AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,26

sur 72 notes
5
2 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le hasard fait parfois bien les choses en vous permettant de lire un joli roman qui , si vous vous en étiez tenu à vos goûts , n'aurait eu aucune chance de finir entre vos mains ...Un encart dans une revue , un coup d'oeil aux critiques d'ami(e)s babeliotes ( La Référence !!!!!! ) et vous voilà parti en vacances en Angleterre , à Kington , dans cette maison familiale avec trois soeurs et un frère qui retrouvent entre ses murs les souvenirs de leur enfance et de leur passé . A ces personnages s'ajoutent les enfants , la nouvelle femme , le fils d'un ancien compagnon......
Trois semaines que chacun rêve idylliques , faites de repos , de partage , d'évocation , de complicité ,trois semaines qui verront pourtant peu à peu s'étioler , se fissurer la bonne entente , comme se lézardent , au fil du temps , les murs de la demeure .....L'univers merveilleux du début cède la place à l'explosion des caractères , à l'intrusion du passé, les relations se tendent.....
L'auteure maitrise remarquablement bien son sujet , nous séduit par la douceur du propos , nous fait regretter de ne pas , nous aussi , participer à ces belles retrouvailles où , par exemple , l'auto n'a plus sa place ...C'est doux comme une sucrerie , frais comme une glace qu'on dégusterait sous l'ombre rafraichissante d'un chêne ( Oui , bon , ça c'est facile avec la chaleur qui règne en ce moment....) .
Et puis surgit le passé , la seconde partie du roman avec un autre contexte , d'autres personnages , une autre histoire , très belle aussi qui nous éclaire et prépare la troisième partie qui verra les éléments se déchaîner, l'harmonie voler en éclats et l'avenir s'obscurcir pour des personnages rattrapés par l'histoire , un avenir incertain qui , de toute façon, n'a plus aucune chance de " passer " par la maison familiale....
Un beau parcours qui nous montre que la maison familiale n'est pas toujours " fédératrice " lorsqu'elle a perdu son âme , lorsque ceux qui l'animaient sont partis , lorsque s'y sont installés des souvenirs différemment perçus par les uns ou les autres .Eternel problème de l'enfance , des souvenirs , de l'insouciance , du temps qui passe , de la nature humaine , tout cela disséqué avec tact par la plume aiguisée d'une auteure de qualité...
J'ai donc quitté " ma zone de confort " pour me " lancer " vers un genre qui ne m'est pas familier et j'ai aimé ce livre qui nous amène à nous pencher sur notre propre histoire , ce qui , vous en conviendrez avec moi , n'est pas toujours chose facile.
Poétique , sérieux ou amusant , ce livre n'est jamais mièvre ni désespéré et il mérite bien qu'on lui accorde toute notre attention .
Commenter  J’apprécie          8110
Entrez dans ce cottage anglais, personnage à part entière du roman. Découvrez ses occupants temporaires, pour trois semaines en été...

Un frère et ses trois soeurs s'y retrouvent pour décider s'ils vendent ou pas cette maison de famille où ils reviennent de temps en temps mais qui nécessiterait des travaux de rénovation. Maison qui se lézarde, tout comme les êtres...

L'auteure a l'art de l'introspection et beaucoup de finesse psychologique. Elle arrive à nous faire entrer dans les pensées, les rêves, les déceptions de ses personnages: la fantasque Alice, la torturée Harriet, la pragmatique Fran et le philosophe Roland. Autour de cette fratrie , soudée par un drame du passé, évoluent d'autres protagonistes: les enfants de Fran, dont elle rend à merveille les codes , la complicité, et Molly, 16 ans , fille de Roland, ainsi que Kasim, beau-fils d'Alice.

Néanmoins, j'ai trouvé frustrant de passer de l'un à l'autre des personnages, et la partie centrale qui raconte un pan de vie de la mère de cette fratrie aurait dû être plus développée.

Mais ce livre a un charme fou, entre nostalgie et dérision, entre passé et présent. Venez donc prendre une tasse de thé dans ce monde anglican déclinant, dans ce cottage qui garde entre ses murs secrets et vies écoulées...

Merci à Jean-François Lemoine, dont le ressenti m'a donné envie de lire ce roman!
Commenter  J’apprécie          362
Une fratrie se retrouve dans la vieille demeure familiale pour décider ou non de sa vente. Trois soeurs et un frère, des enfants, des adolescents, une nouvelle épouse réapprennent à se connaître, se découvrent, et tentent d'apprivoiser les petites manies de l'autre. Harriet est la seule célibataire, mais elle se plaît à passer des moments seule avec Pilar, la nouvelle épouse de son frère Roland, pour nager dans la piscine, en rivière, ou en bord de mer.

Ces trois soeurs et leur frère qui se retrouvent le temps d'un été dans la maison des grands-parents, vont vite retrouver leur complicité en même temps que les jalousies secrètes qui jalonnent toute bonne histoire de famille digne de ce nom.

Formidablement traduit de l'anglais par Aurélie Tronchet, la plume de Tessa Hadley puissante et mélancolique mêle avec maestria passé et présent, sur une histoire de secrets de familles a priori mille fois ressassée.

Une intrigue qui ne se lasse pas de nous ressasser à quel point les petites histoires du passé ont une incidence sur le présent et influencent à foison le destin des personnages et d'une fratrie dont la tension semble d'abord à peine perceptible, puis bien plus prégnante avant que les vrais personnalités de dévoilent.

Dans ce huis clos familial d'une justesse confondante, le passé permet d'éclaicir le le présent, notamment certains traits des caractères de Fran, Alice, Harriet et Roland.

A partir de petits riens a priori anodins qui, au bout du compte,vont se réveler primordiaux et jeteront un voile sur ces retrouvailles familiales.

"Je trouve la vie assez terrifiante, pas toi ? Et je suis une telle froussarde. C'est sûr, je ne sais rien de tout ce que cela veut dire. C'est vrai, même les choses les plus banales me fichent la trouille : la tristesse du changement, vieillir, les opportunités ratées. Sans compter la façon horrible dont les choses évoluent - ce qui se passe avec l'environnement par exemple. Je sais que je te barbe quand j'ai la nostalgie d'avant, comme si tout était mieux par le passé. Ce n'était peut-être pas le cas".

On apprécie le dosage des ingrédients: finesse des sentiments, précision du trait , belle ironie douce amère : avec ce passé, Tessa Hadley retrouve le charme et la réussite des grands classiques de la littérature victorienne dont Jane Austen en est le porte drapeau !

Un roman captivant et bouleversant.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          280
"Tous les membres de la fratrie ressentaient parfois, au fil des vacances, le simple agacement et la perplexité de la cohabitation familiale : la manière dont cela érodait un amour et un attachement néanmoins intenses et tenaces quand ils étaient séparés. Ils se connaissaient si bien, trop bien et pourtant ils étaient constamment surpris par les difficiles tours et détours - qu'ils avaient oubliés, si familiers dès qu'ils apparaissaient - de la personnalité des autres. (p103-104)"

La maison de famille est au centre de ce roman dans la pure tradition de la littérature anglaise. Les quatre enfants Harrriet,  Roland, Alice et Fran se retrouvent le temps d'un séjour dans celle-ci pour décider de son sort : la garder ou la vendre. Mais Tessa Hadley, en bonne romancière anglaise, prend son temps. Elle nous invite à pénétrer dans le lieu, à le découvrir, à arpenter les alentours, la nature environnante et à révéler chacun de ses personnages, son caractère, ses choix de vie mais aussi ce qui les oppose.  Les jeunes enfants jouent un rôle important, ils sont le lien entre réalité, imaginaire, traces du passé..... Puis peu à peu, par petites touches, elle laisse le passé prendre sa place, les souvenirs, les liens qui unissent chacun.

Une fratrie mais chacun si différent par son caractère, ses choix de vie soulevant parfois l'incompréhension de la tribu, même les absents apparaissent à travers eux. le rythme est lent, comme le temps qui s'écoule doucement pendant cet été. Pour l'instant on baigne dans le plaisir des retrouvailles, des vacances, on se réhabitue à vivre ensemble. L'issue de la décision concernant la maison n'est qu'un prétexte à une étude psychologique fine, fouillée, délicate, jamais frontale de chacun.

En découpant son récit en trois parties, le présent, le passé puis à nouveau le présent, l'auteure porte son regard sur quatre générations d'une famille dont la maison est le nid, la source, dans ce lieu qui a baigné leurs vies, comme une source à laquelle on revient s'abreuver pour trouver des réponses.

La famille se bâtit par les vies de chacun de ses membres, ils en sont la structure, cet arbre qui a planté ses racines dans ce lieu, Kington House, les femmes en étant les principales actrices. Mais le passé peut comporter des failles et la famille se fissurer lorsque une nouvelle épouse, Pilar, va venir, involontairement, jeter le trouble.

J'ai beaucoup aimé la première partie, l'arrivée dans le lieu, la découverte des personnages, ce qu'ils semblent être et ce qu'ils sont intimement, j'avais le sentiment d'être invitée moi-même. C'est le charme de cette littérature, vous êtes partie prenante de l'histoire, une observatrice (pour ma part) silencieuse de cet été. J'aurai aimé que la partie centrale, le passé, soit plus approfondie, le personnage de Jill, la mère des quatre personnages, étant particulièrement énigmatique.

C'est lent, c'est un roman d'ambiance, les jours s'écoulent faits de coups de chaleur, d'orages, de jeux, de découvertes, de vie mais aussi peuplés de fantômes du passé, dans lequel chacun peut se retrouver soit dans les caractères ou attitudes mais aussi dans les souvenirs des lieux qui ont laissé en nous une empreinte. Pour amateur(rices) du genre comme moi uniquement car les autres s'y ennuieront. Une chronique douce d'un été décisif à bien des titres.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          210
J'ai acheté ce livre car il est actuellement prix des libraires 2019, mais sans vraiment savoir sur quel type de roman j'allais tomber.
Plutôt sceptique au début, je me suis finalement retrouvée embarquée dans l'histoire.
Trois soeurs et un frère, Harriet, Alice, Fran et Roland, se retrouvent dans leur maison familiale avec les enfants pour profiter des vacances, faire le point et savoir s'ils vont devoir vendre la maison ou non. Petit à petit, on y découvre leurs personnalités, sentiments, leur passé commun étant enfants puis séparé, et ce qui fait qu'ils sont devenus tels qu'ils sont aujourd'hui.
Le roman est divisé en trois parties, présent, passé puis à nouveau présent. On y comprend donc le rôle clé de la maison mais également ce qu'il s'est passé avec leurs parents.
Agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          110
C'est un bien joli roman que le premier roman traduit en français de cette romancière britannique ; C'est pourtant son sixième ouvrage.
Au coeur de la campagne britannique se retrouvent trois soeurs et leur frère;ils retrouvent la maison de leurs grands-parents , là où ils ont passé tant de vacances.
Mais ils vont devoir s'en défaire , chacun a sa vie et les ravages du temps se manifestent de plus en plus sur cette vieille maison . Une décision doit être prise.
Ils sont venus en principe pour 3 semaines.
Jusque là on se dit que l'histoire va ronronner, petites jalousies, rancoeurs , tout cela va remonter à la surface, c'est du déjà lu.
Sauf que , le frère, Roland , débarque avec une « étrangère » au groupe, Pilar , sa troisième et argentine épouse jusque là inconnue de ses soeurs , ainsi que de sa fille Molly, née d'un précédent mariage et que Alice, elle , débarque avec un beau jeune homme Kasim , fils de son ancien amant pakistanais.
Fran, la seconde soeur vient seule avec ses deux enfants, son mariage bat de l'aile. Et Harriet, l'ainée est restée célibataire et militante.
Ce qui aurait pu n'être qu'une réunion familiale ordinaire va être mis à mal par la présence de ces deux étrangers Pilar et Kasim, (qui, entre nous ont aussi leur lot de névroses), et s'achèvera prématurément.
Le roman est composé de 3 parties, le présent, le passé , l'évocation des grands parents alors qu'ils étaient encore vivants et que leur fille ,mère du quatuor d'aujourd'hui était venue se réfugier chez eux lors d'une crise conjugale, et retour au présent .
L'écriture est efficace, parfois à la limite de la violence, mais c'est la discrétion, ne jamais insister ,qui donne tout son pouvoir d'évocation à ce texte ; La campagne anglaise est racontée avec une incroyable beauté.
Mais, Tess Hadleym'a fait penser bien sur à J Austen , à E. Bowen ,à Yan Mc Ewan, même à E.Brontë .
Peut-être qu'un second roman traduit me ferait mieux connaître T.Hadley et à son style vraiment personnel , bien que ce mélange soit parfait.
Commenter  J’apprécie          90
Comme cecile70 ou jeanfrancoislemoine, je suis tombé sur ce livre un peu par hasard. Disons que je n'étais pas prédisposé à croiser la route de cette auteure anglaise. le hasard a donc bien fait les choses en me faisant découvrir l'univers tout en finesse de Lady Hadley. Et comme j'adore l'Angleterre ...
Je ne pouvais que succomber à cette fratrie (3 soeurs et 1 frère) qui se retrouve dans leur maison de famille de Brigton afin d'y passer « peut-être » leurs dernières vacances. Vont-ils garder cette maison ? En ont-ils les moyens ? L'envie ? Mais la question principale n'est pas là. Ou pas vraiment.
La vie cabosse, change les gens. Harriet, Fran, Alice et Roland ont connu des fortunes diverses. Sentimentalement, professionnellement, personnellement... Que désirent-ils aujourd'hui ? Conserver cette vieille bâtisse campagnarde de Brigton ? Engager les lourds travaux nécessaires à sa survie ou passer à autre chose et continuer à s'éloigner petit à petit les uns des autres ?
Tessa Hadley nous offre une peinture savoureuse de la middle-class anglaise. le ton est juste, précis. Un délicieux moment.
Commenter  J’apprécie          60
Beaucoup rêvent d'avoir une maison de vacances où toute la famille peut se retrouver. C'est le cas d'Alice, Harriet, Fran et leur frère Roland.

Ils ont hérité de la maison de leurs grands-parents dans un petit coin isolé de la campagne anglaise. Ils sont attachés à cet endroit où ils ont des souvenirs d'enfance et reviennent régulièrement y passer leurs vacances avec conjoints et enfants.

Cette année, toutefois les trois semaines prévues risquent d'être un peu différentes : il leur faut prendre une décision : vont-ils la vendre ou la garder alors que les frais d'entretien et de réparation sont élevés ?

Et puis Roland, qui vient de se remarier, va enfin présenter à ses trois soeurs, sa nouvelle épouse Pilar, Argentine, et avocate à Londres. Cette dernière n'a pas du tout le même style de vie, ni même vestimentaire que ses belles-soeurs qui la perçoivent un peu comme une intruse dans leur vieille maison remplie de souvenirs.

Car c'est surtout de celà qu'il s'agit dans « le passé » : les souvenirs de leur fratrie, du couple formé par leurs parents, des règles de vie du grand-père qui était pasteur anglican, de la douceur de leur grand-mère, des moments passés à lire et ceux à parcourir la campagne avoisinante.

Le lecteur ne peut que constater qu'inexorablement les liens entre eux se sont distendus une fois devenus adultes et qu'ils ignorent réellement les hauts et les bas des routes empruntées par chacun d'entre eux. D'où un grand sentiment de solitude même si la maison est remplie.

Il faudra qu'un « drame psychologique » survienne pour rapprocher à nouveau les trois femmes, ressouder leurs liens et comprendre que rien ne dure jamais et que pour avancer, il faut savoir se délivrer du poids du passé.

Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman : pas d'action folle, pas d'intrigue mais de beaux portraits d'adultes remplis de questions et de doutes séjournant dans ce cottage peuplé d'objets, de livres, de lettres les ramenant à leur enfance.

La lecture en est douce et tranquille…un peu comme la bruime tombant sur la campagne anglaise.

Commenter  J’apprécie          50
Un récit familial en trois parties où s' entremêlent le passé et le présent.
Le charme de la campagne anglaise, la maison des souvenirs, les vacances en famille, l' imaginaire de l' enfance, les désirs inavoués, l' amour, tous ces ingrédients sont réunis pour faire de ce roman , un vrai plaisir de lecture. À consommer sans modération, même si, parfois, la traduction est maladroite.
Commenter  J’apprécie          30
L'été s'installe à Kington, en Angleterre, accompagné de son cortège de vacances en famille ou de villégiatures dans les maisons familiales.
Trois soeurs et un frère viennent passer trois semaines en famille dans la demeure de leurs grands-parents. Une décision, quant à la conservation ou la vente de la maison, devra être prise au cours du séjour.
Les lignes pourraient rester immuables entre les frère et soeurs mais ce serait sans compter la venue de Pilar la nouvelle épouse de Roland, ce dernier souhaitant profiter des retrouvailles pour la présenter à ses soeurs Harriet, Alice et Fran.
Le présent, au sein de la maison familiale, est empreint du passé sans qu'on ne puisse rien y faire. Chaque objet renvoie à un souvenir, à un événement, à des scènes d'enfance.
La maison vieillotte, mal entretenue et mal équipée conserve le charme désuet des presbytères anglais, malgré tous ses défauts on ne peut s'empêcher de s'y attacher et d'espérer qu'elle ne sera pas vendue. C'est qu'elle est un personnage à part entière avec ses escaliers qui craquent, ses chambres qui communiquent entre elles, ses rideaux anciens, ses meubles rustiques, ses tiroirs à secrets, son jardin très anglais, loin de tout et ses fuites dans la toiture.

Construit en trois temps : le présent, le passé, le présent, le roman plonge d'emblée le lecteur au coeur d'un mode de vie, bourgeois cultivé, réglé comme du papier à musique, qui s'étiole lentement vers sa fin.
La joie des retrouvailles passée, les lézardes deviennent rapidement visibles, comme le sont celles des murs de la maison qui exigerait une rénovation et donc un investissement financier que ne semblent pas prêts à faire les membres de la fratrie.
Les jours s'écoulent dans la chaleur estivale : les enfants de Fran, Ivy et Arthur, jouent comme tous les enfants à des jeux d'exploration et de construction qui les mèneront à visiter un cottage abandonné où ils trouveront de quoi agrémenter leur imaginaire. Ils agacent, ils s'immiscent là où il ne le faudrait pas, observent ou ajoutent à la pesanteur de la promiscuité familiale.
Le fragile équilibre se rompt lorsque Alice découvre en fouillant les tiroirs du bureau de leur grand-mère, une liasse de lettres. Dans cette liasse se trouve une lettre écrite par Roland à leur mère hospitalisée en raison d'un cancer qui la ronge. Roland refuse qu'Alice la lise à haute voix, s'en empare de mauvaise humeur. Bien qu'il ait grandi entouré de femmes, sa pudeur d'intellectuel refuse que ses sentiments d'adolescent soient ainsi exhumés.
Sous les yeux du lecteur défilent les caractères des soeurs et frère : Harriet, l'éternelle torturée oublieuse d'elle-même au point qu'elle passe à côté de sa vie, Fran, la jeune mère pragmatique, légèrement différente des autres, Alice un brin farfelue au point d'en paraître excentrique et Roland le philosophe dont les chroniques paraissent dans les journaux. Autant de différences formant la richesse d'une famille.

La seconde partie du roman, intitulée « le passé », éclaire ce qui anime les personnages de l'histoire. Elle donne les clefs pour comprendre la sensation d'attente exprimée par Alice dans ses rêves et ses moments d'introspection, et le décalage de Fran. L'auteure invite le lecteur dans l'Angleterre de 1968, lors des événements français, et lui permet d'accompagner les regards de Sophy, la grand-mère et de Jill la mère de la fratrie, sur la condition de la femme et ses aspirations légitimes. Tessa Hadley esquisse, joliment, à coup d'humour et de poésie, le portrait d'une époque.

La troisième et dernière partie précipite le dénouement, peut-être un peu trop vite, j'aurais aimé un plus long développement de l'action et des ressentis chez les personnages. Cependant le plaisir de les suivre est toujours présent d'autant que nous savons quelque chose qu'ils ignorent et c'est tellement agréable d'égoïsme.
La scène au cours de laquelle Fran coupe les cheveux longs et bouclés de son fils Arthur est la métaphore du cordon ombilical coupé libérant les frère et soeurs de la maison de famille. Arthur quitte son statut de bébé pour entrer dans le monde des petits garçons comme Fran et les autres quittent irrémédiablement leur jeunesse quand un agent immobilier vient expertiser la vieille bâtisse pleine de charmes.

« […] ils lisaient tous les deux le soir, souvent pendant des heures. Ce n'était pas la lecture anodine dont leurs voisins de classe moyenne parlaient, celle qui vous aidait à franchir , dans un glissement, le seuil du sommeil, l'équivalent d'un somnifère, le marque-page progressant par modestes avancées. Sophy et Grantham dévoraient leurs livres : lire était une liberté arrachée à la trame réglée du quotidien. Sans même en avoir jamais discuté, chacun savait que l'autre approuvait l'habitude de retourner leur réveil-matin réglé sur sept heures, de sorte qu'ils n'avaient aucune idée du teps qui passait tandis qu'assis, ils tournaient les pages, aucune idée non plus de leur imprudence ou de la façon dont lils le paieraient le jour suivant. Evidemment leurs lectures étaient bien différentes : les romans de Sophy empruntés à la bibliothèque, les livres sérieux de Grantham. Naturellement, Sophy éteignait la première, elle posait son livre ouvert, pages contre le sol – cassant sa tranche, se plaignait-il – et renonçait à son engagement dans l'altérité de la lecture avec un soupir presque sensuel." (p 267 et 268)

Une lecture agréable au cours de laquelle on s'attache aux personnages: on aime suivre leurs moments d'introspection, leurs disputes, leurs décalages. On apprécie les personnages à part entière que sont la maison familiale et le cottage abandonné. le tout baigné dans la lumière indicible d'un été anglais.
Lien : https://chatperlipopette.blo..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (209) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
434 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}