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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En cette fin d'été 1967, Phyllis Fischer se prépare à recevoir Nicholas Knight, le fils d'une amie de son mari. Tout va bien pour cette femme au foyer qui se définit elle-même comme « une personne facile à vivre, facile à rendre heureuse, contente de rendre heureux les autres, […] satisfaite de sa vie » bourgeoise, bien ordonnée, sans rien qui dépasse, un mari qui gagne bien sa vie dans un ministère, deux enfants dont un qui va bientôt partir en pension, comme il est de tradition dans la petite-bourgeoisie britannique. Rien ne laisse donc présager que Phyllis va, d'ici quelques heures, dynamiter cette vie rangée sur un coup de tête, ou plutôt un coup de coeur, et passer d'une vie de famille à son inverse, une vie bohème, influencée par le mouvement hippie alors à la mode.

Tessa Hadley, avec ce roman, entreprend ainsi de raconter comment une femme décide de tout envoyer valser, sans préméditation ni véritable réflexion, pour une histoire qui semble exciter principalement son imagination, elle qui semble plutôt amoureuse de l'amour (« Durant toutes les années de mariage, personne ne l'avait embrassée comme ça, de façon aussi humide et aussi affamée : cet espace de sa nature passionnée n'avait pas été comblé. […] elle avait épousé Roger et réagi contre la passion, semblant percer à jour sa nature et croyant pouvoir vivre sans elle. Cette version de l'histoire de sa vie se dévidait dans sa tête alors même qu'elle embrassait Nicky : à présent, elle croyait avoir attendu tout ce temps afin de le trouver. […] Une fois qu'elle s'était raconté une certaine histoire, celle-ci se fixait, et aucun raisonnement ni aucune preuve du contraire ne pouvaient l'ébranler. »).

Il faut dire aussi que cette histoire agit comme un révélateur sur un mariage qui était bien tiède, relevant plutôt d'un arrangement domestique et conventionnel, qui emprisonnait Phyllis plutôt qu'il ne l'épanouissait, bien qu'il ait été confortable pour Roger, le mari : « Sans Phyllis, il n'avait pas le coeur brisé : elle n'avait pas été sa compagne de coeur. Mû par cette froideur nouvelle, il se disait que la façon ô combien agréable dont elle avait entretenu son logis lui manquerait, voilà tout. »

L'autrice analyse également les conséquences que cette déflagration soudaine va avoir sur les membres d'une famille. Cette partie de l'histoire est assez classique, et n'est pas la plus intéressante, puisqu'on imagine bien que l'impact sur les enfants adolescents va être difficile à surmonter. D'autant plus que Colette, la fille, n'est pas un personnage particulièrement sympathique. D'ailleurs, aucun ne l'est réellement, et c'est l'un des points négatifs du roman pour moi puisque j'ai dû m'accrocher pour le continuer : en effet, Tessa Hadley pose un regard sans concession sur ses personnages, qu'elle n'embellit (Phyllis est décrite comme une écervelée inconséquente, bien qu'elle semble apprendre de son histoire, Nicholas est un jeune révolté égoïste et imbu de lui-même ; peut-être Roger et Jean, la mère de Nicholas, tirent leur épingle du jeu en étant les plus raisonnables et dignes de l'histoire) ni ne glorifie particulièrement. le sujet – une femme qui se révèle à elle-même, qui refuse de s'enterrer dans une vie qui ne lui ressemble plus, à une époque qui la condamne, à quarante ans, à vivre comme si elle se trouvait à l'automne de sa vie alors qu'elle se sent bien vivante – est intéressant mais il semble se suffire à lui-même selon l'autrice qui ne l'a pas assez exploité : qu'a-t-elle cherché à démontrer réellement ? En outre, le rebondissement qui surgit aux deux-tiers du roman me semble un peu téléphoné, et bien pratique dans son manque de subtilité. En revanche, et c'est ce qui m'a fait tenir, c'est remarquablement écrit, et d'une finesse psychologique assez remarquable.

« Free love » dresse ainsi un portrait de femme atypique et intéressant, une Emma Bovary sans regret, qui ira au bout de sa passion librement et sans contraintes, allant dans le sens de son époque « peace and love ».
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Il est des histoires de LOVE, qui viennent comme des tempêtes, apportant une certaine envolée et la pure sensation de joie. Une opportunité qui se saisit, et ne se lâche pas. Parce que c'est peut-être, l'occasion ou peut-être, parce que c'est la dernière, chance... le désir fait toujours désordre, mais c'est lui, également, qui fait battre le coeur, plus fort…Alors…

Il est des histoires de FREE, qui viennent comme des coup de poings, explosant aux quatre vents, l'édifice, patiemment construit, de la bonne conduite privilégiée. Mais, faut croire que dans la vie, un frisson ne se rate pas. Surtout, si l'ennui a tout recouvert. Qu'il s'est installé, de part et d'autre, d'une journée, du souffle, des bas-ventres. Qu'il a bien tout englué, tout ensevelit, tout éteint. Alors…

Il est des histoires de révolutions qui comptent. Parce qu'en s'affranchissant des conventions sociales, économiques, politiques et intimes, c'est tout un esprit qui s'éveille et emprunte une nouvelle voie…Un système aliénant et « dégueulasse » que Phyllis Fisher, l'héroïne, parvient à déconstruire et remodeler selon ses envies complexes, et le basculement sera formidable autant que jouissif….La féminité se révèle, éclot et porte un espoir fébrile pour l'Histoire…Alors…

J'imagine que les histoires telle que Free love défraie la chronique, peuvent e(Free)yer les esprits étriqués, faire s'en(love)r les derniers réticents, toujours est-il que l'Amour fera toujours parler de lui, créera toujours les plus intéressantes histoires. Et Tessa Hadley le déploie avec intelligence, l'inscrit dans le détail mais dans le politique aussi, pour qu'il résonne intensément, ce Love, ce Free Love. C'est si contemporain, finement traité, précurseur, que je peux vous dire, que j'ai lu et adoré ce roman! Il bouscule les tabous, les bases fondamentales du patriarcat, l'ordre établi. En épousant sa liberté plutôt que son rôle, Phyllis devient une héroïne qui nous montre un chemin plus audacieux et assumé vers l'Amour et l'épanouissement personnel…Et c'est absolument réjouissant! Prenez le risque aussi de vous jeter, à corps perdu, dans cette histoire de free love, il se pourrait que vous rencontriez un plaisir étourdissant, pleinement vivant…

« Lire ne suffisait pas, elle voulait agir pour faire changer les choses. »

Lien : https://fairystelphique.word..
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Tessa Hadley écrit ans la tradition des auteurs britanniques actuels. Elle est dans la lignée des MC Ewan, Lodge, Coe..., c'est à dire en maniant réalisme et humour grinçant distillé avec joie et parcimonie.
D'abord une réflexion sur le titre, Free Love donc, dont la traduction peut avoir deux sens:
1.” l'amour libre”, ce qui en 1967, année où se déroule cette histoire, est plein de promesses 2.”Libérez l'amour”, ce qui sous entend qu'il ne l'est pas au commencement du livre
Avec ces deux postulats, on résume grossièrement une partie de l'histoire, mais pas que. Car Tessa Hadley écrit avec brio et nous emmène au coeur de cette société anglaise à l'heure du Flower Power et de sa révolution sexuelle.
Phyllis Fischer, la quarantaine dépassée, est mariée à Roger, haut-fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères. Ce n'est pas forcément un homme rigide ultra conservateur, mais il appartient à l'establishment anglais et en 1967, c'est un fameux carcan. Phyllis s'est complètement coulée dans les conventions de ce monde un peu figé. Un dressing bien rempli et accumulé avec goût et patience, une coiffeuse où trône des flacons de l'Air du Temps, une bonne qui surveille la maisonnée et les deux enfants, l'aînée Colette (en hommage à ...) qui a quinze ans et Hugh, le garçon de onze ans qui se prépare à entrer au collège et dont la principale passion est de collectionner insouciamment les papillons.
Vous devinez évidemment que cet univers fait de calme, de certitudes et d'habitudes petites bourgeoises sera bousculé. Et drôlement, car nous sommes au seuil d'une de ces failles sociétales qui marqueront durablement.
Un jeune ami de la famille, Nicholas, est invité à la maison par Roger lors d'un soir de souper.
A la faveur de quelques contacts furtifs, Phyllis en tombe amoureuse, d'abord par affleurement, puis passionnément. Elle finira par quitter le domicile bien douillet pour rejoindre cet amant trop jeune et trop épris par sa propre personne. Nicholas lui ouvrira les yeux sur le monde qui les entoure. Depuis cette garçonnière jonchée de chaussures usées, de draps pas toujours propres et d'effluves diverses, Phyllis connaîtra la contre culture, les drogues et les relations libres, l'absence de pudeur. Elle va condamner et rejeter, avec un mélange de naïveté et de convictions, les codes moraux de l'Angleterre ronronnante de son mari Roger. Tout cela plongé dans un égocentrisme ambiant et généralisé, finalement encore plus marqué que celui des classes anglaises établies. Phénomène dont nous payons le prix encore aujourd'hui avec les réseaux sociaux qui dominent des vies et ces existences étalées sur la place publique ... Rien ne la fera toutefois revenir auprès de Roger. Elle continuera à fuir le cocon et à prendre les risques qui doivent la mener vers un hypothétique épanouissement.
Colette exprimera son désarroi en suivant un chemin tout aussi atypique que sa mère et rejoindra cette communauté libertaire. Plus jeune, elle y sera davantage à sa place que Phyllis. Il reste quelques surprises scénaristiques que je ne dévoilerai pas.
L'intérêt du livre repose sur la façon qu'a l'auteure de sonder cette société anglaise au cours de cette essoreuse sociétale qu'est cette fin des sixties. C'est bien écrit, avec rythme, intelligence et un humour anglais très fin. C'est traité de façon assez manichéenne et par conséquent, un peu simpliste. Mais n'est-ce pas aussi cela qui rend cette lecture si agréable? Cette acuité alliée à ce tableau volontairement gardé simpliste est une volonté de l'auteur et nous permet de traverser l'histoire en gardant une vue d'ensemble sur le déroulement de ce bon roman.
Dans tous les cas, Tessa Hadley est une auteure que j'ai découvert avec plaisir et que je lirai encore. Elle n'en a pas écrit beaucoup, c'est facile à rattraper.
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C'est un livre féministe sur l'importance de se libérer des convenances, prendre un autre chemin vers le bonheur même si, cela équivaut à quitter l'homme avec lequel une famille à été créée. L'héroïne découvre subitement un désir intense dans tout son être et va au bout d'une passion qui la force à tout quitter. Cette histoire ne raconte pas une femme qui perd le contrôle, il raconte un être qui se fait confiance en allant vers l'autre avec une grande lucidité. J'ai aime le portrait de cette femme, de son mari et de son amant. J'ai moins apprécié la présence de la fille, Colette. Elle était pour moi, de trop. Malgré tout, c'est une bonne lecture, libératrice.
Free love apporte un regard différent sur la reussite sociale des femmes et ça fait du bien !
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J'ai globalement bien apprécié ce livre même si je l'ai trouvé assez irrégulier.

L'histoire au premier abord me plaisait bien (une femme quitte son mari et sa vie bien rangée pour un homme beaucoup plus jeune qu'elle) mais j'ai été déçue de la manière dont le sujet a été traité par l'autrice.

N'importe qui pourrait se reconnaître dans le personnage de Phyllis, une femme d'une quarantaine d'années, qui se demande si elle n'est pas passée à côté de sa vie, et qui part à la quête de son « moi ». Pourtant, je trouve que son personnage est très peu développé et c'est vraiment dommage. On la cerne plutôt mal car son caractère est peu décrit. C'est le jour et la nuit entre son ancienne et sa nouvelle vie, et pourtant il n'y a pas vraiment de transition, tout se fait très naturellement. Cela m'a un peu perturbé.
J'ai en revanche adoré le développement de sa fille Colette.

J'ai trouvé le début un peu laborieux, j'avais du mal à rentrer dedans. Elle vit des choses palpitantes pourtant c'est raconté avec monotonie. Comme si c'était normal alors qu'on parle quand même d'une femme qui quitte maison, mari, enfants pour un autre. Elle s'accommode très bien à sa nouvelle vie et je n'ai pas trouvé que c'était réaliste.

En revanche, la deuxième partie du livre prend un tournant tout à fait inattendu, avec des événements qui s'enchaînent. Et j'ai vraiment beaucoup plus apprécié. C'était plus rythmé que le début.

Je recommande tout de même cette lecture.
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🩷 Jolie découverte que ce roman sur l'émancipation féminine fin des années 60 en Angleterre.
Un style typiquement british entre Jane Austen et Henry James.
L'écriture est fluide et visuelle, j'ai vraiment bien aimé car même si c'est un roman lent je peux vous dire qu'il ne manque pas de rebondissements !

🩷 1967, Roger Fisher est diplomate alors que sa femme Phillys, bourgeoise quadragénaire, s'occupe de la maison et de leurs 2 enfants, Hugh 10 ans et Colette 15 ans.
Ils se préparent à recevoir Nicky, fils d'amis de Roger mais à la fin du dîner, cet homme de 20 ans de moins que Phillys l'embrasse ...

🩷 C'est une véritable déflagration dans sa vie si bien rangée, elle tombe amoureuse de l'étudiant qui va provoquer en elle un tel désir de liberté qu'elle va vouloir tout remettre en question, sa propre identité tout comme sa vision du monde qui jusque là etait très étriquée mais sera-t-elle prête à tout balayer au détriment des siens ?
Nous allons aller de déflagrations en déflagrations ...

🩷 de sa plume nuancée et sensible, Tessa Hadley nous décrit l'éveil et la libération d'une femme dans une société et une époque en mouvement.
Un roman moderne attachant sur une renaissance.

🩷 Je suis tentée aussi par son autre roman "le passé"
Vous l'avez lu ? 📚
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Malgré quelques bémols, voilà un ouvrage plaisant à mon sens, et qui a son caractère (british ?) propre. Phyllis Fischer, femme mariée, entretient une relation amoureuse avec Nicholas Knight, jeune étudiant, fils d'amis de l'époux Fischer.

Le début et encore plus la fin du roman m'ont paru être expédiés un peu rapidement, mais l'auteure n'est pas au bout de ses ressources pour nous surprendre au-delà de la situation initiale, qui ne manquait pourtant pas de piquant.

Elle reste toutefois assez simple dans son écriture, et dans sa description de la psyché des personnages (ce qui ne veut pas dire que la psychologie des personnages n'est pas fouillée, et/ou irréaliste). Ce qui aurait pu être un défaut rend ici l'ouvrage plus facile à lire. Car il y a malgré tout une légèreté, un petit quelque chose qui va de l'avant dans ce texte et ne plombe pas la lecture.

Et, point encore plus important, ni l'intrigue ni le rapport entre les personnages ne sonnent faux. On peut bien entendu douter que de telles situations (cf les rebondissements dans le roman, je ne spoile rien ici) se soient toutes produites dans une même famille un jour, mais il y a une forme de simplicité et de naturel dans l'intrication des rapports humains, ainsi que dans les aléas de l'intrigue qui font que jamais je n'ai buté dans ma lecture.

Voici donc une lecture plaisante à mon sens, qui a su trouver un équilibre entre légèreté et élaboration.
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Tragi-comédie à l'anglaise.
Dans ses deux précédents romans traduits : "Le passé" et "Occasions tardives", Tessa Hadley explore la complexité des vies conjugales, sentimentales de ses contemporains.
Dans son dernier roman, elle suit plusieurs générations de femmes.
Et son héroïne principale, Phyllis Fischer, qui dans ce contexte particulier de cette fin des années 60, où le féminin bascule irrémédiablement dans le futur, est bien dépourvue et décide d'une heure à l'autre de se libérer d'un schéma sociétal , celui d'une femme mariée, fée du logis, qui s'occupe de sa progéniture et fait des petits plats pour accueillir son mari fatigué.
Dans l'Angleterre des sixtines, cette quadra paumée, sympathique fait le choix involontaire de se libérer de sa condition de femme au foyer qui n'a pas la parole.
Et l'aventure commence pour elle et pour nous.
Lecture agréable, je retrouve le style décalé : "So british", léger mais avec des vérités de l'air du temps.
Roman un peu "pouf" mais qui a le mérite de s'éloigner des thèmes des nouvelles parutions de la rentrée littéraire souvent bien pesantes d'une réalité inquiétante.
Une parenthèse jouissante, témoignage d'une révolution intime d'une femme face à un patriarcat imbibé de tabous bien installés.
Une pensée, une réflexion d'aujourd'hui.











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