés, mais capable, encore, d'étonner.

Et quand le rythme s'est accéléré, que la fin s'est annoncé, d'assez loin, je n'ai ressenti aucune gêne, aucune frustration. Tout est amené avec naturel : les intérêts de chaque peuple, de chaque groupe, se mettent en place sans heurt, portés par l'émerveillement (ou la crainte) de celui que l'auteur a choisi pour nous servir de guide. Quentil, par exemple, qui prenait de l'importance à la fin du précédent ouvrage, est un protagoniste de premier-plan ici. C'est lui qui nous fait découvrir la menace mécanique qui hante de roman. Car une fois de plus, l'auteur se place du côté de la nature face à une mécanisation, une industrialisation vues comme des dangers, tant elles prennent sans donner, elles détruisent sans construire derrière. D'aucuns pourront juger ce message simpliste et trop démagogique.

Mais La Fin des étiages n'est pas un roman écologiste militant. C'est une vision, belle, d'un monde où les habitants, divers et variés, ont pris leur place dans une nature qui ne se se laisse pas faire. La technologie n'y est pas utile quand on a la connaissance et l'entraide (avec un peu de magie, il est vrai). Ce n'est pas une histoire qui donne nécessairement envie d'abandonner notre mode de vie actuel et de courir nu sous la pluie. Ce n'est pas le propos. C'est, je le répète, une belle histoire, racontée avec délicatesse. Et certains passages m'ont vu le regard dans le vide, imprégné par ces paysages magiques, ces moments de grâce pour lesquels je remercie l'auteur. Certes, le scénario, surtout sur la fin, était facile à imaginer, mais pas décevant, car il coulait de source et ne cherchait pas à surprendre. Juste à entraîner.

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, pour son climat, son imaginaire. J'ai aimé visiter à nouveau le Dômaine et j'y retournerai sans doute, parfois, en rêve.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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C'est avec le roman Rivages que nous découvrions l'année dernière le français Gauthier Guillemin. Surprenant tout le monde, Albin Michel Imaginaire annonçait la sortie d'une suite quelques temps après pour une histoire qui, il faut bien l'avouer, se suffisait amplement à elle-même.
Avec La Fin des Étiages pourtant, Gauthier Guillemin tente un coup de poker et change son fusil d'épaule pour offrir au lecteur une perspective nouvelle sur son monde fantasy.

Le livre du mouvement
Dans Rivages, il s'agissait de suivre le périple du Voyageur à travers l'étrange forêt du Dômaine à la rencontre du peuple Ondin.
Cette fois, le Voyageur joue un rôle périphérique, sorte de McGuffin relié à sa compagne Sylve par la même volonté de bousculer l'immobilisme.
Devant la disparition de son époux, Sylve décide de partir à sa recherche et secoue le conseil des anciens du village Ondin.
Avant tout, La Fin des Étiages remet en mouvement les peuples et les coutumes. Gauthier Guillemin démontre que la marche en avant permet à la civilisation de survivre, de se renouveler, de ne pas se perdre en cours de route.
Cette mentalité ne s'applique d'ailleurs pas qu'à la décision de Sylve et à la remise en question de la sédentarité des Ondins, elle contamine également l'abord de l'Histoire elle-même, des mythes qui la sous-tendent et, tout simplement du passé des uns et des autres.
En renouant contact avec les Fomoires d'une façon bien moins belliqueuse qu'auparavant, les ennemis jurés remettent en question leurs certitudes passées et se libèrent du carcan de leurs légendes qui faisait d'eux des antagonistes absolus jusque là.
Mais lorsque nécessité fait loi, les ennemis de mes ennemis…

Élargir son univers
La Fin des Étiages, c'est aussi une occasion rêvée pour Gauthier Guillemin d'agrandir son univers tout en explorant d'autres moyens narratifs et d'autres registres.
Le lecteur visite la capitale des Nardenyllais, autre peuple humain de plus en plus inquiétant pour le Dômaine, mais aussi bien d'autres frontières, à commencer par celles qu'ouvrent ce mystérieux réseaux de seuils-téléporteurs qui semble réduire les distances entre les êtres et les conflits.
De façon moins littérale, il s'agit aussi d'élargir l'univers des personnages eux-mêmes et de les faire comprendre l'autre. Si l'on devine des mensonges et des non-dits, on se rend aussi compte que ce sont les habitants les plus fantastiques de la forêt qui doivent remettre l'homme au pas une fois de plus.
Roman de la renaissance magique, La Fin des Étiages fustige de nouveau une technologie mortifère pour Mère Nature et pour la magie qu'elle renferme.
L'absolutisme des Nardenyllais et les dégâts qu'ils causent reflètent assez bien les ravages commises par l'humanité à l'heure actuelle.
Si vous n'étiez pas convaincu du côté écologique de cette fantasy à la française, voilà de quoi réfléchir comme il faut sur l'importance de respecter notre monde.

Se battre pour vivre
Plus éparpillé et plus généreux, La Fin des Étiages est aussi un roman nettement plus remuant. Outre la balade dans la capitale des Nardenyllais, Gauthier Guillemin organise des vengeances et confronte finalement les deux principaux camps dans un affrontement épique et haut-en-couleurs que n'aurait certainement pas renié Tolkien, le gouffre de Helm en moins, la pyrotechnie en plus.
Après l'apaisement du premier volume et sa quasi-introspection, La Fin des Étiages devient mordant et réconciliant dans un même élan, unissant les ennemis de jadis pour repousser les vieux démons qui menacent.
Efficace dans l'action comme dans l'intime, Gauthier Guillemin n'oublie ni le Verbe ni la poésie de son premier volume pour la seconde (et dernière ?) pierre de cet univers fantasy décidément attachant et passionnant.

Inattendu mais tout aussi réussi, La Fin des Étiages poursuit la réflexion philosophique et écologique amorcée avec Rivages. Gauthier Guillemin renouvelle son approche narrative et embellit considérablement son univers pour offrir au final un livre complémentaire et foisonnant où action et réflexion font bon ménage.
Lien : https://justaword.fr/rivages..
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En conclusion, La fin des étiages est complètement différent de Rivages et malheureusement, j'ai beaucoup moins accroché à cette suite en raison de son rythme déséquilibré (entre une première moitié très lente avec beaucoup de longueurs et une seconde au contraire trop rapide). de plus, bien que ce roman s'inscrive de manière bienvenue dans les préoccupations environnementales actuelles, pour ma part, je ne partage pas ce point de vue de faire des technologies quelque chose de foncièrement négatif. Si on ne peut nier leur rôle crucial dans la crise écologique actuelle et l'épuisement des ressources, je pense au contraire que les solutions peuvent être apportées par les technologies notamment celles qui mobilisent les énergies renouvelables. Reste l'inspiration tolkiennienne qui a pendant longtemps conditionné mes lectures ; aussi, l'inversion des codes du Seigneur des Anneaux était au contraire une idée plutôt originale.

Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Difficile de parler d'un roman dont le synopsis lui-même va vous spoiler l'opus précédent, Rivages ! Je vous invite donc à parcourir le résumé de ce tome-ci si vous le souhaitez, et si vous avez lu le premier avant.
De manière globale, on va dire que La fin des étiages explore davantage le Dômaine, en nous faisant découvrir la capitale d'un peuple mentionné dans Rivages, les Nardellynais. La fin des étiages se situe au croisement des destins de plusieurs peuples…


La fin des étiages se place dans la continuité de Rivages, mais aussi en rupture.
Continuité dans l'intrigue, les thématiques explorées, la déconstruction et la plume poétique de l'auteur. On retrouve la finesse de la plume, sa poésie, sa légèreté. On retrouve également le travail métaphorique de l'auteur, ici sur la fin du reflux, à la fois de la mer et des souvenirs. J'ai aimé parcourir de nouveau le Dômaine, sa nature foisonnante, et ces personnages doux et lumineux.
Comme dans Rivages, l'auteur continue de détricoter tous nos repères romanesques, en éclatant la narration en plusieurs focus personnages, en complexifiant l'intrigue et en invisibilisant un personnage majeur pendant les trois quarts du récit.

Mais rupture aussi, car les décors, les focus personnages changent. S'il y a bien une fin ici, c'est celle de la rêverie du promeneur solitaire : place à l'action. Mais sans brusquerie non plus; tout est bien pesé.
Le roman prend alors des tonalités épiques en conclusion, renouant avec les grands récits des anciens, à l'image des histoires et mythes fondateurs. En cela, il retourne aux bases de la fantasy, même si ce motif de la quête, tant présent dans Rivages, garde son ambiguïté dans cet opus.

J'y ai vu une réflexion sur ce que signifie la fin; ici, elle est plutôt une étape, une porte, vers autre chose, d'autres histoires à raconter et à forger. En quelques sortes, un renouveau.


La fin des étiages conclut donc la duologie commencée avec Rivages. Gauthier Guillemin offre ici une belle suite aux personnages attachants du premier opus. J'ai trouvé qu'il y avait dans ce roman une ambiance plus mythique, comme si ce texte était un récit de mémoire, forgeant l'identité d'un peuple. Une sorte de récit fondateur. La fin des étiages se place dans la continuité directe de Rivages, mais parvient à offrir quelque chose de nouveau, différent, tout aussi beau et merveilleux à lire.


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Après Rivages, La Fin des Étiages donne un nouveau souffle à cette histoire en offrant une vision des peuples vivants dans le Dômaine !

Je tiens à remercier les éditions Albin Michel Imaginaire pour l'envoi de ce roman. Il y a quelque temps, je recevais le premier roman de Gauthier Guillemin, nommé Rivages. Il devait normalement se suffire à lui-même, mais l'auteur venait d'annoncer une suite. Il est vrai que le premier opus peut se lire seul, sans jamais fouler du regard son petit frère. Mais voilà qu'il apporte un autre regard, et un approfondissement vers les peuples qui cohabitent dans le Dômaine.

Je reste toujours admiratif devant les couvertures créées par Aurélien Police. Ce qui me choque le plus est sa façon de viser pile poil dans le mille. Je regarde les couvertures avant et après ma lecture du roman en question, et je dois dire que celle-ci en révèle bien des aspects. le premier tome se voulait à l'orée de la poésie et de la magie, alors, que nous réserve cette suite ? 😛
Lien : https://www.acaniel.fr/rivag..
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« La fin des étiages » est le second tome du diptyque de Gauthier Guillemin : « Rivages ». Et il prend un énorme virage par rapport à ce premier volume ! J'avais apprécié le premier sans ressentir toutes les émotions que j'ai eu avec le second. Je vous en dis un peu plus par la suite.
Pour commencer, « La fin des étiages » est un roman d'action contrairement au tome 1 qui était beaucoup plus contemplatif. Cela n'entache en rien la description en profondeur de l'univers. Au contraire, l'auteur a ce talent de décrire l'univers par les actions narrées. Certaines scènes sont haletantes. Je pense notamment à la scène de bataille finale qui déploie un feu d'artifices de scènes toutes plus attractives les unes que les autres. Les scènes sont donc épurées et centrées sur l'action. Ce qui fait du roman un texte assez court mais qui ne perd rien en intensité.
La focale du roman s'est aussi déplacée du Voyageur aux autres personnages qui faisaient partie de son environnement proche dans le premier opus. Cela permet d'élargir et d'enrichir le roman. le Voyageur représente l'éveil du peuple des ondins, l'onde de départ qui est venue créer toutes les autres.
Ce second tome est aussi l'occasion d'une plongée dans l'univers et surtout dans l'Histoire, la culture et les particularités de chacun des peuples décrits. le concept global est lié au mythe de la déesse Dana. On suit donc ses descendants. Par ce fil directeur, on s'intéresse aussi à tous les autres groupes. La force de ce roman est la création d'un passé commun, d'une Histoire commune qu'on explore au fil des pages. C'est une chose de créer une histoire mais c'est encore plus immersif de créer l'Histoire de ses protagonistes. D'autant que l'auteur est très concis mais son texte est dense. le style n'en prend pas ombrage et reste, comme dans le premier texte, très agréable à lire, poétique.
Si chaque peuple est bien différent, il existe une coalition entre ceux qui défendent et sont liés à la Nature et ceux qui s'en servent, sans se soucier de son bien-être. Déjà amorcée dans le premier tome, la critique écologique est ici l'un des points importants de l'intrigue. La Nature s'impose comme l'allié des ondins à tout moment. On parle souvent de l'écriture de l'imaginaire comme un moyen de parler de sujets de société et c'est ici le cas pour montrer l'insatiable curiosité technique de l'homme. La magie naturelle affronte la technologie des humains. On retrouve presque des influences steampunk dans la description des machines à vapeur humaines.
Pour revenir sur les deux parties du texte après lecture complète, j'ai l'impression d'avoir lu le tome 1 comme un préambule. J'ai davantage apprécié le dynamisme de « La fin des étiages ». J'ai eu le sentiment que les petites touches magiques que j'avais aimé sont amplifiées. Une très bonne surprise sur ce tome 2 donc !
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Après un premier tome focalisé sur le Voyageur et sa quête absolue d'un ailleurs, changement complet de perspective dans La Fin des Etiages qui met notamment en scène Sylve, l'Ondine du peuple de la forêt. Après neuf mois en attente du retour de son amoureux, elle décide de partir à sa recherche. Mais le récit se focalise aussi sur Quentil, parti à son tour explorer le vaste monde, la Cité des Nains ou celle des Humains (les Nardenyllais) par exemple.

Le peuple des Fomoires est aussi au centre du roman, et ils vont devoir coopérer avec les ondins et leurs alliés pour percer les mystères des pierres permettant de se déplacer d'un lieu à l'autre. Si les ondins sont pacifiques et calmes, voire souvent résignés à ne jamais voir la mer, les Formoires sont beaucoup plus brusques et virulents, abrupts comme des silex et la cohabitation fera des étincelles (uh uh). D'ailleurs les nombreuses mentions lithologiques me semblent une réponse à un premier tome plus végétal, malgré son titre. Faut-il abandonner ses rêves pour se concentrer sur le présent ou aller de l'avant quitte à tout sacrifier ? Les ondins devront faire un choix et c'est Sylve la bien-nommée, aidé de sa truculente grand-mère, qui s'avérera capable de les motiver à aller à la recherche de leurs racines.

Les Nardenyllais sont quant à eux engagés dans la voie d'une technologie bien peu compatible avec l'écologie, le parallèle avec notre situation réelle actuelle n'est pas difficile à faire. Par contre, l'arrivée de nouveaux protagonistes, assez caricaturaux, me semble un peu artificielle, si j'ose dire écrire. Et si Rivages se faisait remarquer par un pacifisme certain, La Fin des Étiages tranche (uh uh) complètement avec une violence et un combat final épique !

Étendant et développant son univers, voire plus loin, Gauthier Guillemin signe ici un second tome moins contemplatif au travers d'un récit choral qui mêle les peuples, la quête de leurs origines, leur interrogation sur un avenir séparé ou commun, le tout sur fond de voyage dimensionnel autorisant une fin ouverte…

Une fantasy atypique empreinte de poésie, hautement recommandable.
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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Avant tout, je remercie Gilles Dumay des Éditions Albin Michel Imaginaire pour l'envoi de la duologie de Gauthier Guillemin en service de presse, merci pour votre confiance !
La fin des étiages clôt la duologie de Gauthier Guillemin, commencée avec Rivages. le premier opus nous avait laissés dans une atmosphère de conte entre onirisme et nature, avec un souffle mystique pour les dernières pages avec le Voyageur au bord de l'épuisement. Néanmoins, il demeurait plusieurs aspects amenant à cette suite ; la présence des Fomoires, la parole de Zeneth qui a promis de ne plus lever de tribut sur le village des Ondins…
Ce tome annonce une ambiance très différente du premier, apportant plus franchement une dimension de fantasy, même si le Dômaine reste inextricablement lié aux personnages.

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Le point de vue s'élargit et se multiplie
Avec La fin des étiages, Gauthier Guillemin élargit l'horizon du Dômaine que nous avions dans le précédent opus. Nous allons en savoir plus sur les Fomoires, les antagonistes jurés des Ondins, visiter la capitale des Nardenyllais, peuple humain de souche commerciale mais riche par le savoir. Ainsi, le point de vue se multiplie : les Fomoires, Sylve, Quentil… Les Fomoires ont découvert d'étranges mégalithes et autres tumulus, un moyen de voyager qui n'est pas sans rappeler celui du Voyageur (d'abord les arbres puis des artefacts). Quant à Sylve, elle décide de bouger alors que cela fait neuf mois que son mari est parti pour la quête de Zeneth. de son côté, Quentil voyage, le voilà à Nar-î-Nadin, la capitale des Nardenyllais. Ces trois mouvements sont reliés et vont s'engrener comme les rouages d'une machinerie.
Il est appréciable dans ce tome d'en apprendre davantage sur les Fomoires, qui n'étaient que simples antagonistes précédemment. Au final, ils sont semblables aux Ondins, forcés à l'exil, eux qui ne sont pas faits pour le sédentarisme. Mais le côté multiple ne s'arrête pas : via Sylve, nous sommes témoin de plus de magie. Là où cela s'apparentait davantage au réalisme magique dans Rivages, la fantasy se révèle : le lien que Sylve entretient avec les élémentaires, sa capacité à se plonger en transe ; l'on voit les dragons des chevaucheuses ondines. À cela, s'ajoutent un versant alchimique, avec les machineries et les sombres inventions orchestrées par Zeneth à Nar-î-Nadin. Un souffle épique s'instaure même car tous ces peuples veulent retrouver la mer, et affrontement il y aura.

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La fin de l'immobilisme
Après le Voyageur qui est parti en quête de la mer, c'est au tour de Sylve et de Quentil de sortir de l'immobilisme imposé par la sédentarité au village des Ondins. Sylve marque clairement cette cassure en mettant au pied du mur le Conseil qui ne prend pas position et cache même des informations. Sylve va partir et emmener tous ceux qui le souhaitent, ce qui divise le village, certains étant trop attachés désormais à la Forêt.
De son côté, Quentil a des airs du Voyageur à découvrir Nar-î-Nadin : tout l'émerveille. Seulement, au fur et à mesure, il va se rendre compte des détails dans lesquels se cachent les projets contre nature de Zeneth. À l'image des humains, ce dernier veut posséder ; son projet est de conquérir, se dressant face à la nature, pour établir son emprise sur les rivages. le voeu qu'il caresse, et dont on se doutait via sa rencontre avec le Voyageur, réside bien là. Il en est même allé jusqu'à s'allier avec un peuple oublié, un peuple qui tient une haine séculaire aux Ondins qui les auraient autrefois chassés. Une sombre machine est ainsi élaborée, une aberration. Pour faire face à cette menace, les Ondins et les Fomoires vont s'allier.
Rivages évoquait les mythes et archétypes qu'induisait la perte des traces du passé. Au village des Ondins, les archives contiennent des textes seulement accessibles aux membres du Conseil, de même, l'on se rendra compte que certains faits, portant de l'ombre aux Ondins, ne figurent pas dans les mémoires. Aussi, initié par le Voyageur dans le premier opus, tout se met en branle.

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Place à la fantasy !
Vous l'aurez compris, ce tome est différent de son prédécesseur, qui était plus contemplatif. Pour autant, l'auteur conserve sa plume poétique, par moment onirique, celle-ci s'adapte aux machineries de Zeneth comme à un récit épique en fin d'ouvrage. Une fois de plus, les Ondins défendent la Nature, face aux Nardenyllais cette fois. Zeneth veut conquérir plus de territoires, massacrant la nature et sa faune pour se faire ; ce qui est loin de l'harmonie que les Ondins recherchent avec le Dômaine.
Si le premier opus interrogeait quant au genre littéraire, ici Gauthier Guillemin affirme une fantasy qui demeurait de l'ordre du réalisme magique. Plusieurs peuples dotés de magie, quelques dragons, un bestiaire ténu mais évoqué voire mis en scène comme avec les drées, une bataille épique… L'alchimie et la sombre technicité du peuple oublié avec lequel s'est allié Zeneth ajoute une dimension quelque peu monstrueuse, égale au désir de Zeneth de conquérir, de vouloir dominer la nature. D'ailleurs, cela n'est pas sans rappeler notre réalité, la condamnation de la nature pour élargir les territoires humains, la cassure de l'harmonie qui autrefois existait.
Dans cette continuité, résonne l'exil des peuples, qui ne trouvent plus les rivages desquels sont venus leurs ancêtres. Ils ont tissé des liens avec le Dômaine, cette forêt dangereuse qui refuse de se faire décimer. Ils rêvent de leurs origines, fantasment de retrouver la mer, las et en perdition de leur identité face à la sédentarité confortable pour les Ondins, frustrés de connaître par coeur le Dômaine et aspirant à découvrir d'autres horizons pour les Fomoires, nomades. La fin des étiages, c'est un peu comme la Nature, ayant trouvé des alliés avec les Ondins et les Fomoires, contre la mégalomanie humaine qui est de détruire, polluer et conquérir, d'assujettir. Dans la verve du Seigneur des Anneaux, une bataille épique, nature et magie contre les monstres d'acier à vapeur de Zeneth et du peuple ennemi, va éclater.

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Retour à la source
Les jeux de miroir, que j'évoquais dans ma chronique concernant le 1er opus, débouchent dans cette conclusion sur la magie séculaire des seuils, l'ensemble des mégalithes et autres tumulus. Mais également par un retour au berceau, qui confère une nouvelle frontière aux territoires. Tandis qu'une grande partie des habitants du village des Ondins part s'installer au bord des rivages, d'autres demeurent au village ; de même que si la plupart des Fomoires projettent de bâtir des bateaux pour découvrir la mer et d'autres terres, certains restent pour garder la frontière.
La magie séculaire des grosses pierres est parfois vertigineuse, notamment avec son don d'iniquité, mais elle relie à présent, permet de voyager, de se retrouver, de renouer, quelque part, avec le passé, l'identité des peuples, de découvrir des bribes de passé oubliées, comme l'alliance des Ondins et des Fomoires, qui se répète aujourd'hui. Ainsi, c'est un renouveau que répand la conclusion de la duologie de Gauthier Guillemin, un nouveau souffle, un élan vers l'avant pour renouer avec ses racines, son identité, tant en tant que peuple qu'en tant qu'individu.

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En bref : concluant la duologie amorcée avec Rivages, La fin des étiages apporte le complément attendu, notamment quant à la quête d'identité des Ondins, leurs liens avec les autres peuples, le réseau de magie séculaire. Rompant avec le réalisme magique de son prédécesseur, ce tome amène franchement une atmosphère de fantasy, magie et machineries alchimiques se côtoient, dans toute cette dualité entre l'harmonie et la conquête destructrice. C'est la fin de l'immobilisme, le retour à la source, le moment de voir plus loin, de forger de nouvelles alliances, et de se battre.
Pour moi, ce tome était nécessaire pour poursuivre et conclure les graines disséminées par le Voyageur dans Rivages. Si pour moi cette lecture prêche une convertie, j'espère que ce genre de romans amènera l'impulsion à protéger la Nature, à la voir comme une amie, et non une entité à dominer, contrôler.
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Dès les premières pages, Gauthier Guillemin m'a transporté à nouveau au coeur du Domaine grâce à sa plume lyrique et poétique qui envoûte le lecteur et l'apaise. Une belle aubaine en ce moment! On ressent aussi encore et toujours l'amour de l'auteur pour les beaux mots et la poésie, notamment par l'introduction de chaque chapitre par les mots d'auteurs classique. Son univers est ici plus développé, plus approfondi mais continue à faire la part belle à la nature. L'auteur promeut un mode de vie en accord avec celle-ci en opposition au progrès qui asservit le Domaine et le détruit. Une philosophie écologique [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Voir ma chronique du tome 1, Rivages, pour plus de détails.

J'ai trouvé ce diptyque ambitieux mais surtout confus, manquant pour moi de repères me permettant de situer le récit. Je suis très certainement trop terre à terre pour ce genre de récit...

Je vous invite à vous faire votre propre avis et si vous les lisez ou les avez déjà lus, n'hésitez pas à venir m'en parler.
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