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Relecture de Shakespeare réellement très impressionnante, et qui fait souvent froid ans le dos. Plusieurs des sujets abordés sont plutôt difficiles à écrire, en règle général, et encore plus à écrire sans voyeurisme et autres aspects profondément glauques, aussi c'est surprenant avec quelle aisance Mark Haddon emprunte les chemins les plus sombres de l'inceste tout en présentant un sans faute.
C'est aussi, à sa manière, un texte emprunt d'une beauté froide et parois irréelle, presque fantastique, qui convient à merveille à ce genre de récit mais pourra laisser certains lecteurs de côté. Et pourtant. C'est dans la finesse, le ciselage des mots, la profonde violence au coeur même d'une phrase qu'on est frappé par la puissance d'évocation qui se dégage de l'ensemble.
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Angelica n'a pas connu sa mère, morte à sa naissance. Son père reporte cet amour perdu sur sa fille. Il la chérit. Trop et mal. À l'adolescence, isolée depuis son tout jeune âge au sein d'une relation toxique, Angelica s'évade dans son imaginaire peuplé de récits antiques, de légendes et d'espoirs vains. « Enfoncée dans cet étrange pays » qu'elle se façonne, elle s'enferme dans un mutisme têtu, ne souhaitant plus se nourrir ni communiquer avec autrui. C'est son héros de conte, Périclès, prince de Tyr, qui vivra sa vie rêvée. Au gré de ses navigations sur le pourtour de la Méditerranée, il aura maintes fois l'occasion de tester son endurance et ses capacités, côtoyant de près la mort et la folie dans des aventures dignes de celles d'Ulysse dans son odyssée.
Mark Haddon, dont j'avais lu précédemment le bizarre incident du chien pendant la nuit, s'est approprié avec génie une pièce de théâtre écrite conjointement par George Wilkins et William Shakespeare pour concocter un roman riche sur le plan narratif et historique. Empreint d'onirisme, de mythologie et de superstitions anciennes, le roman oscille entre deux mondes, celui de l'Antiquité finissant par prendre toute la place au profit du moderne, dans lequel est ensevelie une jeune Angelica éperdue de souffrance innommée.
Cinq étoiles pour ce brillant exercice de style auquel mon mari n'a malheureusement pas adhéré, s'étant arrêté à mi-parcours. Je crois bien qu'il s'est privé d'une belle échappée de ce monde parfois trop rude.
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Quand j'ai lu le résumé de l'éditeur, j'ai été intéressée par la mention de Périclès, Prince de Tyr, pièce de Shakespeare que j'ai lue durant mes années universitaires quand je préparais un exposé sur le roman médiéval Apollonius de Tyr. J'avais apprécié ce roman, davantage que la pièce, et je vous encourage vivement à le lire, ne serait-ce que pour découvrir un peu de littérature médiévale si vous n'en avez jamais eu l'occasion. Riche de motifs, largement héritière de l'antiquité mais néanmoins porteuse de sa propre originalité, cette oeuvre gagne à être connue.
Enfin bref, revenons à L'Odyssée du Marsouin, cet étrange roman tissé de plusieurs brins de fils qui ne semblent pas voués à se rejoindre mais à coexister et qui, je dois l'avouer, m'a laissée perplexe.
Une première partie se déroule à notre époque. Elle nous conte l'histoire de Maja, actrice Suédoise, et de son accident d'avion, puis de sa fille Angelica, grandissant sous la coupe d'un père incestueux. Je ne vous dévoile rien que ne raconte le résumé de l'éditeur, bien qu'il présente cette histoire comme un conte, une sorte de Peau d'Âne moderne, alors qu'elle en est bien loin.
Rassurez-vous, si vous craignez les détails glauques que peut receler ce genre de récit, l'auteur n'insiste pas au sujet de l'inceste. Il est plus prolixe sur l'accident d'avion, qui est très pénible à lire dans ses détails et la froideur avec laquelle il décrit le sort des passagers, dont un enfant. Pour être honnête, la mort de Maja m'a laissée froide. La jeune femme est aussi profonde qu'un verre à liqueur, le pilote présente aussi peu d'intérêt. le seul méritant ma compassion est Rudy, l'enfant qui se trouve à bord et qui est bien loin des bassesses et autres mesquineries des adultes. Sinon, ce passage était surtout horrible dans ses descriptions et cela augurait du reste du roman. On en oublierait presque le sort de la pauvre Angelica, toute entière à la merci de son horrible père qui n'a vraiment rien d'un être humain et qui, ça me semble clair, n'aurait pas été moins immoral si sa femme avait vécu.
L'écriture est froide et chirurgicale. L'auteur découpe des morceaux de narration et les étale devant le lecteur comme autant de pièces de chair morte. Je pense qu'il l'a fait sciemment, mais cela a freiné mon intérêt pour son récit. J'avais l'impression de lire un rapport et cela a rendu d'autant plus pénible ma progression.
La première partie s'efface vite, à la suite d'un événement traumatisant, et l'histoire d'Angelica n'apparaît plus qu'en pointillés. Elle nous entraîne dans une fantasmagorie antique et l'auteur nous offre alors une écriture plus élégante mais toujours désincarnée, descriptive, coupée des sentiments de ses protagonistes. le fait que la grande majorité des personnages soient détestables, ou à tout le moins pas attachants du tout (même Angelica), n'aide pas. Ce sont des figures sans relief, pas des humains, pas même des archétypes.
Ce n'est pas une lecture agréable et la plupart du temps j'avais juste envie que ça se termine, même si certains passages, plus dans l'action, parviennent à réveiller l'intérêt. Je pense notamment à ceux réservés à Chloé ou aux pointillés d'Angelica.
Au début, je pensais que l'auteur, en transposant ces deux histoires, souhaitait nous démontrer quelque chose ou je ne sais, je croyais qu'il y avait une autre finalité que de simplement les mettre en regard. Mais non, ou alors je n'ai rien compris. J'y ai juste vu des fils tressés ensemble, les dernières pensées d'une fille en grande souffrance qui a supporté plus qu'elle ne pouvait, et un auteur qui s'écoute parler sans avoir rien à dire de substantiel.
Il y avait tant à faire et à montrer, pourtant, en puisant dans ce récit si riche de symboles. Il a juste emprunté ce petit côté empesé, très classique, pour des descriptions imagées vides de tout autre chose que du souci de l'esthétique. D'Angelica on passe à Périclès, dans le récit duquel elle se laisse absorber. Puis l'histoire de Périclès elle-même se scinde, on fait un détour par Londres, on laisse Chloé dériver, Angelica n'apparaît qu'en échos de plus en plus sourds… Les liens se distendent et chaque histoire existe par elle-même. de mon point de vue, Mark Haddon avait juste envie de raconter le blanc d'entre les lignes de ces illustres versions d'un périple qui a su traverser les époques. Il le fait bien, je dois le reconnaître, c'est cohérent, cependant il manque quelque chose d'essentiel. Il n'y a pas d'âme dans son roman.
Les personnages se laissent ballotter par la vie, même quand ils semblent tisser leur destin, ils sont en fait à la merci de celui-ci, ou peut-être de celle qui se cache derrière. Peu importe, on ne les aime pas. On les regarde juste s'agiter en vain et c'est un peu déprimant.
Souvent le récit prend la consistance d'un songe sans logique dont les symboles seraient muets car coupés de leur correspondant. Un symbole, à l'origine, est un signe de reconnaissance, une poterie brisée en deux dont les morceaux sont séparés pour mieux se retrouver plus tard et attester de l'identité de leur porteur ou des droits de celui-ci relatifs à un contrat passé. Ici c'est comme si le symbole correspondant n'existait pas, n'avait jamais existé, ne sert à donc à rien. Pourtant les mythes et histoires antiques sont composés de symboles. On en a souvent oublié le sens, néanmoins ils racontent une histoire dans l'histoire, l'autre morceau du symbole que l'on devine en reflet, c'est là tout leur intérêt. Périclès, aussi divertissante que soit la pièce, est symboliquement plus pauvre qu'Apollonius, qui peut-être était plus pauvre — ou pas, car nous n‘en savons rien — que des récits précédents. Compléter les blancs de l'histoire est une bonne idée, mais encore faut-il y apporter quelque chose de consistant et Mark Haddon avait la possibilité d'étoffer un personnage qui y aurait gagné. Il a choisi de ne pas le faire.
À la fin de L'Odyssée du Marsouin, l'auteur évoque dans une note la personne oubliée de cette histoire : la fille du roi, celle qui subit l'inceste et qui n'est au final qu'un personnage très secondaire dans toutes ces versions. Dans Périclès elle n'a même pas de nom et si elle en a un dans Apollonius, je dois avouer que je ne m'en souviens pas. Elle n'est qu'une ombre, éternelle oubliée, parfois même diabolisée car considérée coupable. Sachant cela, le constatant même dans ses notes, je me serais attendue à ce qu'il lui offre plus d'espace au lieu de l'effacer derrière des chimères. Je n'ai vraiment pas compris l'idée… Et j'ai du mal à lui pardonner ce énième manque de respect au personnage. Cela est, je crois, ma plus grande déception. J'aurais pu pardonner tout le reste s'il avait laissé à Angelica la possibilité d'être, tout simplement.
S'il y avait un sens caché à tout cela, il m'a échappé, et je me suis surtout beaucoup ennuyée au cours de cette lecture. Si je n'avais pas reçu ce roman via Masse Critique, je ne l'aurais sans doute pas terminé et je n'aurais rien perdu. Lisez plutôt Périclès si vous avez deux heures ou, mieux encore, le Roman d'Apollonius de Tyr.
Lien : http://livropathe.blogspot.c..
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Que dire d'un tel roman ?
Il est bien écrit, quoique son style, majoritairement narratif, puisse sembler lourd par moments, tant on aimerait entendre les personnages avoir voix au chapitre.
Il est original : l'histoire glisse d'une époque à l'autre, comme si toutes les histoires étaient les palimpsestes les unes des autres.
Il est profondément humain : on croise des êtres humains en proie à un destin qui se joue d'eux et les brise, et ils doivent faire avec les vilaines cartes qu'on leur donne soudain.
Mais ce roman m'a plombé le moral. Les mécanismes de la tragédie antique s'appliquent avec une telle cruauté à toutes les époques : on est violé, battu, laissé pour mort, abandonné. Bien loin de courir l'aventure, comme dans les romans d'aventures classiques, les héros y sont plongés malgré eux, subissant les actions des autres et prenant eux-mêmes de mauvaises décisions sous le coup du sort.
Pas de véritable perversité humaine mais la conviction qu'un être brisé en brise un autre et que la chaîne est infinie. C'est une vision bien sombre que j'y ai trouvée. La beauté de la langue, la reconstitution vivante d'une scène antique, n'ont pas réussi à alléger cette fatalité qui hante les pages du roman.
Je suis soulagée d'en avoir terminé. La représentation de la vie m'a semblé trop juste pour ne pas m'avoir fait souffrir.
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Ce roman commence de façon assez classique. Un accident d'avion, une femme meurt. Les secouristes ont juste le temps de procéder à une césarienne et de sauver Angelica, la petite fille qu'elle portait. Son mari, fou de douleur, va reporter son amour, son attention sur le bébé, puis l'enfant, l'adolescente qu'il a avec lui. Mais il l'aime mal et tombe rapidement dans des extrêmes. Comme il est très riche, le personnel de maison qui reçoit de belles sommes, ne « voit » rien. Rapidement, il utilise l'école à domicile, et coupe son enfant de l'extérieur (pas de télévision, pas d'internet, pas de visite…). Angelica s'évade dans des lectures, des contes qui agissent sur elle en la reposant, en l'isolant lorsque l'inacceptable se produit. de toute façon, elle ne connaît rien d'autre que ce quotidien et même si elle sent que ce n'est pas la normalité, elle le subit en silence. Elle est « sous cloche » et fait preuve de candeur.

Une visite impromptue, qui dérange beaucoup le paternel, ouvre des perspectives à la jeune femme (Pourquoi ne pas fuir et échapper à son père ?) mais rien ne se passe comme prévu. A partir de là, le récit bascule dans plusieurs dimensions, espaces temps, revisitant la pièce de théâtre : Périclès, prince de Tyr (de Shakespeare), inspirée du poème : Histoire d'Apollonius de Tyr. Pourquoi ? parce qu'un parallèle peut être fait entre les deux écrits. Des femmes qui souffrent, qui essaient d'échapper à l'emprise des hommes, qui ne veulent plus de la carapace à l'intérieur de laquelle elles passent leur vie. Et les éléments, l'eau, le vent, le feu, les tempêtes qui font bifurquer ce qu'on croyait établi.

On aime ou on n'aime pas ce mélange de style, cette écriture qui mêle parfois d'un paragraphe à l'autre le présent et le passé. Je pense qu'il faut se laisser porter par les mots, car l'auteur excelle à les manier, les faire vivre, les emmener plus loin pour qu'ils donnent le maximum. Il y a également quelques illustrations en tête des différentes parties, une magnifique couverture, sans doute pour mettre l'art dans toutes ses dimensions au service de cette histoire.
Mark Haddon a fait de nombreuses recherches documentaires pour adapter son texte à ce qu'il souhaitait partager. Les sources ont été multiples et variées, même si ensuite, son inspiration a joué pour laisser parler l'imaginaire.

Je pense que certains lecteurs auraient préféré n'avoir que l'époque d'Angelica à suivre. Il me semble, au contraire, mais cela ne reste que mon avis, que le contenu serait vite devenu classique (une énième histoire de relations humaines mal gérées) alors qu'avec les deux intervalles-temps, habilement enchevêtrés, l'auteur nous offre un autre regard temporel. Il le fait de façon adroite, subtile, transformant une observation qui devient autre sous les yeux surpris d'un protagoniste et permettant alors au lecteur de basculer ailleurs.

L'écriture de Mark Haddon a beaucoup de charme (merci à la traductrice). Ses phrases sont souvent courtes, donnant du rythme. Il décortique et analyse finement ce qu'il évoque. Il y a de la fantaisie, un brin de folie, et cela repousse la chappe de plomb provoquée par l'attitude néfaste du père, permettant ainsi de ne penser qu'à ses femmes qui luttent pour un mieux, avec leurs armes, en se trompant quelques fois mais en osant…



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Déçue... Cette histoire commence sur un sujet lourd : l'inceste... Angelica voit en Darius son sauveur mais son père envoie son sbire à ses trousses, et il doit s'enfuir sur un bateau pour échapper à ces tentatives de meurtres. Puis l'histoire bascule ... Darius devient Périclés... des personnages apparaissent encore d'une autre époque, meurent et de nouveau le surnaturel et les monstres refont leur apparition. Des histoires qui s'entremêlent, des destins brisés... sans une véritable fin... le fatum est écrasant et broie les hommes et les femmes.
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Je n'ai pas lu le précédent roman de l'auteur « le bizarre incident du chien pendant la nuit », je découvre totalement cet auteur. Par contre l'allusion à Shakespeare et à sa pièce de théâtre m'a mis la puce à l'oreille, même si je n'ai pas non plus lu cette dernière « » . Il faut bien avouer que dit comme ça, j'ai l'air d'une personne plutôt inculte... ^^

Le postulat de départ est posé : un homme perd sa femme dans un tragique accident. L'homme devient veuf et père dans le même instant. Inconsolable, il tombe éperdument amoureux de sa fille, Angelica. Je n'en dirais pas plus pour éviter de spoiler.

L'ensemble est assez étrange. Tout commence de façon « classique » avec l'accident, la vie qui reprend son cours, ce père déviant. Il y a fort à penser que même sans la mort de sa femme, sa relation avec son enfant n'aurait pas été nette de toute façon. Puis, ce rythme va être interrompu par une visite impromptue, et là les choses vont se compliquer. le récit va basculer dans plusieurs dimensions et espace-temps. C'est à ce niveau qu'intervient le parallèle avec la pièce de théâtre de Shakespeare «Périclès».

Le lecteur pourra trouver les personnages peu attachants. Et l'écriture froide et ciselée de Mark Haddon - même si elle est remarquable - n'arrange rien, faisant fi de toute chaleur humaine. L'ensemble semble assez structuré et bien pensé, mais ce récit ne plaira pas à tout le monde. le lecteur n'aimera probablement pas trop la façon dont est traitée Angelica, par l'histoire. La thématique de l'inceste est abordée de façon claire, sans être lourde, pour cela l'auteur a bien géré son récit. Mais il aurait été « galant » de venger un peu le statut de la jeune femme, en lui écrivant une happy end. Ici, elle est un peu oubliée au fond d'un tiroir, et c'est bien dommage.
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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