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Il est un âge où l'on commence à apprivoiser l'idée de la mort. La maladie, la fatigue et parfois la terrible solitude nous alourdissent. Pourtant, vieillir n'implique pas forcément de renoncer à la vie. Tout au contraire, cela peut être le temps d'en connaitre enfin le secret, d'en apprécier pleinement les fruits et de compter ses "Possibles futurs".

Le dernier recueil de Guillevic, publié en 1996, soit un an avant sa mort, se découpe en plusieurs thèmes: le matin, le soir, l'oiseau... Des thèmes simples, tendant à l essentiel, que Guillevic décline en une poésie minimaliste, parfois proche de l'haïku.
Si le poète cessa de fréquenter les églises, il n'en garda pas moins une espérance et le désir d'un au-delà qui nous sauverait de tout et du rien qui habille parfois nos vies. le poète va maintenant à petits pas mais plus rien ne lui échappe, de la beauté d'une feuille à celle d'un battement d'aile. Lui, dont les années sont maintenant comptées, s'émerveille du simple fait d'exister.

"Le matin
T'est donné

Ne le prends pas
Comme un dû."

Pour dire son amour de la vie, Guillevic réduit sa parole, la condense, creusant toujours plus loin vers ce qui nous recentre. Ses poèmes atteignent ainsi à la beauté nue, débarrassée de tout lyrisme. Ils sont comme de petits galets polis par les flots, humbles et purs. Pourtant il n'y a aucune froideur dans cette poésie minérale, mais plutôt une infinie tendresse et de la gratitude pour ce qui est encore donné et qui bientôt ne sera plus.

"Arrête
Repose-toi.

Nourris-toi du ciel
Autant qu'il te le demande."

La poésie a le souffle court et le rythme d'une pulsation. le temps presse mais la vie appelle encore.
"Il nous faut regarder" chantait un autre poète. Regarder l'ici et maintenant et s'en gorger jusqu'à plus soif. Et puis, par ce regard rendus plus forts, affronter les "Possibles futurs".


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Une critique sur un recueil de poésie, bien sûr pourquoi pas. Mais nous savons tous qu'il est extrêmement difficile de dire un poète, de faire partager son univers sensible.
Rien ne remplace la découverte directe par chacun d'entre nous de ses assemblages intimes de mots, de vers, de sa musique personnelle qui nous touche, ou pas d'ailleurs.

Alors, pour innover un peu, je propose d'éprouver la poésie de Guillevic, de suivre mon chemin vers cette poésie concise, presque elliptique, qui s'adresse directement au vivant, au vécu de chacun, sans trop de détour ni métaphore, d'où sa force indéniable bien sûr qui me plait tant. La nature est très souvent mêlée à cette poésie, que je perçois comme foncièrement positive, tournée vers l'énergie, la vie, pour ce breton " Ivre seulement d'exister".

Imaginons !
Tu commences la lecture, lentement et de préférence à haute voix du poème ( ci-dessous par exemple, ou une des citations ).
Les vers s'enroulent autour d'un axe le plus souvent connu, vécu - le soir, le silence, elle, la nature...-, avec des mots simples qui t'entraînent rapidement au-delà de l'état d'équilibre des mots, des souvenirs personnels.
Sans t'y attendre, tu bascules le plus souvent étonné vers une autre possibilité, une proposition inattendue, un pas de côté.
Tu abordes les rivages poétiques de Guillevic qui affirme lui-même :
" J'ausculte un présent sans frontière."


"Ne me demande pas
D'où me vient le pouvoir
Que j'ai de te connaître,

Après tout,
Nous n'avons peut-être
Jamais vécu séparés."
( de Lyriques )

Tu sais
Ce qu'a toujours été
Pour moi une pâquerette.

Laisse-moi te dire que depuis
Que nous l'aimons ensemble

Elle est encore plus
L'oeil de la terre.
( de Lyriques )
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C'est un vieux poète toujours en quête de «Possibles futurs» qui écrit ces textes, entre 1982 et 1994, «un vieux poète, nous dit Guillevic, toujours en révolte contre les à quoi bon».
Pas le plus original ni le plus fort de ses recueils sans doute, mais c'est bien agréable à lire, bien agréable d'accompagner le poète dans sa quête du «secret qu'on appelle beauté». On est loin de tout hermétisme, et l'écriture dépouillée de Guillevic distille ici une douceur, un apaisement. La contemplation du monde fait voler les frontières intérieur / extérieur, nous révèle en fait à nous-mêmes.

« Quand devant toi

Tu as l'océan



Tu fréquentes les abords

De ton intérieur. »

C'est une poésie qui invite à regarder, le monde, l'aimée, le matin, l'oiseau, etc, d'un regard qui donne

« Assez de temps

Pour communier » ,
une poésie qui invite à ausculter «un présent sans frontière» pour y déceler de possibles futurs.
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" S'il n'y avait pas ce rêve, cette projection de l'avenir dans le présent, ce monde ne serait pas pour moi supportable", écrivait Guillevic dans " Vivre en poésie". le titre de ce dernier recueil publié par le poète, alors dans un grand âge, affaibli par une chute, fait écho à sa vision du temps.

le sentiment merveilleux d'être jaillit au coeur des poèmes, en cela ce recueil n'est pas à voir comme un chant du cygne déchirant, une plainte de celui qui sait qu'il va mourir.

" Sur cette plage,
Sur ce sable devant l'océan,

Plus profond
Que tout ce que tu reçois:

Cette chose
Dont tu ne sais rien,

Qui te maintient en cet état
D'équilibre, de bien-être

Où tu aimes
Te sentir vivre"

Chaque partie égrène comme un refrain un mot thématique: l'oiseau, le matin, le soir, les textes courts creusent le temps de vivre, d'observer, de goûter. J'ai particulièrement été sensible aux deux chapitres intitulés " Elle" et " Lyriques" qui exaltent avec une telle ferveur, par des mots pourtant sobres, l'amour porté à celle qu'il aime, proche comme lui de la nature, où ils fusionnent:

" Pour dire
La beauté du jour,

Il lui suffit d'apparaitre
Sur le pas de la porte"

Ces ultimes poèmes de Guillevic m'ont emplie de sérénité, l'enchantement d'exister au coeur de la nature est toujours là, le désir de participer au monde aussi. Quel bel élan , quelle source d'émotion! A lire, assurément.

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Ce recueil ou un autre, de Guillevic. En fait, c'est celui que je possède, mais les autres sont de qualité égale, i.e. exceptionnelle...
faisant penser parfois à des haikus...
Lien : http://rozven.hautetfort.com
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Découvert au cours des journées de ressourcements à l'abbaye d'Orval, sous l'égide du Père Bernard-Joseph, ce volume est une source éternelle de méditation.
L'auteur rejoint en cela Émile Verhaeren, mais de manière quelque peu plus ardue et écourtée, dans sa vision intemporelle de la nature qui l'entoure, de sa vision au-delà d'elle même.

Un petit volume qui tient dans la poche, partout où vous irez! Et comme à son habitude Guillevic nous inspire par de petites touches quelques lignes, pratique à lire quand vous serez dans un file, entre deux charrettes du magasinage, ou deux chevaux de fer. 8-
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Dernier recueil publié du vivant de Guillevic, « Possibles futurs », malgré quelques fulgurances de très grande classe, peine quelque peu à éviter un sentiment de léger ressassement et d'usure partielle de certaines métaphores.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/31/note-de-lecture-possibles-futurs-guillevic/

Écrits entre 1982 et 1994, les poèmes de Guillevic qui composent « Possibles futurs », paru chez Gallimard en 1996, forment ensemble le dernier recueil publié du vivant de l'auteur, décédé en 1997.

Il est un peu triste d'y constater que, à quelques magnifiques exceptions près, la magie pourtant si coutumière de Guillevic n'opère plus vraiment ici pour moi. Ayant choisi plusieurs « objets » poétiques distincts pour lui servir d'interlocuteurs silencieux et de supports métaphoriques lancinants (« le matin », « L'oiseau », « le soir », « du silence », ou même « Elle »), la puissance de ces adresses scandées semble pâle comparée à celle de l'extraordinaire « Paroi » de 1970, resté difficile à égaler il est vrai dans le déploiement hypnotique de ses coups directs et de ses sous-entendus.

Dans sa belle préface de 2014 pour l'édition de poche, Michaël Brophy souligne à très juste titre, mais peut-être sans en tirer toutes les conséquences, la dynamique traversant le recueil qui, sourdement, orchestre un ultime affrontement feutré entre la persistance d'une promesse émancipatoire dont Guillevic demeure jusqu'au bout un croyant, fût-ce, comme il le dit lui-même, en « naïf », et d'un apaisement – aux légers accents de résignation, pourraient dire les esprits chagrins (dont je fais ici un peu partie) – dans la célébration du « simplement vivre » et de sa beauté, à la fois indéniable et toujours quelque peu paradoxale.

C'est ainsi sans doute dans les variantes mutantes et discrètes de ce conflit de facto, présent ici, que ce recueil, qui ne saurait en effet faire oublier « terraqué », « Sphère », « Exécutoire », « Carnac » ou « Paroi », trouve sa justesse et sa force secrète, in extremis.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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