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3,57

sur 312 notes
Gifty est une jeune femme qui apprend à vivre en portant le poids de son passé. Tout au long du récit, on alterne entre passé et présent en essayant de comprendre en même temps que l'héroïne les différentes phases de la guérison, du pardon et de l'acceptation de soi et des autres. J'apprécie toujours autant l'écriture et le style de cette autrice qui arrive à mêler les destins et à les sublimer.
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La promesse de lecture de Sublime Royaume est scellée dès les trois premières pages : l'incompréhension de Gifty devant la folie de sa mère lorsqu'elle était enfant puis plus tard lorsqu'elle était étudiante en doctorat, une folie qui l'a plongée dans l'inertie. Pourtant ça bouillonnait. Question donc.

J'ai vraiment beaucoup aimé le trait d'union que Gifty dessine entre la religion et la science, les questions existentielles posées avec les prismes de l'une et de l'autre, avec en sus une difficulté et pas des moindres, l'étiquette Femme-Noire-Adoratrice de Jésus. Malheureusement, j'ai eu l'impression constante d'une mosaïque de scénettes, renforcée par le va-et-vient dans l'espace-temps et les bribes de relations.

Je ferme le livre, sa promesse m'échappant, l'ennui m'ayant gagnée trop fréquemment.
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Gifty est née en Alabama d'une famille ghanéenne fraichement installée aux USA.
Le père ne tardera pas à repartir au pays, laissant la mère travailler dur comme auxiliaire de vie pour élever ses deux enfants, la narratrice et son grand frère. Gifty fera de brillantes études en neuro-sciences et travaillera en laboratoire de recherche sur l'addiction chez les souris (on comprendra rapidement que ce n'est pas par hasard).

Le roman pourrait bien avoir un faux-air de journal intime, non ? Des extraits du journal de Gifty, enfant, sont d'ailleurs insérés en italique. le reste peut se lire comme les entrées successives d'un journal...
Ou alors peut-être (?) peut-il s'entendre comme un monologue destiné à un psycho-thérapeuthe...? (L'héroïne écrit : «rétrospectivement, je me rend compte que j'étais bonne pour la thérapie »)

Les récits et les pensées intimes se succèdent en tout cas, liant, au sein d'un même chapitre, bribes de souvenirs et moments présents.
Loin d'être aléatoire, cette alternance suit des fils conducteurs multiples qui donnent cohérence et grand intérêt au récit : le racisme, l'intégration, les relations mère-fille, la religion (et la manière dont elle se pratique aux USA et au Ghana), les sciences cognitives, l'addiction et ses causes...

Les différentes facettes du texte renvoient des éclairages partiels ainsi que des questions qui se posent et se reposent de manière différente au fur et à mesure que Gifty avance dans la vie, de l'enfance à l'approche de la trentaine. Cette évolution des points de vue et en même temps cette impossibilité à trouver les réponses « définitives » sont particulièrement intéressantes.

La question de la croyance au sens large est peut-être une des plus marquantes pour ce personnage : croire en Dieu au Ghana, en Dieu aux USA, croire en l'effet des prières ou des rituels, croire que la science va apporter « la » réponse, croire que son frère, sa mère, vont guérir...

L'auteure a la finesse de ne pas opposer ces croyances, elle ne seront pas contradictoires pour Gifty qui semble naviguer des unes aux autres.
Ainsi, elle écrit par exemple : «  Je ne sais pas pourquoi Jésus a ressuscité Lazare d'entre les morts, tout comme je ne sais pas pourquoi certaines souris cessent d'appuyer sur le levier et d'autres pas. Il s'agit peut-être d'une fausse équivalence, mais ces deux questions ont émergé de mon seul et unique cerveau à un moment ou un autre de ma vie, donc elles me tiennent à coeur. »

Les relations amoureuses est très peu abordées, peut-être comme si le parcours de la jeune fille l'avait rendue inapte à une « véritable histoire » ?

Et c'est peut-être ainsi qu'on ressort de ce roman : ce n'est pas une « véritable histoire », au sens habituel, que nous venons de lire, plutôt des instants de vie associés par les liens serrés qu'ils entretiennent, formant le portrait original et très touchant d'une jeune afro-américaine et de sa famille, et, en creux, le portrait d'une certaine société américaine.

L'empathie est bien présente, tant on entre intimement dans les pensées de la jeune fille, et tant les faits sont douloureux à assumer aussi.

J'ai beaucoup aimé le roman à l'exception de quelques passages des derniers chapitres (considérations un peu longues sur les sciences cognitives) qui tranchent un peu désagréablement -à mon goût- avec le rytme du reste du roman. Un rythme lent, mais rendu actif par le passage d'une époque à l'autre, d'un thème à l'autre, de manière spiralaire...

Après la lecture No Home, qui se présente comme une fresque familiale sur plus de deux cents ans, nous observons à l'inverse ici « à la loupe » quelques années seulement de la vie d'une famille : preuve que la très jeune auteure Yaa Gyasi aura plusieurs cordes à son arc !
Le Ghana et les USA sont dans ces deux romans les deux pôles entre lesquels naviguent les personnages, de manière différente et complémentaire. Avec, toujours, des structures narratives originales...
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Gifty, une jeune californienne, consacre toute ses journées à la recherche sur la dépendance aux opioïdes. Elle n'a pas d'amoureux-se, très peu d'amies, une mère qui habite loin, en Alabama. Or cette mère lui est adressée par le pasteur car elle est en profonde dépression. Elle se retrouve ainsi à avoir la charge de cette femme qui ne se lève pas de son lit, refuse de manger et ne parle plus.
Gifty est obligée de faire face, et tous les souvenirs enfouis refont surface. La mère pensait offrir un bel avenir à son fils, ce fils a disparu tragiquement, le père a préféré la culture ghanéenne à l'américaine. Gifty – un cadeau ? - sait qu'elle n'avait pas été désirée, sa mère le lui a dit bien souvent.
Toutes ces douleurs sont évoquées en douceur, par petites touches délicates, sur fond d'église omni-présente, de déracinement culturel et de racisme ordinaire.
Yaa Gyasi dévoile peu à peu la façon dont les malheurs sont arrivés, avec des chapitres courts, pour laisser souffler son lecteur reconnaissant. La narration est délicate, rythmée, parfaite.
Le sujet central de ce magnifique roman est la perte, comment l'accepter ? Comment se reconstruire après ?
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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No home reste gravé en lettre d'or dans ma mémoire de lecteur, j'attendais donc avec impatience ce Sublime royaume (soit dit en passant, je cherche encore la signification de ce  titre). Ce livre est totalement différent, il ne m'a pas procuré les mêmes émotions.
Le personnage du nouveau roman de Yaa Gyasi est certes d'origine ghanéenne, mais elle est avant tout, maintenant, américaine. Gifty est chercheuse en neurologie, elle s'amuse (enfin, ce n'est pas vraiment un jeu) avec des petites souris de laboratoire, qu'elle soumet à différentes expériences.
Elle doit accueillir sa mère. Pas facile quand on a une vie organisée et qu'on a choisi de faire une croix sur le passé. D'ailleurs l'arrivée de cette maman, qui s'enferme dans sa chambre et dans un silence assourdissant, va amener la jeune femme à se remettre en question, à  faire le bilan, même. Sa vie de scientifique qui l'a aidé à surmonter les épreuves, ses souvenirs d'un frère qui lui manque et d'un père qui n'a jamais été là finalement.
Il y a aussi ce rapport avec Dieu. Omniprésent chez une mère très croyante et que Gifty a, en alternance, prié ou renié.
Je n'ai pas ressenti d'empathie pour les personnages. Cette fille dans le questionnement permanent, jamais très sûre d'elle et ce fantôme, cette mère hors du temps, qui vient s'installer dans son appartement, et qui semble attendre. Qui ? Quoi ?
Cela n'enlève rien au talent de cette auteure promise à un bel avenir littéraire, j'en reste persuadé.
J'avais préparé quelques mouchoirs, ils sont restés dans la boîte, malgré quelques scènes émouvantes.
Mes exigences (sans doute exagérées) de lecteur et quelques événements extérieurs (coïncidence malheureuse), sont venus altérer mon jugement, mais je suis sûr que vous serez nombreux(ses) à apprécier ce roman.
Et puis, avouez-le, elle vous intrigue et vous hypnotise cette magnifique couverture rose et verte...
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Comme d'autres lecteurs et lectrices j'étais précédemment tombée sous le charme fou de No home, et pleine d'espoir je me sentais très confiante quand je démarrai ce deuxième opus de Yaa Gyasi.
Hélas, dès les premières pages, alors que mon cerveau n'imprimait pas, alors que je ne ressentais rien pour ces personnages, qu'aucun univers ne semblait se dessiner dans mon esprit pourtant avide de voyages littéraires, force fut de reconnaître que la magie des mots n'opérait pas cette fois.
Il me fallait comprendre pourquoi…

L'histoire en nous menant du Ghana aux USA fait parler à la première personne Gifti, jeune femme chercheuse en neurologie de couleur qui va, tout au long du texte questionner à la première personne la question de l'héritage culturel et religieux, les liens entre le rêve américain, la dépression et l'addiction aux drogues. Beau programme me direz-vous, et je suis d'accord.
Lorsqu'elle recueille sa mère dépressive, c'est tout son passé qui remonte à la surface.

Quand la structure narrative de No home se révélait fluide, imagée et même subtile, ici, je n'ai lu que des allers-retours entre l'avant et le présent détaillés sans fin et surtout difficiles à suivre. Ce qui m'a affreusement manqué ce sont les marqueurs temporels, mais également les compléments circonstanciels de lieu, d'espace… Il n'y en a pratiquement pas.

Ce texte oppose religion et science, ce qui est certes passionnant, mais la manière d'amener son propos s'apparente plus un mauvais journal intime qu'à autre chose : digressions, passages de l'enfance et de l'adolescence détaillés à foison, et surtout cette manière insupportable d'amener les choses, comme un cheveu sur la soupe. On passe sans cesse du coq à l'âne, ce qui très rapidement m'a ennuyée comme rarement.

Quelques études scientifiques détaillées s'immiscent entre deux "développements" narratifs. D'habitude, j'adore les sciences, mais là, chou blanc. Entre la mère dépressive et les souris avec leurs implants de fibre optique sur la tête, les écarts narratifs et le style auront eu raison de ma raison de lire.

Conclusion : à trop zapper on tue les personnages et surtout l'histoire !
Lien : http://justelire.fr/sublime-..
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J'avais beaucoup aimé No home, le 1 er roman de Yaa Gyasi , j'ai donc entamé Sublime royaume avec enthousiasme mais je n'ai pas ressenti le même plaisir à le lire.

Gifty, jeune chercheuse en neurologie, américaine d'origine ghanéenne, s'est construite sur une série de traumatismes : l'abandon du père, la mort du frère aîné, la dépression de la mère . Autant de drames qui l'éloignent de la religion qui a bercé toute son enfance et la poussent à chercher un sens à sa vie dans l'étude des neurosciences et les mécanismes du cerveau à l'oeuvre dans les addictions (comme chez son frère) et la dépression (comme chez sa mère).
C'est donc le portrait d'une jeune femme brillante intellectuellement mais terriblement handicapée socialement , beaucoup plus à l'aise avec ses souris de laboratoire qu'avec les autres humains, peinant à accepter l'amitié et plus encore l'amour, et cherchant sans fin à renouer avec sa mère un dialogue quasiment disparu à la mort de son frère.
C'est intéressant, plutôt triste, mais j'ai trouvé le questionnement foi et science un peu répétitif et le livre un peu long.
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J'avais tellement aimé "No home" de Yaa Gyasi.. mais là, je n'ai pas adhéré à ce récit, cette quète d'identité d'une jeune femme, ghanéenne d'origine, ayant grandi dans l'Alabama.
Chercheuse en neuroscience, Gifty étudie particulièrement les réactions neuronales aux addictions.
Quand sa mère à nouveau en dépression vient vivre chez elle, elle remonte le fil de son histoire familiale, dont le noyau constitué de 4 puis 3 puis 2 membres est marqué de blessures.
Si les passages concernant son frère auraient pu me toucher, j'ai été dérangée par les références constantes à Dieu, à la prière. Sa recherche d'identité est en fait une quète spirituelle qui ne m'a pas parlé.
Certains thèmes tout juste effleurés comme le racisme ambiant en Alabama auraient pu être développés. Et puis, je finis par trouver le procédé des récits "déconstruits" avec des va et vient dans un passé plus ou moins lointain, parlant d'un personnage, puis d'un autre, un peu lassant.
Challenge Multi-Défis 2021
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Gifty, américaine d'origine ghanéenne, est chercheuse en neurosciences à l'université de Stanford. Elle se consacre entièrement à ses recherches qui portent sur les addictions. Son quotidien bien réglé est bouleversé par l'arrivée de sa mère. Celle-ci est plongée dans une phase dépressive et Gifty doit s'occuper d'elle. La survenue de sa mère dans sa vie lui rappelle sa 1ère dépression qui était survenue après le décès de son frère Nana.

Je n'ai pas lu « No home », le premier roman de Yaa Gyasi mais je souhaitais découvrir son travail, c'est chose faite avec « Sublime royaume ». Ce deuxième roman fait des aller-retours entre le passé et le présent de manière fluide. Yaa Gyasi s'interroge sur ce que veut dire être noir aujourd'hui aux Etats-Unis. C'est la mère qui a souhaité quitter le Ghana pour rejoindre ce pays. Mais son rêve américain va rapidement tourner au cauchemar. La famille s'installe en Alabama et doit faire face au racisme. le père est accusé plusieurs fois de vol au supermarché ; la mère, qui est aide à domicile, est insultée par son employeur ; Nana n'est accepté que lorsqu'il fait gagner son équipe de basket. Cela finit par affecter et gangrener la famille. Ne supportant plus les humiliations, le père repart seul au Ghana. Nana finit par sombrer dans la drogue alors que sa soeur veut atteindre l'excellence pour s'intégrer. La mère est plongée dans le déni, rien ne lui volera son rêve américain. Un constat glaçant qui résonne fortement avec les évènements récents et le mouvement Black lives matter.

Le fil conducteur de cette histoire sur le racisme du Sud des Etats-Unis, est la relation mère-fille complexe et conflictuelle. Les deux femmes s'opposent tout au long du roman. La mère ne souhaitait pas de deuxième enfant et sa vie s'effondre à la mort de son fils. Gifty apprend à se débrouiller seule. Face à la désertion du père et la mort de Nana, la béquille de sa mère est la religion alors que celle de Gifty est la science, ce qui lui permet de garder le contrôle sur sa vie. Deux mondes irréconciliables et en opposition totale. Ce qui est très beau dans « Sublime royaume », c'est que le roman raconte le cheminement de Gifty vers l'acceptation de soi, la réconciliation de ses différentes facettes : ghanéenne/américaine, sciences/foi.

Ma découverte de Yaa Gyasi fut totalement positive, son intrigue est magnifiquement incarnée par des personnages attachants dont les failles, les blessures sont au coeur du roman.

Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Gifty est une brillante étudiante en neurologie à l'université de Stanford en Californie. le roman commence lorsqu'elle accepte d'accueillir sa mère de nouveau victime d'une profonde dépression qui la plonge dans le silence et la prostration.
L'arrivée de cette femme presque sexagénaire va faire remonter les souvenirs d'enfance qui expliquent l'adulte qu'elle est devenue.
Gifty est née en Alabama de parents originaires du Ghana. Son aîné surnommé Nana est né en Afrique.
Marquée très jeune par la ferveur religieuse de sa génitrice, elle prie, étudie la Bible et tient un journal où elle s'adresse à Dieu en dénonçant le comportement du Mamba Noir, sobriquet qu'elle attribue à son aïeule, qui lui préfère son frère. Même après que ce dernier fut devenu un drogué incapable de décrocher de son addiction.
Entre la mère et la fille, c'est l'incompréhension, une incompréhension qui grandit avec la mort de Nana d'une overdose d'héroïne. A la suite de cet événement précédé du retour au pays du père, la mère et la fille se retrouvent seules dans un face-à-face éprouvant.
Devenue adulte, Gifty se passionne pour la science.
Pour racheter la disparition de son frère qui déclencha chez elle une honte coupable (c'est mon interprétation personnelle), elle étudie le comportement de souris pour savoir si elles sont capables de résister à l'obtention d'une récompense en sachant qu'elle encourent un risque. Elle aboutit à une conclusion : grâce à l'optogénétique, il est possible de supprimer la recherche de la récompense. Une révélation qui résoudrait la question de la dépendance !
Contrairement à « No home », le premier roman de Yaa Gyasi que j'ai bien aimé, le racisme, à la fois cause et conséquence de l'esclavage, n'est pas au coeur de « Sublime Royaume ». Même s'il apparaît en arrière-plan notamment lorsque l'auteure décrit l'hypocrisie de la communauté religieuse, à laquelle Gifty appartient, qui prône l'amour tout en méprisant ceux qui n'ont pas la même couleur de peau.
« Sublime Royaume », histoire trop prolixe à mon goût et dans laquelle j'ai eu du mal à rentrer avant de me glisser finalement dans les pensées de Gifty, c'est, avant tout, le récit de la relation d'une mère et de sa fille marquée par la pudeur des sentiments, du rapport évolutif à la religion d'une jeune femme trop sage et énigmatique qui s'interroge sur son identité et qui se demande qui elle est et à quoi sert ce travail scientifique auquel elle consacre tant de temps. Trois réponses sont possibles : « parce que Dieu en a décidé ainsi », « je l'ignore » ou « à rien ». On pourrait ajouter : pour donner un sens à la vie.

EXTRAITS
- Pourra-t-elle pousser un frère à renoncer à l'aiguille dans sa veine ? Pourra-t-elle pousser une mère à sortir de son lit ?
- Comme ma mère, j'avais une boîte fermée à clé où je conservais toutes mes larmes.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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