Citations sur Manger le livre (137)
... le ratage dans l'acquisition de la lettre tient à la relation particulière du dyslexique à son père.
... isolée, la lettre, comme pur symbole sans signifié, devient difficilement déchiffrable. Le dyslexique n'a pas tout à fait - ou pas du tout dans les cas extrêmes - mangé le Livre.
La faute dyslexique est en deçà du lapsus qui, pour se former, implique déjà l'inscription psychique de la batterie signifiante du langagte. Alors un terme peut venir en remplacer un autre. Or cela même, la position du symbolique, est chez cet enfant en question. D'où la difficulté pour l'analyste d'accrocher ce symptôme.
Les analystes qui s'occupent de dyslexie ont souvent rangé les fautes de lecture ou d'écriture infantiles dans la catégorie du lapsus freudien, de l'acte manqué au sens où il réussit à manifester un désir refoulé. Cette piste se révèle stérile.
... nul humain, même totalement fou, ne saurait survivre longtemps dans un collapsus complet du symbolique. Le Schizo et les langues est le récit des efforts héroïques et dérisoires, pour les relever quand ils sont emportés, pour rétablir, en un mot, la structure abolie
Témoignage qui recoupe ceux que la cure analytique ou la simple observation fournissent : le livre calme l'angoisse, non seulement par sa lecture mais déjà par sa seule présence.
Pour certains sujets, écrire un livre pallie la lacune qui troue le réseau symbolique. Le livre devient "rustine" imparfaite, fragile, à renouveler, mais qui colmate l'infirmité psychique procédant d'une défaillance dans la fonction paternelle.
Un psychotique [....] est celui pour qui la fonction paternelle est comme un trou, sans signification dans l'inconscient. A la question : qu'est-ce qu'un père ? rien ne vient répondre sinon le délire.
En tout sujet s'est opérée une sorte de traduction fondamentale, une métaphore, c'est-à-dire la substitution d'un terme à un autre, le second voilant le premier le désir de la mère et pour la mère se trouve transmué par la fonction du père devenue désormais clé de voute de la réalité psychique. Chez le psychotique cette traduction principielle ne s'est pas opérée.
Les manifestations psychiques, les formations de l'inconscient, présentent dans la psychose un caractère rigide, non dialectisable, comme pétrifié. La comparaison souvent utilisée est celle d'un film qui soudain se bloque sur une image, devenue plan fixe. L'observation et l'étude de cette formation en sont par conséquent facilitées.