Citations sur Manger le livre (137)
... Mélanie Klein ôte nos derniers doutes : l'écriture est bien l'équivalent du corps maternel.. Elle l'affirme en plusieurs textes [...]. Le lien de la lecture à l'enfantement lui est aussi familier.
Freud : "A l'origine l'écriture était le langage de l'absent, la maison d'habitation, le substitut du corps maternel, cette toute première demeure dont la nostalgie persiste probablement toujours..."
L'incorporation du Livre, ce bâton dans la gueule du crocodile qui l'empêche de se refermer sur sa proie, le sujet, semble ici en partie ratée, pas tout à fait absente mais instable, inaccomplie. Le drame de tout alcoolique, nous aura bientôt à le préciser, se déploie sur cette toile de fond : une paternité perturbée, voire impossible.
Dionysos incarne dans le mythe de la position subjective de refuser la loi de la cité tout en vivant à sa marge, à son contact, dans le déni.
... incontestablement le mythe de Bacchus-Dionysos pousse cette donnée à son extrême, représentant un mode de paternité profondément perturbé.
... libre renvoie à un autre versant, celui de l'alcool et de la mythologie. Liber ou Liber Pater est en effet le nom latin de Dionysos-Bacchus, dont nous avons tiré le terme "libation". Il dérive de la traduction de Lyaios, le "Libérateur", surnom donné à Dionysos, liberté comprise ici comme hors la loi.
"Le transfert écrit [Freud] peut être comparé à la couche intermédiaire entre l'arbre et l'écorce couche qui fournit le point de départ à la formation de nouveaux tissus et à l'augmentation d'épaisseur du tronc."
Cette même métaphore, "entre arbre et écorce", se trouve également employée ailleurs pour désigner l'inconscient lui-même, chez Freud comme chez Lacan.
[...] Implicitement Freud nous propose une théorie du transfert structuré comme un livre.
Baudel, surtout, eut l'intuition suivante : "Je vois dans la Bible un prophète à qui Dieu ordonne de manger un livre. J'ignore dans quel monde Victor Hugo a mangé préalablement le dictionnaire de la langue qu'il était appelé à parler."
Dominique, une patiente, nous déclare dans les premières séances de sa cure : "J'ai décidé de revenir à la réalité : j'ai ouvert mon dictionnaire." Celui-ci est devenu notre champ référentiel, le livre des livres, la "réalité". Si nous voulons assurer notre savoir sur quelque question : scientifique, littéraire, géographique, etc., nous ouvrons le Littré. Le juif pieux, lui, agit de la même façon, seulement il n'ouvre pas un dictionnaire mais une Bible ou un Talmud.
Dominique, une patiente, nous déclare dans les premières séances de sa cure : "J'ai décidé de revenir à la réalité : j'ai ouvert mon dictionnaire." Celui-ci est devenu notre champ référentiel, le livre des livres, la "réalité". Si nous voulons assurer notre savoir sur quelque question : scientifique, littéraire, géographique, etc., nous ouvrons le Littré. Le juif pieux, lui, agit de la même façon, seulement il n'ouvre pas un dictionnaire mais une Bible ou un Talmud.